Influenza aviaire en Corse : le niveau de risque « élevé » est généralisé à l'ensemble du territoire métropolitain

Foyers et cas d'influenza aviaire hautement pathogène en Europe (période du 20 octobre 2020 au 15 novembre 2020)

Une dynamique d'infection s'est emballée en Europe et de nombreux cas ont été confirmés, notamment dans l'avifaune sauvage des pays européens situés dans le couloir de migration de la mer Baltique.

© Plateforme ESA

Michel JEANNEY

Prophylaxie

La découverte d'un foyer d'influenza aviaire hautement pathogène en Corse et la dynamique de l'infection en Europe conduisent les autorités à passer, à compter du 17 novembre, l'ensemble du territoire métropolitain au niveau de risque « élevé » vis-à-vis de la maladie. Depuis le 5 novembre, 46 départements étaient déjà concernés par ce niveau d'alerte.  

« Après plusieurs pays du Nord de l'Europe, la France a détecté un foyer d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de souche H5N8 en Haute-Corse », a alerté le ministère de l'Agriculture le 16 novembre. « Le cas a été identifié dans le rayon animalerie d'une jardinerie située à proximité de Bastia, suite à la constatation de mortalités anormales parmi les volailles détenues. Tous les oiseaux ont été euthanasiés », précisent les autorités.

Après concertation avec l'ensemble des services du ministère et le laboratoire national de référence, le ministre de l'Agriculture a décidé « de placer l'ensemble du territoire national métropolitain en niveau de risque « élevé » à compter du 17 novembre ». Un arrêté a été publié en ce sens au Journal officiel du 17 novembre.

Mesures d'application immédiate

Il implique l'application immédiate de mesures à l'ensemble des départements de l'Hexagone et de la Corse : claustration ou protection des élevages de volailles par un filet avec réduction des parcours extérieurs pour les animaux ; interdiction de rassemblements d'oiseaux (exemples : concours, foires ou expositions) ; interdiction de faire participer des oiseaux originaires de ces départements à des rassemblements organisés dans le reste du territoire ; interdiction des transports et lâchers de gibiers à plumes et interdiction d'utilisation d'appelants.

« Des mesures spécifiques de surveillance et de limitation des mouvements autour du foyer de Haute-Corse ont été mises en place immédiatement pour éviter toute propagation », précisent les autorités. « Des mesures conservatoires sont également prises chez les fournisseurs et acheteurs liés au foyer corse. »

Selon le ministère, « les premiers éléments d'analyse de la souche H5N8 isolée en Corse montrent une similitude avec l'une des souches qui circule actuellement aux Pays-Bas, laquelle n'a pas de caractère zoonotique (non transmissible à l'Homme) ». Des investigations sont en cours pour identifier l'origine de la contamination (faune sauvage ou volailles domestiques).

Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie appelle l'ensemble des acteurs professionnels ou non « à mettre en place sans délais des mesures de protection contre l'influenza aviaire ». « La consommation de viande, foie gras et oeufs - et plus généralement de tout produit alimentaire - ne présente aucun risque pour l'Homme », précise-t-il.

Premier cas aux Pays-Bas en octobre

Déjà, un précédent arrêté publié le 5 novembre avait fait passer le niveau de risque épizootique vis-à-vis de l'IAHP de « modéré » à « élevé » dans 46 départements* (lire ici).

Les autres départements étaient cependant restés au niveau « modéré », comme c'était le cas de l'ensemble du territoire métropolitain depuis le 26 octobre (lire DV n° 1546). Désormais, tous ces départements passent donc aussi au niveau « élevé ».

Outre la découverte de ce premier foyer en Corse, les autorités justifient cette mesure « par l'accélération de la dynamique d'infection en Europe ».

Les Pays-Bas ont déclaré, le 21 octobre dernier, un premier cas d'IAHP par un sérotype de virus de l'influenza proche de celui circulant en Russie dans la zone d'Utrecht sur deux cygnes tuberculés (Cygnus olor).

« Depuis, une dynamique d'infection s'est emballée et de nombreux cas ont été confirmés dans l'avifaune sauvage des pays européens situés dans le couloir de migration de la mer Baltique », soulignent-elles. Au 16 novembre, 148 cas ont été confirmés en l'Allemagne, 32 aux Pays-Bas, 8 au Danemark, 3 au Royaume Uni et 1 en Irlande.

Cette augmentation des cas a été accompagnée de la confirmation de plusieurs foyers dans des élevages dont l'origine la plus probable a été la contamination par l'avifaune sauvage. Ainsi, 4 élevages ont été confirmés positifs à l'IAHP en Allemagne, 3 au Pays Bas, 2 au Royaume Uni et 1 en Belgique.

Couloir migratoire

Compte tenu de cette situation épidémiologique, plusieurs États membres indemnes d'IAHP ont déjà mis en place des mesures de biosécurité renforcées, comme c'est le cas de la Suède et de l'Espagne.


« La confirmation du premier foyer d'IAHP H5 dans le territoire national et la présence du virus dans la faune sauvage non loin de la frontière française, dans un couloir migratoire qui traverse le territoire métropolitain, justifie l'élévation du niveau de risque et les mesures de prévention prévues par l'arrêté ministériel du 16 mars 2016 dans tout le territoire métropolitain », conclut le ministère de l'Agriculture.

* Les 46 départements qui étaient déjà concernés par le niveau de risque « élevé » depuis le 5 novembre sont : Ain, Ardèche, Aude, Bas-Rhin, Bouches-du-Rhône, Calvados, Charente-Maritime, Côte-d'Or, Côtes-d'Armor, Deux-Sèvres, Drôme, Eure, Finistère, Gard, Gers, Gironde, Haute-Marne, Haute-Saône, Haute-Savoie, Haut-Rhin, Hérault, Ille-et-Vilaine, Isère, Jura, Landes, Loire, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Manche, Marne, Mayenne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Morbihan,  Moselle, Nord, Pas-de-Calais, Pyrénées-Atlantiques, Pyrénées-Orientales, Rhône, Saône-et-Loire, Savoie, Seine-Maritime, Somme, Vaucluse, Vendée.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1549

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