Purina Urinaire Renal

« Il faut allonger la durée des stages »

Notre confrère Olivier Serre accueille des stagiaires intéressés par l'exercice mixte ou la rurale pure.

© D.R.

Formation

Vétérinaire mixte en Normandie, Olivier Serre fait partie des premiers inscrits sur la plate-forme StageVet. Il accueille régulièrement des stagiaires et s'applique à les faire repartir avec des connaissances pratiques. Pour que les stages soient pleinement profitables aux étudiants, il estime que leur durée devrait être allongée.

La Dépêche Vétérinaire : Vous vous êtes inscrits sur StageVet pour être maître de stage. Quand et pourquoi avoir effectué cette démarche ? Accueilliez-vous déjà des stagiaires avant ?

Olivier Serre, vétérinaire mixte à Bacqueville-en-Caux (76) : J'accueille des stagiaires depuis que je suis installé et je me suis inscrit sur la plate-forme StageVet dès qu'elle a été opérationnelle, d'abord pour la tester. Cet essai ayant été concluant, j'impose désormais le passage par StageVet à tout stagiaire qui me sollicite en direct.

Cet outil est en effet très pratique d'un point de vue administratif et simplifie grandement les formalités. Tout se fait en ligne, c'est un gain de temps énorme.

StageVet n'empêche pas la prise de contact avec des stagiaires par d'autres moyens (connaissances, réseaux sociaux...) mais simplifie la démarche.

D.V. : Combien de stagiaires avez-vous reçus dans votre clinique et quelles étaient les caractéristiques de leurs stages ?

O.S. : Avec StageVet, j'en ai déjà reçu une demi-douzaine, issus des écoles d'Alfort et de Toulouse. Je prends toujours des stagiaires intéressés par l'exercice mixte ou la rurale pure, de la 2e à la 6e année.

Personnellement, je ne prends pas de stagiaires en canine mais ma structure en accueille.

Je n'ai pas encore reçu d'étudiant en stage tutoré même si je suis totalement favorable à cette démarche. Un de mes associés est même issu du tutorat. Pour autant, l'accueil de ces stagiaires nécessite au préalable de structurer la clinique et d'être capable de s'organiser pour accompagner à 100 % le stagiaire et le conduire vers l'autonomie. C'est beaucoup plus engageant qu'un stage classique et pour l'instant cela nous fait un peu peur.

D.V. : En tant qu'encadrant, qu'attendez-vous des stagiaires et quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

O.S. : Je loge systématiquement les stagiaires que j'accueille et j'attends de leur part qu'ils soient motivés et réactifs, prêts à me suivre dans toutes mes interventions, gardes y compris.

En fin de stage, si tout va bien, ils doivent avoir acquis les bases nécessaires pour intervenir seuls en élevage si c'était nécessaire : poser un cathéter sur un veau, maîtriser les gestes techniques en rurale, effectuer les prophylaxies... Je veux que les étudiants que je reçois découvrent l'intégralité du travail d'un praticien en rurale et s'aperçoivent, par exemple, que les gardes, c'est un moment particulier et très agréable.

Je cherche à dédramatiser cet exercice qui pour beaucoup véhiculent des contraintes fortes. Ce n'est pas le cas et j'essaye de leur donner goût à la pratique en campagne et de leur transmettre ma passion.

Le seul écueil auquel je suis confronté est que la motivation du stagiaire n'est pas toujours à la hauteur de mes attentes.

D.V. : Et eux, que vous apportent-ils ?

O.S. : Ils m'incitent à me remettre en question et m'apprennent aussi des choses en fonction des cas qu'ils ont vus et gérés à l'école. Cela va parfois jusqu'à me faire modifier ma technique chirurgicale !

Les stagiaires ont toujours des connaissances à nous apporter car ils savent où chercher l'information et trouver les dernières publications sur un sujet. Ils me forcent à ne pas me reposer sur mes acquis.

D.V. : Les stagiaires que vous accueillez vous semblent-ils suffisamment formés et préparés par les écoles avant pour que leur stage soit utile ?

O.S. : Globalement, oui, ils arrivent avec suffisamment de connaissances pour que le stage leur soit profitable. Ceux qui ne sont pas au niveau sont ceux qui effectuent un stage de mixte par obligation et sans motivation, quand ce n'est pas la filière à laquelle ils se destinent.

J'essaye de faire cette discrimination dès le départ pour les orienter, si c'est le cas, vers d'autres confrères ou prévoir qu'ils passent plus de temps en canine.

Je n'ai à mon niveau pas de dialogue avec les écoles ou les tuteurs de stage des étudiants. J'ai juste une fiche à compléter à la fin du stage dans laquelle je donne mon avis.

D.V. : Les stages vous semblent-ils être une réponse possible à la problématique de recrutement que connaît la profession actuellement ? Plus largement, quelles évolutions seraient à votre avis souhaitables pour les stages ?

O.S. : Je garde contact avec presque tous mes stagiaires et, quand je cherche quelqu'un, je les sollicite.

A ma connaissance, je n'ai qu'une étudiante, ancienne stagiaire, qui s'est installée en mixte avec son mari.

Pour l'avenir des stages, je pense que, pour qu'ils soient encore plus utiles aux étudiants, il faudrait augmenter leur durée à 4 ou 6 semaines. Quinze jours, c'est trop court pour que l'étudiant arrive à se libérer d'une certaine timidité, compréhensible, et ose réellement faire les actes, s'engager dans un geste technique. Pour assimiler une technique, un étudiant a besoin de la voir plusieurs fois et de la répéter.

Pour autant, le cas des étudiants belges qui font des stages beaucoup plus longs n'est pas forcément à copier car les étudiants ne doivent pas tout apprendre du même vétérinaire mais changer de structure pour voir différentes façons de procéder.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1681

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