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Télémédecine vétérinaire : « Cette phase de test prend vraiment tout son sens aujourd'hui »

Eric Lejeau est secrétaire général du SNVEL.

© Jacques Graf

Le ministre de l'Agriculture a annoncé un décret (ici) qui autorisera une expérimentation de la télémédecine dans le secteur vétérinaire. Pour le SNVEL*, ce nouveau mode d'exercice apportera des solutions à des problématiques d'éloignement en zone rurale, d'optimisation du temps en canine. Il répond surtout à une attente des propriétaires et prend tout son sens dans le contexte actuel de crise liée au Covid-19.

La Dépêche Vétérinaire : Le ministre annonce enfin un décret qui autorisera une expérimentation de la télémédecine dans le secteur vétérinaire. C'est l'aboutissement des travaux réalisés par les organisations professionnelles vétérinaires (OPV) sur le sujet. Quand exactement la profession vétérinaire a-t-elle débuté ces travaux ? 

Eric Lejeau, secrétaire général du SNVEL* : Cela fait deux ans que ce sujet a émergé suite aux travaux prospectifs menés par la profession dans le cadre de VetFuturs.

Le Conseil national de l'Ordre des vétérinaires a créé un groupe interne de réflexion sur ce sujet et le moyen de le rendre possible pour les vétérinaires. 

D.V. : Certains considèrent que les OPV en France ont tardé à s'emparer du dossier de la télémédecine vétérinaire par rapport à d'autres pays en Europe. Que leur répondez-vous ?

E.L. : Rendre la télémédecine possible pour les vétérinaires nécessitait une évolution législative ou règlementaire. Aucun véhicule législatif n'était accessible aux problématiques vétérinaires de manière simple avant cette crise.

Vous dites que certains considèrent que nous avons tardé mais d'autres pensent que c'est dangereux et que nous allons trop vite.

C'est toujours très compliqué d'avancer et d'avoir de nouveaux outils à notre disposition. Si la profession ne s'en empare pas, d'autres le feront sans nous. Nous nous devons d'être proactifs. 

D'ailleurs, cela a déjà commencé, sans aucun cadre réglementaire. Ne rien faire laisse la porte ouverte à ces choses là.

Les vétérinaires français n'inventent rien : les médecins et les vétérinaires d'autres pays l'utilisent déjà depuis longtemps.

D.V. : Quels sont les avantages et les risques de cette nouvelle forme d'exercice ?

E.L. : Ce nouveau mode de médecine apportera des solutions à des problématiques d'éloignement en zone rurale, d'optimisation du temps en canine. Il répond surtout à une attente des propriétaires...

Comme toute nouvelle possibilité, il soulève des inquiétudes. Un cadre précis viendra l'encadrer et sécurisera son usage.

Seul le vétérinaire traitant de l'animal pourra la pratiquer. Il devra se signaler à l'Ordre, avoir vu l'animal dans un délai fixé, assurer le suivi sanitaire permanent pour les animaux de production et garantir une continuité de soins physiques sur les animaux ayant reçu une consultation à distance. Ceci préviendra les dérives que certains craignent. 

D.V. : Pensez-vous que ce nouveau moyen est susceptible d'avoir un impact important sur l'activité vétérinaire ?

E.L. : Aujourd'hui, de nombreux confrères pratiquent la télémédecine comme un service gratuit à certains de leurs clients en donnant un avis sur des photos ou des vidéos envoyées par mail.

La possibilité de le faire de manière professionnelle permettra de créer autour de la télémédecine un modèle économique. Je pense que c'est une opportunité.

Cependant, personne n'est contraint d'offrir ce type de service à ses clients. C'est conçu pour être utilisé uniquement dans le prolongement de consultations physiques des animaux. 

D.V. : Pour quelles types d'activité, selon vous, ce dispositif semble le plus utile ?

E.L. : Dans le contexte de crise et de crainte qui perdurera plusieurs mois après le déconfinement pour nos clients, cet outil peut vraiment jouer un rôle pour désengorger les accueils et les salles d'attente. 

Cette phase de test prend vraiment tout son sens en termes de santé publique aujourd'hui.

Elle sera, comme identifié par VetFuturs, un levier de développement dans tous les secteurs, des productions animales à la médecine des animaux de compagnie en passant par l'équine.

A nous de nous en emparer, d'identifier pendant cette phase de test tous les points d'inquiétude et aussi tous les leviers de développement pour construire ensuite un modèle pérenne, bien encadré et efficace. 

* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

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Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1525

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