Campagne 2025-2026 : lancement des visites sanitaires en filières équine, porcine et petits ruminants

Le jeu interactif consiste à résoudre trois énigmes.
© D.R.
Michel JEANNEY
Prophylaxie
La campagne biennale 2025-2026 des visites sanitaires obligatoires dans les filières équine, porcine et petits ruminants est lancée. Innovation : un format ludique et interactif est proposé pour la visite sous la forme d'un « jeu sérieux », réalisable sur tablette ou ordinateur, avec ou sans connexion.
La Direction générale de l'alimentation (DGAL) a donné le coup d'envoi des visites sanitaires obligatoires dans les filières équine, porcine et petits ruminants de la campagne 2025-2026 via une instruction technique du 18 septembre.
La thématique retenue pour cette nouvelle campagne biennale est « One Health - Une seule santé ».
Visites en deux parties
Les visites se dérouleront en deux parties, explique la DGAL : une partie commune sur l'One Health selon un format innovant (lire ci-après) et une partie spécifique par filière portant sur le bon usage des médicaments dans le cadre du concept One Health pour les filières équines et petits ruminants et les zoonoses en filière porcine.
Grande nouveauté : un nouveau format ludique et interactif est proposé pour la partie commune (lire l'interview ci-après), sous la forme d'un « jeu sérieux » réalisable sur tablette ou ordinateur, avec ou sans connexion. Une version « impression d'écran » du diaporama est disponible via le lien https://tinyurl.com/33aapmcy. La seconde partie se déroulera sous un format plus classique de grille de questionnaire.
« Cette évolution répond aux critiques formulées vis-à-vis du format papier habituellement utilisé pour ces visites, considéré comme monotone et insuffisant pour favoriser les échanges entre le vétérinaire et l'éleveur », commente la DGAL. « La SNGTV* a donc proposé, pour cette visite, (ce) format numérique (...). » L'objectif est « de rendre cette visite interactive et favoriser la discussion entre le vétérinaire et l'éleveur ».
Echange d'une heure
Le calendrier de cette campagne 2025-2026 est le suivant :
- en 2025 : visite des élevages à numéros EDE (pour les porcins et petits ruminants), Siret ou Numagrit (pour les équidés) pairs et des élevages à numéros EDE, Siret ou Numagrit impairs qui n'ont pas été visités à la campagne précédente alors qu'ils auraient dû l'être : lancement de la campagne le 22 septembre 2025 ; ouverture du site de téléprocédure (identification, saisie et enregistrement des visites) le 22 septembre ; fin des visites en élevage le 31 décembre ;
fin des enregistrements des visites sur le site de la téléprocédure le 31 janvier 2026 ;
- en 2026 : visite des élevages à numéros EDE (pour les porcins et petits ruminants), Siret ou Numagrit (pour les équidés) impairs ainsi que des élevages à numéros EDE, Siret ou Numagrit pairs qui auraient dû être visités en 2025 mais pour lesquels la visite n'a pas eu lieu : ajout des nouveaux établissements à visiter le 1er février ; fin des visites en élevage le 31 décembre ; fin des enregistrements des visites sur le site de téléprocédure le 31 janvier 2027.
« Avant de réaliser les visites programmées, le vétérinaire sanitaire doit impérativement prendre connaissance du vade-mecum pour la filière concernée », prévient la DGAL. « L'échange entre le vétérinaire sanitaire et l'éleveur doit durer approximativement une heure. »
« Toutes les visites réalisées et saisies (y compris celles tirées au sort nécessitant un enregistrement des réponses aux questions obligatoires) seront payées 8 AMV** au vétérinaire sanitaire », précise-t-elle.
« Les préfets des départements et régions de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et de la Réunion ont la possibilité d'adapter le questionnaire de visite à leurs particularités géographiques et sanitaires locales. Ils peuvent également définir selon leurs propres critères les élevages concernés par les visites sanitaires dans leurs territoires », souligne la DGAL. ■
* SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.
