Lutte contre la douleur : CAPdouleur poursuit son développement et met à contribution les propriétaires

L'application CAPdouleur, à la disposition des adhérents, propose depuis octobre un calculateur de CRI (pour Constant Infusion Rate).

© D.R.

Michel JEANNEY

Exercice

Le réseau de lutte contre la douleur animale CAPdouleur, qui fêtera ses 10 ans en 2026, poursuit son développement et compte aujourd'hui quelque 780 structures adhérentes. Parmi les nouveautés qui verront le jour en 2026, figurent l'organisation de nouveaux EPU (orthopédie, gériatrie). Dans le cadre du suivi des affections chroniques, l'application CAPdouleur s'enrichit de nouvelles fonctionnalités à destination des propriétaires pour renforcer l'alliance thérapeutique et améliorer l'observance.

Créé le 16 mai 2016 par ses trois cofondateurs, nos confrères Thierry Poitte, Luca Zilberstein et Charly Pignon, le réseau collaboratif de lutte contre la douleur animale CAPdouleur (CAP étant l'acronyme de Change Animal Pain) compte aujourd'hui 780 structures vétérinaires, dont une quarantaine en Belgique, quelques-unes en Suisse, au Luxembourg et au Québec.

Le réseau réaffirme sa volonté de s'implanter en Italie, pays de naissance d'un des trois fondateurs (Luca Zilberstein).

« Nous rassemblons quelque 2 400 vétérinaires » se félicite Thierry Poitte, qui souligne la variété des profils, conformément à la vocation du réseau, ouvert à tous : généralistes, spécialistes, salariés, libéraux, membres de CHV, de corporate ou indépendants... Le cofondateur estime cependant que le réseau a atteint désormais son étiage le plus élevé.

Trois identités

« CAPdouleur recouvre trois identités : le réseau, l'organisme de formations et l'activité de consulting », rappelle Thierry Poitte, qui souligne que « la douleur, matière éminemment interdisciplinaire, est la spécialité du généraliste ».

Support du réseau, la plate-forme www.capdouleur.fr est en constante évolution et son offre en contenus pédagogiques et en formations ne cesse de s'étoffer.

« Notre site fournit désormais beaucoup d'informations aux adhérents, de la veille scientifique à l'aide à la décision ainsi que des outils d'évaluation de la douleur en usage illimité », souligne Thierry Poitte.

Nouveauté : l'application CAPdouleur s'adresse aussi au propriétaire, le mieux placé pour effectuer le suivi quotidien de son animal dans le cadre de la prise en charge d'affections chroniques. Proposée par le vétérinaire traitant, cette application est gratuite et permet le suivi personnalisé des douleurs chroniques avec le CSOM (pour Client Specific Outcome Measures), avec à la clé notamment des outils pratiques en lien avec l'observance.

Cette même application, à la disposition des adhérents, propose depuis octobre un calculateur de CRI (pour Constant Infusion Rate) en vue de faciliter l'utilisation des antalgiques et des anesthésiques : calcul des posologies en fonction des associations de molécules, du poids de l'animal, de la situation (hospitalisation, péri-opératoire, urgence...).

Vingt-six partenaires

Le réseau travaille désormais avec 26 partenaires, issus de nombreux secteurs : laboratoires mais aussi distributeurs de matériel, d'aliments, sociétés d'assurances, sociétés impliquées dans le digital. « Dans le cadre de cette diversité d'accompagnement, nous mettons toujours en avant notre indépendance scientifique », précise Thierry Poitte.

Dans le domaine de la formation, CAPdouleur rappelle qu'il est certifié Qualiopi, un gage de qualité. Il propose désormais quelque 80 jours ou soirées de formation par an, rencontrant une forte notoriété attestée par le taux de remplissage.

CAPdouleur propose par ailleurs des EPU en analgésie (désormais scindée en niveaux 1 et 2), en anesthésie (deux niveaux également) et en physiothérapie (deux niveaux). Tous ces EPU sont désormais précédés par des e-learnings portant sur la partie théorique, afin de dégager plus de temps lors des EPU pour l'échange et l'interactivité.

Un EPU Anesthésie loco-régionale, organisé à Naples (université Federico 2) par Luca Zilberstein, a également vu le jour et a rencontré un grand succès. « Nous en sommes à la deuxième promotion (de 16 vétérinaires environ) pour cette formation haut de gamme avec réalisation de travaux pratiques », se félicite Thierry Poitte.

À cela, s'ajoute un EPU Douleur et médecine des Nac ainsi que, pour 2026, deux autres EPU avec la participation de spécialistes diplômés du collège européen : Orthopédie et douleurs ostéoarticulaires (avec Philippe Haudiquet, VetRef Anicura) et Gériatrie et douleurs (avec Morgane Mantelli, Advetia Anicura).

Masterclass avec certification à la clé

Des masterclasses CAPdouleur sont par ailleurs désormais proposées depuis 2024, ajoute Thierry Poitte. Ces masterclasses nécessitent un prérequis de formation et consistent en des consultations avec une méthodologie précise (raisonnement clinique) et l'utilisation d'outils d'évaluation (CSOM, Fardeau du propriétaire-aidant).

