Abattage sans étourdissement : l'OABA dénonce l'inertie de l'Etat

La Cour européenne des droits de l'Homme, dans un arrêt du 13 février 2024, a estimé qu'un État pouvait encadrer plus strictement la pratique de l'abattage rituel, dans un souci de protection animale, en imposant un étourdissement réversible, sans que cela ne constitue une atteinte disproportionnée à la liberté de culte, souligne l'OABA.

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Société

Suite aux images tournées au sein de l'abattoir Bigard en Côte-d'Or par l'association L214 montrant des conditions d'abattage qui ont conduit L214 à porter plainte contre l'établissement*, l'association de protection animale OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), présidée par notre confrère Manuel Mersch, a dénoncé, le 11 avril, l'inertie de l'Etat face aux souffrances des animaux dans le cadre des abattages rituels.

« (...) Nos gouvernements successifs, pleinement informés de ces désastreuses méthodes d'abattages rituels, ne font strictement rien pour les faire évoluer, à défaut d'y mettre un terme », souligne l'association.

Elle rappelle que l'OABA a dû « batailler durant sept ans contre l'État français pour obtenir devant la Cour de justice de l'Union européenne, dans un arrêt du 26 février 2019, l'exclusion de la certification biologique pour les viandes issues de l'abattage rituel sans étourdissement ».

« Sept ans pour que la plus haute instance juridictionnelle européenne reconnaisse l'évidence scientifique : cette méthode d'abattage entraîne des douleurs plus importantes que lors de l'abattage avec étourdissement et ne peut donc recevoir la certification biologique, gage de normes élevées en matière de bien-être animal », détaille l'OABA.

Litige bientôt tranché sur la « complémentarité des circuits de distribution »

Plus récemment, la Cour européenne des droits de l'Homme, dans un arrêt du 13 février 2024, a estimé qu'un État (en l'occurrence la Belgique, lire DV n° 1699) pouvait encadrer plus strictement la pratique de l'abattage rituel, dans un souci de protection animale, en imposant un étourdissement réversible, sans que cela ne constitue une atteinte disproportionnée à la liberté de culte.

La Cour européenne de Strasbourg devrait également prochainement trancher le litige introduit en octobre 2022 par l'OABA contre l'État français qui autorise la « complémentarité des circuits de distribution ».

A ce propos, l'association dénonce « un système selon lequel les viandes halal et kasher issues d'abattages rituels, pratiqués sans étourdissement de l'animal, qui ne trouvent pas preneurs sur les marchés confessionnels sont redirigées vers le marché conventionnel sans aucune mention informative. Une tromperie institutionnalisée qui constitue une atteinte majeure à la liberté de conscience des consommateurs. »

Rappelons que l'étiquetage obligatoire du mode d'abattage des animaux est également une demande d'organisations professionnelles vétérinaires comme le SNVEL**, la FSVF*** et le SNISPV**** (voir leur tribune publiée dans Le Monde en juin 2019, DV n  1490). M.J.

* www.l214.com/communications/20240411-enquete-abattoir-bigard/

** SNVEL  : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

*** FSVF : Fédération des syndicats vétérinaires de France.

**** SNISPV : Syndicat national des inspecteurs de santé publique vétérinaire.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1706

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