** La valeur de l'acte médical vétérinaire est de 14,18 euros hors taxes. Elle est inchangée depuis le 1er janvier 2020.
Gros Plan : « Le format jeu peut déstabiliser mais se révèle très pertinent »
Membres de la SNGTV*, nos confrères Henri Touboul, Gérard Bosquet et Eric Collin ont été sollicités par l'association de formation continue pour développer la première partie de la visite sanitaire pour petits ruminants, porcins et équins. Ils ont choisi un format original, celui du jeu interactif. S'il peut déconcerter les confrères au premier abord, il se révèle particulièrement pertinent dans ce cadre de formation.
■ La Dépêche Vétérinaire : Le thème retenu pour les visites sanitaires pour petits ruminants, porcins et équins est Une seule santé. La SNGTV* a créé un groupe de travail pour faire évoluer cette visite. Vous avez opté pour un jeu numérique interactif. Comment vous y êtes-vous pris ?
Henri Touboul, référent Une seule santé pour le SNVEL** et la SNGTV*, Gérard Bosquet, Eric Collin : Stéphanie Philizot, présidente de la SNGTV, nous a contactés tous les trois pour créer la première partie de cette VSO (visite sanitaire obligatoire), en nous laissant le champ libre en matière de support. Ce chapitre est commun aux éleveurs de petits ruminants, de porcs et aux détenteurs d'équidés. Une seconde partie de la VSO, élaborée par les commissions caprine, ovine, porcine, équine de la SNGTV ainsi que de l'Avef***, est spécifique à chaque espèce.
Nous avons donc réfléchi à un thème commun aux espèces concernées qui implique les éleveurs et leur vétérinaire. Nous avons choisi une maladie X qui va émerger dans un élevage. On ne parle pas d'une espèce en particulier mais d'animaux. Cette maladie est virtuelle car il n'existe pas, à ce jour, de maladie émergente connue, commune aux trois groupes d'espèces.
L'important est que le vétérinaire échange avec son éleveur tout en le sensibilisant sur le thème Une seule santé grâce à la résolution des 3 énigmes du jeu.
L'énigme 1 s'attache à la santé animale. L'objectif est de montrer à l'éleveur l'importance d'une détection précoce d'une émergence. « Je suis face à une maladie que je ne connais pas, je contacte mon vétérinaire pour solutionner ce problème ». Ensemble ils vont chercher comment résoudre cette énigme et quels seront les outils ou les partenaires potentiels, en ouvrant des tiroirs, en cherchant dans un paysage, etc.
L'énigme 2 - on s'aperçoit que cette maladie inconnue est une zoonose. L'éleveur est dans un village et il cherche l'agent pathogène dans un élevage, à l'école, à l'Ehpad****, etc., en déplaçant des objets. La discussion entre éleveur et vétérinaire va s'attacher ici à évoquer les différents modes de contamination des humains ainsi que les acteurs du One health. N'oublions pas que One health est multidisciplinaire et transversal.
L'énigme 3 - on sait maintenant que l'agent pathogène est un virus, connu au Brésil. Grâce à une lampe, vétérinaire et éleveur scrutent une grotte où sont disposés des indices qui amènent les participants à s'interroger sur l'impact de l'activité humaine sur l'environnement, la santé des écosystèmes et la biodiversité. Mais nous n'en dirons pas plus car il faut chercher en jouant !
Enfin, cette partie interactive et numérique se conclut sur une infographie que nous avons créée pour la VSO et qui peut être utile à tout vétérinaire dans un exposé sur le thème Une seule santé.
Pour les vétérinaires récalcitrants à l'utilisation d'outils informatiques, voire même au jeu, nous avons prévu que chaque image soit imprimable. Le déroulé est donc possible sans ordinateur mais forcément moins plaisant et moins interactif.
■D.V. : Vous avez choisi ce nouveau format pédagogique, sous forme de jeu interactif, pour faire passer les idées générales sur ce thème, communes à toutes les espèces. Pourquoi ce choix ?
