Un cas de rage canine détecté en Ile-de-France chez un chien croisé husky grâce à la vigilance du vétérinaire

L'animal de type croisé husky était hébergé dans un refuge à Évry-Courcouronnes dans l'Essonne (image d'archive).

© Olya - Adobe

Michel JEANNEY

Santé publique

Un chien husky de 4 ans, détenu dans un refuge de l'Essonne (Ile-de-France), a été confirmé atteint de rage le 27 octobre par l'Institut Pasteur. Cette détection a été rendue possible grâce à la vigilance de notre confrère Yves Slakmon (VetoAdom) qui s'est rendu sur place après appel des responsables. Plusieurs personnes ont été prises en charge pour un traitement prophylactique post-exposition. L'animal non vacciné contre la rage proviendrait du Maroc.

L'Institut Pasteur a confirmé, le 27 octobre, un cas de rage chez un chien de type croisé husky détenu dans un refuge d'Évry-Courcouronnes dans l'Essonne (91), a informé le ministère de l'Agriculture le même jour.

L'animal a mordu plusieurs personnes qui ont été prises en charge par le centre antirabique de l'Institut Pasteur, qui leur a administré un traitement prophylactique post-exposition.

« Les autres personnes identifiées comme ayant été exposées à l'animal ont été contactées par l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France et sont également orientées, si leur exposition le nécessite, vers une consultation dans un centre antirabique », poursuivent les autorités qui rappellent que « la rage ne se transmet pas entre humains et que des réflexes simples de prévention permettent de s'en protéger ».

Au total 32 personnes auraient été considérées comme exposées par l'ARS dont 4 agents du refuge.

Étonnement, le communiqué du ministère de l'Agriculture ne fait aucune allusion à l'intervention du vétérinaire appelé sur les lieux le 24 octo­bre, notre confrère Yves Salkmon (VetoAdom). C'est pourtant bien lui qui a établi le diagnostic de suspicion de rage compte tenu de l'état de l'animal, de sa provenance et de son comportement et qui a permis la confirmation par l'Institut Pasteur, démontrant ainsi l'importance de la surveillance des maladies animales potentiellement zoonotiques grâce à un réseau suffisamment dense de vétérinaires.

Notre confrère a été appelé parce que l'animal avait « du sang dans la bouche ». A son arrivée, le chien de 35 kg était dans un état très dégradé. Il avait mordu plusieurs personnes, se jetait sur les barreaux de son box, se grattait intensément et déglutissait fréquemment. Il avait été remis au refuge le 14 septembre par une personne qui avait indiqué qu'il provenait du Maroc. Tous ces éléments ont orienté notre confrère vers le diagnostic de suspicion de rage et l'ont conduit à conseiller une prise en charge des personnes qui avaient été au contact de l'animal.

Premiers signes le 19 octobre

Les autorités sanitaires déclarent en effet avoir reçu, le 25 octobre, un signalement de suspicion de rage chez un chien âgé de 4 ans. Les résultats définitifs obtenus le 27 octobre ont confirmé le diagnostic. L'animal présentait des symptômes de rage et avait mordu plusieurs personnes. Les personnes mordues ont été prises en charge par le Centre antirabique de l'Institut Pasteur dès l'obtention des premiers résultats positifs obtenus le 26 octobre puis confirmés le lendemain par le Centre national de référence de la rage à l'Institut Pasteur.

L'animal a développé les premiers signes le 19 octobre et est mort le 25 octobre. Pendant toute la période de contagiosité (jusqu'à 15 jours avant les premiers signes), le chien est resté dans le refuge, seul dans son box ou dans une courette de détente.

« Aucun autre animal du refuge (14 chats et 21 chiens, NDLR) n'a présenté de symptômes ni de signes évocateurs de la rage. Au vu de la période d'incubation, le chien avait nécessairement contracté la rage avant son arrivée au refuge », soulignent les autorités.

Des investigations toujours en cours

Selon le communiqué du ministère de l'Agriculture, l'ARS d'Île-de-France a mené les investigations sanitaires pour déterminer les personnes ayant pu être exposées au chien pendant sa période de contagiosité (du 5 au 25 octobre). Ces personnes ainsi identifiées ont été contactées par l'agence pour préciser leur exposition et organiser si nécessaire une consultation au centre antirabique.

« Les éventuelles personnes supplémentaires qui auraient fréquenté le refuge Assistance refuge animaux (ARA) situé au 1, rue des Paveurs à Évry-Courcouronnes dans l'Essonne entre le 4 et le 25 octobre, qui auraient été en contact direct avec l'animal (griffures, morsure, léchage sur plaie ou peau lésée ou sur muqueuse) et qui n'auraient pas été déjà contactées par l'ARS Ile-de-France sont invitées à contacter le 06.31.37.11.22 », précisent les autorités.

Les premières investigations, toujours en cours, indiquent que ce chien aurait pu être importé illégalement du Maroc, pays où la rage circule à l'état endémique, indiquent-elles.

Les investigations menées pour identifier précisément la provenance de cet animal sont réalisées par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du 91, qui a placé le refuge sous arrêté préfectoral de mise sous surveillance le 25 octobre. Le refuge est fermé et interdit d'accès aux personnes non autorisées depuis cette date.

Selon nos informations, les autorités auraient également saisi l'Anses* pour définir les mesures à adopter vis-à-vis des autres animaux du refuge.

La France indemne depuis 2001 hors chauve-souris

Rappelons que la France est officiellement indemne de rage depuis 2001 (hors chauves-souris) mais la maladie continue de circuler dans de nombreux pays, notamment en Asie et en Afrique, où le chien reste responsable de la majorité des cas de transmission à l'Homme.

En France (à l'exception de la Guyane française), la vaccination des animaux domestiques est pratiquée sur une base incitative, sauf cas particuliers (par exemple les chiens catégorisés). Dans de nombreux pays (en Union européenne et dans le monde), la vaccination antirabique constitue très souvent une condition sanitaire obligatoire avant d'entrer sur le territoire, permettant ainsi une protection vaccinale des animaux voyageant avec leur propriétaire.

« Il est rappelé l'obligation de ne pas importer des animaux sans respecter la réglementation en vigueur, notamment des pays où circule le virus de la rage », rappelle le ministère de l'Agriculture.

En 2020, un cas importé d'Espagne

Pour mémoire, un cas de rage chez un chat en Côte-d'Or a été confirmé, le 7 mai 2020, par l'Institut Pasteur. Le typage moléculaire du virus a montré que l'animal a été contaminé par une chauve-souris, ce qui est rarissime (lire DV n° 1530).

Par ailleurs, le même institut a confirmé, le 13 février 2020, un cas de rage chez un chiot détenu à Saint-Martin-de-Ré (île de Ré). Cet animal, trouvé en Espagne en décembre en bord de route, avait été ramené illégalement en France (lire DV n° 1517).

Enfin, un homme serait décédé d'une encéphalite provoquée par un virus rabique de chauve-souris en août 2019, au CHU de Limoges. Un tel cas de transmission rabique de la chauve-souris à l'Homme est rarissime et n'avait pas été constaté sur le territoire métropolitain depuis une cinquantaine d'années (lire DV n° 1557).

* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1637

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