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Covid-19 : 60 % des vétérinaires libéraux en France se disent peu ou pas du tout stressés

Le profil de l'échantillon enquêté comportait une majorité de vétérinaires canins (57 %) et des praticiens répartis sur toute la France.

© David Quint

Maud LAFON

Enquête

Malgré la réduction du temps de travail hebdomadaire de 30 % et la perte de près d'un quart de chiffre d'affaires en mars, les vétérinaires libéraux en France apparaissent relativement sereins face à la crise du Covid-19, comme en témoignent les résultats d'une enquête Imago Research, conduite par téléphone du 8 au 11 avril 2020, auprès d'un échantillon national représentatif de 215 vétérinaires libéraux. Le recul du chiffre d'affaires attendu pour le mois d'avril est pourtant encore plus élevé (près de 45 %). Le SNVEL* est l'acteur institutionnel qui apparaît avoir le mieux géré la crise aux yeux des vétérinaires sondés.

Une majorité de vétérinaires libéraux en France (60 %) se déclarent assez peu (42 %) ou pas du tout (18 %) stressés par la situation actuelle de crise du Covid-19 tandis que 35 % se disent assez stressés et 5 % très stressés.

Ces résultats émanent d'une enquête réalisée par l'institut Imago Research (site Internet : www.imagoresearch.com) auprès d'un échantillon national représentatif de 215 praticiens libéraux, sondés par téléphone, du 8 au 11 avril 2020, et qui visait à évaluer leur ressenti face à la crise sanitaire actuelle.

Le profil de l'échantillon enquêté comportait une majorité de vétérinaires canins (57 %) et des praticiens répartis sur toute la France.

Femmes plus stressées

Face à cette crise sanitaire, « l'analyse révèle un niveau de stress plus élevé chez les vétérinaires femmes (55 % d'entre elles se déclarent très ou assez stressées, contre seulement 31 % des hommes) et chez les jeunes praticiens (56 % des moins de 40 ans se déclarent très ou assez stressés vs 42 % des 40-49 ans, 38 % des 50-59 ans et 24 % des 60 ans et plus) ».

Plus d'une structure sur deux (55 %) a modifié ses horaires d'ouverture depuis la crise sanitaire.

Les vétérinaires de moins de 60 ans sont plus nombreux (58 %) que leurs aînés (38 %) à l'avoir fait. « Aucun des autres éléments de profil étudiés (orientation, sexe, implantation, nombre de vétérinaires au sein de la structure, présence d'ASV) n'apparaît discriminant », précise Imago.

Dans 84 % des cas, la modification des horaires consiste en une réduction de l'amplitude d'ouverture (horaires raccourcis).

Horaires décalés

9 % des répondants indiquent avoir simplement décalé leurs horaires (par exemple, 8-18 heures devient 9-19 heures), 1 % les avoir étendus et 6 % ne plus avoir d'horaires fixes (ouvrent seulement en fonction des rendez-vous).

En moyenne, les vétérinaires libéraux estiment avoir réduit de près de 30 % leur temps de travail hebdomadaire (TTH) par rapport à l'avant crise.

La variation moyenne du TTH apparaît plus élevée chez les vétérinaires femmes (qui ont réduit en moyenne de 35 % leur TTH versus - 26 % chez les hommes), chez les praticiens installés en individuel ou dans de petites structures (- 33 % vs - 15 % chez ceux installés dans des structures où exercent plus de trois vétérinaires) et chez ceux qui exercent sans ASV (- 45 % vs - 23 % chez ceux qui exercent dans une structure avec ASV).

L'orientation de l'activité n'apparaît pas comme un élément, souligne l'organisme de sondage.

Recul du CA majoré chez les canins

Concernant le chiffre d'affaires (CA), les vétérinaires libéraux interrogés l'estiment en recul de près de 25 % en moyenne en mars 2020 par rapport à celui de mars 2019.

Le recul du CA de mars 2020 apparaît plus important chez les vétérinaires femmes (qui estiment en moyenne un recul de 27 % vs
- 21 % chez les hommes) et chez les praticiens qui exercent sans ASV (- 28 % vs - 22 % chez ceux qui exercent dans une structure avec ASV). L'orientation de l'activité n'apparaît là encore pas comme un élément discriminant.

La baisse du CA est envisagée encore plus importante en avril puisqu'en moyenne les vétérinaires libéraux projettent un chiffre d'affaires pour avril 2020 en recul de près de 45 % par rapport à celui d'avril 2019.

Le recul projeté pour le CA avril 2020 apparaît plus important chez les canins exclusifs (qui projettent un recul de 48 % vs - 37 % pour les autres orientations), les vétérinaires femmes (- 49 % vs - 40 % chez les hommes), chez les praticiens qui exercent en individuel ou dans de petites structures (- 46 % vs - 32 % dans les structures où exercent plus de 3 vétérinaires), chez ceux qui exercent sans ASV (- 52 % vs - 40 % avec ASV), en Ile-de-France (- 52 % vs - 40 % en province), dans les agglomérations moyennes à importantes (- 47 % vs - 37 % dans les agglomérations de plus de 5 000 habitants) et chez les praticiens âgés de 40 à 59 ans (- 47 % vs - 38 % chez les moins de 40 ans et les 60 ans et plus).

52 % des vétérinaires ont eu recours au chômage partiel

Concernant le dispositif de chômage partiel, plus d'1 structure vétérinaire sur 2 (52 %) y a eu recours pour au moins un de ses employés.

L'analyse détaillée montre que les mesures de chômage partiel sont plus fréquentes dans les grosses structures (71 % de celles où exercent plus de 3 vétérinaires ont mis 1 ou plusieurs employés au chômage partiel vs 57 % de celles où exercent 2 ou 3 vétérinaires et 37 % des structures mono-praticien), dans celles qui emploient 1 ou plusieurs ASV (68 % vs 10 % des structures sans ASV) et en province (où 54 % des structures ont mis 1 ou plusieurs employés en chômage partiel vs 33 % en Ile-de-France).