H.T., G.B., E.C. : D'un commun accord et très rapidement, le format jeu s'est imposé car nous souhaitions changer complètement de support jusque-là constitué par une grille papier de type QCM.
Le jeu intégré dans un parcours de formation cohérent, ce qui est notre cas, dispose de nombreux avantages. De multiples auteurs soulignent un meilleur engagement, une mémorisation plus profonde et plus longue, davantage de plaisir et d'immersion, la mise en activation de l'état de flow et une collaboration plus forte entre les acteurs.
En travaillant, nous avons identifié l'existence de nombreux jeux développés par la profession vétérinaire particulièrement créatifs.
Deux exemples illustrent notre propos. Baptiste Arnaud (2022) dans sa thèse sur l'élaboration d'un escape game comme outil d'apprentissage de la démarche de suspicion et de déclaration de maladie réglementée conclut que le remplacement d'un TD classique par le format jeu est validé par les étudiants : 88 % (24/28) préfèrent ce format escape game au TD classique. Emma Saugues (2024) dans sa thèse sur la création et évaluation de l'intérêt pédagogique d'un escape game sur les maladies respiratoires du veau précise que, sur 34 réponses, 61,8 % estiment l'escape game meilleur qu'un cours magistral pour acquérir les mêmes compétences. 73 % ont été très satisfaits, 27 % satisfaits.
Nous comprenons que ce format puisse dans un premier temps interroger, déstabiliser, voire faire sourire les confères, mais nous les encourageons à se piquer au jeu avec leurs clients. Certes, les énigmes proposées peuvent paraître trop simples mais cette partie de la VSO doit pouvoir être exposée en 30 minutes. Aussi, un jeu plus compliqué aurait amputé de nombreuses informations importantes pour comprendre l'émergence et les acteurs d'une seule santé.
Un vade-mecum détaille les intérêts et le fonctionnement du jeu ainsi que des explications techniques, des exemples épidémiologiques et de nombreuses propositions d'échanges avec leurs éleveurs.
■ D.V. : En pratique, comment les vétérinaires devront-ils faire pour mettre en place ces jeux de rôle avec leurs éleveurs ?
H.T., G.B., E.C. : C'est assez simple. Il faut un ordinateur ou une tablette pour pouvoir présenter le jeu développé sous l'application Genially grâce à l'expertise d'une permanente de la SNGTV, Isabelle Coupey.
Nous lui avons fourni le scénario
et, petit à petit, à la suite de nombreuses réflexions et d'idées partagées par nous quatre, celle-ci a pu créer ce jeu.
On peut lancer le jeu avec ou sans connexion. Ainsi, le vétérinaire peut le télécharger depuis le site de la SNGTV sur son ordinateur et le présenter quand il veut ou bien depuis l'ordinateur de l'éleveur si celui-ci a une connexion Internet.
Tout ceci est clairement expliqué dans le vade-mecum dont il faut prendre connaissance avant de commencer ces visites.
■ D.V. : La première partie de la visite est commune aux trois espèces concernées mais pas la seconde. Quelles pourront être les spécificités de cette deuxième partie ?
H.T., G.B., E.C. : Comme expliqué plus haut, nous n'avons pas participé à l'élaboration de cette partie spécifique à chaque espèce. Les responsables des commissions de la SNGTV ont choisi des thèmes impliquant une approche Une seule santé : pour les visites sanitaires petits ruminants et équine, ils ont choisi le bon usage des médicaments, pour la filière porcine, les zoonoses.
■ D.V. : Quel est le calendrier retenu pour la mise en oeuvre de ces visites ?
H.T., G.B., E.C. : L'instruction technique étant parue, son développement peut commencer dès maintenant. La moitié des élevages d'ici la fin de l'année et les autres en 2026. Mais rassurez-vous les élevages qui n'auront pas été visités cette année pourront l'être l'an prochain. ■
* SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.
** SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.
***Avef : Association vétérinaire équine française.
**** Ehpad : Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.