Elles correspondent à une formation s'étalant sur 8 mois en distanciel puis à une journée en présentiel à Paris (soit 21 heures de cours). Cette formation, fonctionnant par promotion de 10-12 vétérinaires, débouche sur une certification Consultation CAPdouleur.

CAPdouleur dispose également d'une offre de formation pour le personnel auxiliaire : un bloc Analgésie et un bloc Anesthésie sont proposés sur deux jours.

Très attaché à la transversalité notamment avec la médecine humaine selon le concept One Pain-One Health, CAPdouleur continue de développer des collaborations, comme sur les anticorps monoclonaux anti-NGF, interdits en humaine, avec l'hôpital Saint-Antoine à Paris, l'Institut Analgesia et la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD).

Le 25e congrès de cette dernière (à Lyon, fin novembre prochain) comportera d'ailleurs des interventions dédiées à la médecine vétérinaire (animal douloureux connecté, consultation de la douleur, anticorps monoclonaux).

Accompagnement des innovations

Troisième identité de CAPdouleur, l'activité de consulting consiste en l'accompagnement de l'innovation dans les domaines en particulier de la pharmacologie, des biothérapies et du digital.

C'est ainsi que CAPdouleur a apporté son expertise à la sortie du tramadol, de la méthadone, de la mirtazapine et de la médétomidine-vatinoxan en médecine vétérinaire, travaille sur les anticorps monoclonaux (CAPdouleur dispose d'une base de données unique dans ce domaine portant sur près de 2 000 injections), ou encore sur les cellules souches. La physiothérapie, l'utilisation du laser... sont d'autres domaines dans lesquels il intervient.

En matière de santé connectée, CAPdouleur suit également de près les objets connectés qui permettraient un croisement avec ses propres outils digitaux d'évaluation de la douleur, avec la définition de paramètres pertinents comme l'actimétrie.

Les comptes rendus automatisés des consultations CAPdouleur par l'intelligence artificielle sont désormais disponibles.

Enfin, CAPdouleur accompagne le développement de la recherche sur le CBD en médecine vétérinaire « sans céder ni à l'emballement médiatique ni au niveau requis d'exigence scientifique et de prescription par les praticiens ».

Gros Plan : CAPobservance : lancement d'un vaste chantier sur l'observance

À travers le projet CAPobservance, CAPdouleur et Tirsev (représentée par notre confrère Pierre Mathevet) s'associent pour lancer un chantier de réflexion sur les freins à l'observance.

« Cette initiative part d'un constat : l'explosion des maladies chroniques en raison d'animaux de plus en plus âgés », souligne notre confrère Thierry Poitte, cofondateur de CAPdouleur.

Le vétérinaire est donc amené à proposer de plus en plus de la médecine préventive, qui s'accompagne parfois d'une fatigue de l'équipe vétérinaire et d'un fardeau pour le propriétaire aidant.

L'objectif consiste notamment à identifier les causes du manque d'observance - animal rétif, prescription pléthorique, galéniques inadaptées, propriétaire non impliqué... - et à y remédier.

Quatre entrées sont identifiées pour aborder la problématique : l'animal douloureux, l'équipe vétérinaire, le propriétaire aidant et les laboratoires pharmaceutiques.

Une première enquête destinée aux propriétaires

Dans cette démarche, CAPdouleur et Tirsev bénéficient d'expertises complémentaires, sur la qualité de vie animale et le bien-être des équipes vétérinaires dans leur lieu de travail.

Les solutions passeront probablement par l'éducation et la formation, le développement de l'autonomie du propriétaire, la formation à la gestion des émotions des équipes...

Ce chantier a vocation à s'échelonner sur trois ans à compter de 2026.

Dans ce cadre, les deux partenaires viennent de lancer une double enquête quantitative et qualitative pour mieux comprendre le vécu des propriétaires confrontés au fardeau des maladies chroniques.

L'enquête quantitative est en ligne, à leur intention, ici ou via le QR code ci-dessous. Les réponses, confidentielles et anonymes, aideront les deux acteurs à développer « des outils plus clairs, plus simples et plus proches de leurs besoins ».

Les vétérinaires sont invités à relayer cette enquête auprès de leur clientèle. M.J.

Gros Plan : Une journée sur la douleur pour les dix ans de CAPdouleur en 2026

À l'occasion des dix ans de CAPdouleur en 2026, notre confrère Luca Zilberstein, en charge des aspects scientifiques du réseau, annonce la tenue d'une journée Douleur le 23 octobre 2026, à La Rochelle.

Cette journée sera dédiée à la qualité de vie au sens large de l'animal (pas seulement chiens et chats) mais aussi de l'humain avec comme mot d'ordre la transversalité. Elle aura également une consonance politique en ce qu'elle abordera également l'apport du modèle animal en médecine humaine.

Notre confrère insiste par ailleurs sur l'importance de la collecte d'observations cliniques de terrain, avec la participation du propriétaire. De ce point de vue, il informe du lancement, en Italie dans un premier temps, d'une étude à vocation internationale basée sur le recueil de données de terrain sur le bien-être animal, associant les propriétaires. Elle démarrera en 2026. M.J.

>> LIRE AUSSI : Douleur des animaux de rente : un partenariat SNGTV-CAPdouleur

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1771

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