Près de 8 vétérinaires sur 10 déclarent être sollicités par des clients quant aux possibles transmissions Homme-animal du Covid-19 : 18 % déclarent être souvent sollicités à ce propos, 3 %, très souvent, 57 % assez rarement et 22 % jamais.

>> LIRE AUSSI : 46 % des vétérinaires libéraux favorables aux téléconsultations vétérinaires (cliquer sur le lien)

La part de vétérinaires qui se déclarent souvent sollicités est significativement majorée en Ile-de-France (où 54 % des répondants se déclarent souvent sollicités vs seulement 17 % en province), dans les agglomérations de plus de 20 000 habitants (35 % vs 14 % dans les agglomérations de moindre importance) et chez les canins exclusifs (28 % vs 11 % pour les autres orientations).

Répartition des points de vue plus ou moins homogène

Parmi les acteurs institutionnels testés, le SNVEL* apparaît aux yeux des vétérinaires comme celui qui a le mieux géré la crise du Covid-19 jusqu'à présent, devant l'Ordre.

Le profil des vétérinaires influence leur avis sur les différents acteurs institutionnels.

Ainsi, si, pour le SNVEL et l'Ordre, la répartition des points de vue est relativement homogène, quel que soit les éléments de profil étudiés (sexe, âge, orientation, etc.), les ruraux perçoivent plus positivement (indice de 6,5 sur 10) que les canins exclusifs et les mixtes à dominante canine (MDC) (5,7) l'action du ministère de l'Agriculture.

L'action du ministère de l'Économie est mieux perçue par les vétérinaires hommes (6,2 vs 5,2 chez les femmes), par les ruraux (6,4 vs 5,7 chez les canins exclusifs et les MDC), par les 60 ans et plus (6,5 vs 5,6 chez leurs cadets) et par les praticiens installés dans des structures importantes (6,4 vs 5,4 chez ceux installés en individuel)

Enfin, l'action du ministère de la Santé est mieux perçue par les ruraux (6,6 vs 5,0 chez les canins exclusifs et les MDC) et par les praticiens exerçant dans des structures importantes (6,2 vs 5,2 dans les structures rassemblant au plus 3 vétérinaires).

Différents niveaux d'utilité perçue

Concernant leurs sources d'information sur la crise du Covid-19, les vétérinaires perçoivent le SNVEL et l'Ordre comme les plus utiles en cette période de crise. Ils sont suivis de La Dépêche Vétérinaire (figure n° 6). Cette dernière se place ainsi en tête des hebdomadaires d'information vétérinaires.

Là encore, la perception des vétérinaires sur ces différentes sources diffère en fonction de leur profil.

Concernant le SNVEL (indice global de 7,4 sur 10), la répartition des points de vue est relativement homogène, quel que soit les éléments de profil étudiés (sexe, âge, orientation, etc.)

Le niveau d'utilité perçue de l'Ordre (7,3) est majoré chez les femmes (7,8 vs 6,9 chez les hommes).

Le niveau d'utilité perçue de La Dépêche Vétérinaire (6,3) est majoré chez les 60 ans et plus (7,1 vs 6,2 chez leurs cadets) et en Ile-de-France (7,3 vs 6,2 en province).

Le niveau d'utilité perçue de La Semaine Vétérinaire (5,5) est majoré chez les 60 ans et plus (6,5 vs 5,3 chez leurs cadets).

Le niveau d'utilité perçue de la SNGTV** (4,8) est majoré chez les ruraux et les MDC (5,5 vs 4,2 chez les canins exclusifs), en province (4,9 vs 3,3 en Ile-de-France), dans les agglomérations jusqu'à 20 000 habitants (5  vs 4,2 dans les agglomérations plus importantes) et chez les vétérinaires installés en groupe (5,2 vs 3,9 en cas d'exercice individuel).

Le niveau d'utilité perçue de l'Afvac*** (3,9) est majoré chez les vétérinaires installés en groupe (4,3 vs 3,3 en cas d'exercice individuel).

46 % sont favorable aux téléconsultations

Le niveau d'utilité perçue de L'Essentiel (3,8) est majoré chez les 60 ans et plus (4,7 vs 3,6 chez leurs cadets).

Le niveau d'utilité perçue de l'Avef**** (3,5) est majoré chez les ruraux (4,4 vs 3,2 chez les canins exclusifs et les MDC).

* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

** SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

*** Afvac : Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie.

**** Avef : Association vétérinaire équine française.

Figure n° 1 : Profil des vétérinaires enquêtés
Figure n° 1 : Profil des vétérinaires enquêtés
Figure n° 2 : Evolution du nombre moyen d'heures travaillées par semaine
Figure n° 2 : Evolution du nombre moyen d'heures travaillées par semaine
Figure n° 3 : Evolution du chiffre d'affaires de mars 2020 par rapport à mars 2019
Figure n° 3 : Evolution du chiffre d'affaires de mars 2020 par rapport à mars 2019
Figure n° 4 : Recul projeté du chiffre d'affaires d'avril 2020
Figure n° 4 : Recul projeté du chiffre d'affaires d'avril 2020
Figure n° 5 : Perception de la façon dont cinq institutions et organisations professionnelles ont géré la crise
Figure n° 5 : Perception de la façon dont cinq institutions et organisations professionnelles ont géré la crise
Figure n° 6 : Opinion des vétérinaires libéraux sur huit sources d'information
Figure n° 6 : Opinion des vétérinaires libéraux sur huit sources d'information

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1526

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