Stage : un bénéfice pour toutes les parties prenantes
Mercredi 18 Décembre 2024 Vie de la profession 52311Le stage facilite par la suite le recrutement de futurs collaborateurs.
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Michel JEANNEY
Exercice
Le bénéfice partagé du stage a été souligné par toutes les parties prenantes - structures d'accueil, étudiants, enseignants - lors des Rencontres de la profession, le 22 novembre, au congrès de l'Afvac*. Outil d'apprentissage et de partage, facilitateur de recrutement, il est dans l'intérêt de tous et de la profession pour préparer l'avenir.
L'intérêt du stage et son importance tant pour le stagiaire et l'établissement d'enseignement que pour la structure vétérinaire d'accueil étaient au coeur des Rencontres de la profession coorganisées, le 22 novembre, lors du congrès de l'Afvac*, à Lyon, par les organisations professionnelles.
« Le stage est une opportunité pour l'employeur et l'enjeu pour l'étudiant est de trouver le bon », a souligné, en préambule, notre consoeur Hameline Virevialle, vice-présidente de l'Avef**, qui s'est déclarée, à titre personnelle, très attachée à « la transmission ». A ce titre, elle regrette que les écoles vétérinaires proposent des durées de stage inférieures par exemple à celles en vigueur dans les écoles d'ingénieurs.
Stagevet, outil de recherche et de formalisation
Face à cet intérêt partagé du stage, un outil de mise en relation est depuis quelques années à la disposition à la fois des maîtres de stage et des étudiants, www.stagevet.fr. Ce site Internet a été mis en place par le SNVEL*** et La Dépêche Vétérinaire en partenariat avec les écoles, la SNGTV****, l'Avef et l'Afvac, a souligné notre consoeur Françoise Bussiéras, secrétaire générale du SNVEL.
Stagevet est aussi un outil de formalisation, les parties prenantes y trouvant les informations et une charte utiles à son bon déroulement ainsi que les formulaires de conventions de stage obligatoires.
Notre consoeur Marie Tanguy, cofondatrice du site Internet de mentorat Louveto.com, a livré quelques définitions fondamentales pour éclairer le débat.
Ainsi, le stage n'est pas le compagnonnage, terme flou qui, dans le secteur vétérinaire, désigne la relation libre qui permet à un jeune de découvrir le métier auprès d'un vétérinaire en activité hors cadre formalisé. C'est une approche qui était utilisée il y a encore quelques années et qui a quasiment disparu aujourd'hui.
Une immersion professionnelle encadrée
Le mentorat, lui, objet du site louveto.com, consiste en une relation de parrainage entre un jeune et un ancien, sans lien hiérarchique, libre, sans contrat, visant à une transmission du savoir être sans objectifs particuliers. « C'est une relation sans biais et sans contraintes », souligne Marie Tanguy.
Quant au stage, il consiste en une immersion professionnelle très encadrée notamment dans sa durée, avec un lien hiérarchique, qui permet pour le jeune l'apprentissage notamment d'actes techniques (mais aussi le management, la gestion...) sous contrôle du maître de stage. Il fait l'objet d'une convention entre les parties prenantes (l'école, le maître de stage et le stagiaire).
Il est à distinguer du stage tutoré, lui aussi encadré par une convention mais qui porte sur un contenu plus précis (avec un projet professionnel à définir) sous le contrôle de l'enseignant de l'école, qui est d'une durée plus élevée et, à ce jour, réservé à la filière rurale.
Marie Tanguy a rapidement évoqué le cas particulier de l'assistant vétérinaire, un étudiant des écoles vétérinaires françaises titulaire du diplôme d'études fondamentales vétérinaires (DEFV) ou du certificat d'études fondamentales vétérinaires (CEFV) pouvant, en dehors de la présence du vétérinaire titulaire mais sous son autorité, exercer la médecine et la chirurgie uniquement sur les animaux habituellement soignés par celui-ci.
Ces rencontres se sont poursuivies par quelques témoignages de terrain.
Stages tutorés : un bilan positif
Ainsi, notre consoeur Emilie Gusse a partagé son enthousiasme sur les stages tutorés en milieu rural, qui constituent une opportunité pour les structures d'accueil. « Les étudiants arrivent avec un bagage scientifique qui permet de garder un lien avec l'enseignement scientifique en école. Notre tâche consiste à les faire progresser dans leur pratique », souligne-elle.
