Les vétérinaires s'impliquent dans le plan de lutte du gouvernement contre l'abandon des animaux de compagnie

Pour le président du SNVEL, Laurent Perrin, certains abandons d'animaux de compagnie et renoncements aux soins sont liés aux difficultés financières de leurs propriétaires, d'où l'intérêt de l'association de médecine solidaire Vétérinaire pour tous.

© D.R.

Corinne DESCOURS-RENVIER

Protection animale

En décembre dernier, un plan d'action du gouvernement, destiné à lutter contre l'abandon des animaux de compagnie, a été présenté par le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie. Ce plan, qui repose sur trois grands axes,« sensibiliser, organiser/accompagner et sanctionner », a été élaboré en collaboration avec les associations de protection animale et la profession vétérinaire. Le concept Vétérinaires pour tous est relancé.

Le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a présenté, le 21 décembre, en visioconférence, le plan d'action du gouvernement destiné à lutter contre l'abandon des animaux de compagnie. Nos confrères Jean-François Rousselot, président de l'Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) , Jacques Guérin, président du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires, Laurent Perrin, président du Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL), et Loïc Dombreval, député LREM, ont participé à cette présentation à ses côtés.

Un signe positif de l'association de la profession vétérinaire au nouveau dispositif.

Au moins 100 000 abandons par an

Au moins 100 000 animaux de compagnie, surtout des chiens et des chats, sont abandonnés chaque année en France. « Notre pays détient le triste record du nombre d'abandons d'animaux de compagnie », constate Julien Denormandie. « Nous devons donc agir avec détermination. » Aussi, le ministre annonce-t-il la mise en place d'un ambitieux plan d'action contre les abandons, qui comportera trois grands axes : « sensibiliser, organiser/accompagner et sanctionner ».

Plus de 20 millions d'euros vont être consacrés à ce projet :

- 14 millions d'euros en faveur des associations et des refuges qui jouent un rôle clé dans la protection des animaux ;

- 2 millions pour financer la création d'un observatoire national de la protection animale ;

- et enfin 4 millions d'euros pour développer la médecine vétérinaire solidaire et venir en aide aux propriétaires d'animaux les plus défavorisés.

Renforcer les sanctions contre les abandons

Le gouvernement souhaite en particulier renforcer les sanctions en cas d'abandon d'animaux sur la voie publique. Dans la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale qui sera débattue le 26 janvier prochain à l'Assemblée nationale, il est notamment envisagé qu'un tel acte soit passible de trois ans d'emprisonnement (lire ici).

Les défauts d'identification des chats devraient également être sanctionnés. Un décret en ce sens a été publié le 20 décembre, prévoyant une contravention de 4e classe (soit 135 euros) en cas de méconnaissance de l'obligation d'identification (lire ici).

« En effet, l'identification des chiens et des chats constitue un préalable à la mise en place de toute politique publique relative à l'abandon », explique Julien Denormandie. Or, même si l'identification est aujourd'hui obligatoire dans ces deux espèces, seulement 25 % des chats seraient identifiés, contre environ 75 % des chiens...

Favoriser les adoptions responsables d'animaux de compagnie

Depuis le développement des plate-formes de vente en ligne, il n'a jamais été aussi simple d'adopter un chiot ou un chaton. Mais de nombreux abandons suivent des achats impulsifs, effectués par des maîtres inexpérimentés qui ne réalisent pas toujours ce qu'implique la possession d'un animal de compagnie...

« Les animaux sont des êtres sensibles », insiste Antoine Jouteau, directeur général du groupe Leboncoin. « Une annonce pour la vente ou le don d'un animal ne peut donc pas être traitée comme une annonce pour la vente d'un objet de consommation ! »

Aussi les responsables de la plate-forme Leboncoin ont-ils souhaité travailler avec les organisations professionnelles vétérinaires concernées à la rédaction d'une charte d'engagements en faveur de la protection et du bien-être des animaux de compagnie faisant l'objet d'une transaction sur leur site.

« Notre but est d'accompagner la démarche d'adoption en responsabilisant les vendeurs et les donateurs, mais aussi les futurs propriétaires », explique notre confrère Jacques Guérin qui a participé à l'élaboration de la chartre.

Vétérinaires pour tous en faveur de la médecine vétérinaire solidaire

« C'est un point de départ », précise Antoine Jouteau qui compte bien poursuivre sa collaboration avec les organisations professionnelles vétérinaires.

« D'autres abandons d'animaux de compagnie et des renoncements aux soins sont liés aux difficultés financières de leurs propriétaires », explique notre confrère Laurent Perrin. « C'est cette constatation qui a abouti à la création de l'association Vétérinaires pour tous, qui permettra aux personnes démunies de bénéficier de soins vétérinaires pour leurs animaux de compagnie. »

La constitution de ce réseau de médecine vétérinaire solidaire, en coopération avec les services sociaux, les collectivités territoriales, les écoles nationales vétérinaires et les associations de protection animale, devrait fédérer les initiatives individuelles mises en place par la profession vétérinaire depuis une quinzaine d'années.

« Ce sont les services sociaux qui détermineront quels sont les propriétaires d'animaux pouvant bénéficier de soins de médecine vétérinaire solidaire », précise Laurent Perrin. Les personnes éligibles pourront alors contacter un vétérinaire membre de Vétérinaires pour tous, qui effectuera les soins nécessaires. « Une partie des frais restera cependant à la charge du propriétaire, afin de le responsabiliser quant à ses devoirs envers son animal », remarque notre confrère.

Un projet de loi qui est une première étape

Tous les praticiens qui le souhaitent peuvent adhérer à Vétérinaires pour tous. Les modalités d'adhésion seront communiquées prochainement.

Le député LREM Loïc Dombreval se réjouit des annonces de Julien Denormandie en faveur du bien-être animal. « C'est la première fois qu'un gouvernement va aussi loin dans ce domaine », remarque notre confrère, également président du groupe d'études Condition animale à l'Assemblée.

Pour Loïc Dombreval, la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale, qui sera débattue le 26 janvier prochain à l'Assemblée nationale, n'est toutefois qu'une première étape. « Il faut poursuivre nos efforts, en particulier dans le domaine de la vente en animalerie, pendant les foires ou sur Internet », précise notre confrère qui estime que de nombreux amendements au projet de loi sont à prévoir...

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1555

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