Facco : « Nourrir les chiens et les chats... ou produire des biocarburants ? »

Les textes de l'Union européenne vont accentuer la pression sur l'approvisionnement en graisses animales C3, rares et précieuses pour l'alimentation des chiens et des chats.

© David Quint

Petfood

La Facco* a tiré la sonnette d'alarme, en mars, sur l'impact négatif sur l'industrie du petfood de l'adoption récente de textes sur les biocarburants par l'Union européenne. Ils vont accentuer la pression sur l'approvisionnement en graisses animales de catégorie 3, difficilement substituables. La Facco demande que ces graisses soient reconnues comme coproduits et non comme déchets.

« En France, plus d'un foyer sur deux bénéficie de la compagnie de plus de 23 millions de chiens et chats et pourrait bientôt être confrontés à un défi : comment les nourrir en raison de l'adoption récente par l'Union européenne de textes sur les biocarburants », a déclaré la Facco*, en mars. « Ils autorisent l'utilisation des graisses animales de catégorie 3 (C3) pour produire des biocarburants afin de décarboner le secteur des transports routier, maritime ou aérien ».

Ces textes vont accentuer la pression sur ces matières rares et précieuses pour l'alimentation des chiens et des chats. « L'alimentation doit primer sur l'énergie », estime la Facco, qui soutient les objectifs de décarbonation de l'industrie et du transport décrits dans le Pacte vert.

Le projet de loi d'orientation agricole souligne l'importance de la biomasse pour son rôle clé dans la souveraineté alimentaire et comme levier pour la décarbonation de l'économie. « Cependant, la hiérarchie des usages doit être respectée et appliquée : nourrir les humains et les animaux avant de produire de l'énergie », explique la Facco. « Nous souhaitons que les graisses C3 soient reconnues comme coproduits et non comme des déchets ».

Disponibilité liée à la consommation de viandes

Les graisses C3 sont essentielles d'un point de vue nutritionnel pour formuler des aliments sains et équilibrés pour chiens et chats. « Ce sont des coproduits d'abattoirs issus d'animaux déclarés aptes à la consommation humaine. Elles ne peuvent pas être produites à la demande : leur disponibilité dépend de la consommation de viandes », rappelle la Facco.

Alors que la disponibilité des graisses C3 stagne, la quantité de ces graisses utilisées pour la production de biocarburants a plus que doublé entre 2018 et 2022. Près de 40 % des graisses C3 sont utilisés par les biocarburants. Cette part ne cesse de progresser. Le secteur s'attend à une pression accrue due au développement des carburants d'aviation durables. Du côté du transport maritime, « les députés et le gouvernement ont prévu dans la loi de finances 2024 une mesure fiscale incitative qui oriente les graisses C3 vers le gazole pêche ».

« Le secteur les intègre à hauteur de 10 % en moyenne dans la formulation des croquettes. Elles sont difficilement substituables. Elles ne doivent pas servir à produire des biocarburants », déclare Christophe Carlier, président de la Facco.

Hausse des prix des aliments pour chiens et chats

Les fabricants d'aliments pour animaux de compagnie craignent que ces mesures nationales et européennes entraînent une demande accrue en graisses C3 pour produire la quantité de biocarburants nécessaire pour décarboner les transports.

Cela entraînerait une hausse des prix des aliments pour chiens et chats. « Remplacer en partie les graisses C3 par de l'huile de palme ne ferait pas sens d'un point de vue écologique et durable. Nous entrerions en compétition avec l'alimentation humaine, ce qui n'est pas la vocation de notre industrie », conclut la Facco. V.D.

* Facco : Fédération des fabricants d'aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1704

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