Le stage tutoré n'est pas un stage comme les autres. « L'accompagnement est important pour le tuteur et les autres praticiens de la structure », précise-t-elle. « Le stagiaire doit élaborer un projet professionnel. » En zone rurale, il facilite par la suite le recrutement des remplaçants ou la recherche de successeurs.
Notre consoeur a tiré le bilan de 10 ans de stage tutorés : 23 % des tutorés exercent dans la structure où ils ont effectué leur tutorat, 85 % exercent en activité mixte et 77 % exercent dès leur sortie d'école (en mixte ou non).
2024 est la sixième année du tutorat avec financement de l'Etat. La première année, ce financement (enveloppe distribuée aux tuteurs) a permis d'accueillir 30 élèves. 80 à 100 élèves sont accueillis six ans plus tard mais avec la même enveloppe.
Notre consoeur Frédérique Ponce, directrice adjointe du campus vétérinaire de VetAgro Sup, et notre confrère Sébastien Lefevre, directeur de l'enseignement à VetAgro Sup, ont rappelé que la réalisation de stages est prise en compte dans l'accréditation AEEEV***** des établissements. Ils ont souligné que cette modalité d'apprentissage du métier était complémentaire de celui effectué dans les centres hospitaliers universitaires.
En matière de stage, « la France est assez en avance au plan européen », a souligné notre confrère Stéphane Martinot, ancien président de l'AEEEV. A l'étranger, la situation est très variable. Le stage peut être facultatif ou aller jusqu'à 34 semaines (jusqu'à 36 en France). De plus, il y a une grande disparité dans le suivi réel de l'acquisition des compétences, contrairement à ce qui se passe en France.
Notre confrère Luca Zilberstein, spécialiste et ancien enseignant à l'école vétérinaire d'Alfort, confirme que les étudiants arrivent « un peu confus » en clientèle et qu'un recadrage des connaissances est nécessaire. « Pour être un bon spécialiste, il faut être avant tout un bon vétérinaire », insiste le spécialiste, qui souligne l'intérêt de « revaloriser le côté généraliste du vétérinaire ».
Stages plus longs : au-delà de l'apprentissage technique
Agnès Benamou-Smith, enseignante à Vet-Agro Sup, Hameline Virevialle (Avef) et Laurence Blache, étudiante, ont présenté l'intérêt d'un stage long en équine mis en place depuis 3 ans pour les étudiants en A6 (8 semaines de stage obligatoires), dont les objectifs sont ceux du mentorat, c'est-à-dire des échanges au-delà de l'apprentissage technique.
Laurence Blache, qui a effectué ce stage l'année précédente, confirme le renforcement des connaissances mais insiste sur l'immersion dans le quotidien du praticien aussi chef d'entreprise, permettant de « se préparer en situation réelle à l'exercice futur ».
Même ressenti du côté de notre consoeur Marina Delage qui a effectué le double cursus en management de VetAgro Sup débouchant sur un master, comprenant notamment 3 mois de stage en clinique. Cette formule permet de pleinement « s'intégrer dans l'équipe » avec l'attribution de tâches (elle a travaillé sur l'e-réputation de la clinique et le suivi des maladies chroniques) et peut « déboucher sur une embauche ». Notre confrère Sébastien Richard, représentant de la structure d'accueil, insiste sur « l'investissement réciproque win win ».
Étudiant en A5 à l'école vétérinaire de Toulouse, Sébastien Senut a témoigné sur les stages facultatifs que les étudiants peuvent effectuer pendant leurs vacances. Il vit cette modalité de stage comme une opportunité pour découvrir de nouvelles activités (filières industrielles, équine...), de nouvelles régions, multiplier les contacts avec la clientèle, se créer un réseau et développer sa pratique. Il s'agit de stages d'une durée minimale d'une semaine sous le couvert d'un enseignant référent.
Ses recherches s'opèrent sur Stagevet, qui permet de rechercher une clinique sur plusieurs critères (en particulier sur la possibilité d'être logé ou non). Des échanges sont possibles en amont et le site permet également la rédaction de la convention de stage en ligne.
« Nous avons la main pour proposer des stages, avec d'autant plus d'intérêt pour les étudiants que nous sommes généralistes. Le bénéfice étant mutuel, n'hésitons pas à aller en chercher », a conclu Françoise Bussiéras. ■
* Afvac : Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie.
** Avef : Association vétérinaire équine française.
*** SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.
**** SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.
***** AEEEV : Association des établissements européens de l'enseignement vétérinaire.
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