Plainte pour harcèlement et discrimination sexiste à l'ENVA : « Les faits sont graves et durent depuis des dizaines d'années »

Notre consoeur Valérie Freiche, praticien hospitalier- ingénieur de recherche au Centre hospitalier universitaire vétérinaire d'Alfort, est à l'origine du dépôt de plainte.

© D.R.

Société

A l'origine du dépôt de la plainte pour harcèlement moral et discrimination sexiste de la part de la direction de l'école vétérinaire d'Alfort, notre consoeur Valérie Freiche, spécialiste en médecine interne et praticien hospitalier-ingénieur de recherche au Centre hospitalier universitaire vétérinaire d'Alfort, s'en explique. Elle dénonce des faits graves qui durent depuis des dizaines d'années.

La Dépêche Vétérinaire : A la suite de votre plainte, le parquet de Créteil enquête sur des faits de harcèlement moral et de discrimination sexiste de la part de la direction de l'école vétérinaire d'Alfort. Que reprochez-vous à la direction ?

Valérie Freiche, spécialiste en médecine interne et praticien hospitalier-ingénieur de recherche au Centre hospitalier universitaire vétérinaire d'Alfort : Cette plainte contient des faits graves de harcèlement moral et de sexisme systémiques et révèle que certains enseignants - sous couvert de la direction de l'établissement et des instances de tutelle - se comportent avec violence et mépris. Plusieurs exemples d'abus d'autorité y sont documentés.

Que la Brigade de la répression de la délinquance contre la personne (BRDP) ait déjà été diligentée est un signe que la plainte repose sur des faits tangibles.

Le harcèlement moral est un déni pénal : parfois effectivement c'est « parole contre parole » mais lorsqu'un groupe de personnes rapporte des faits similaires venant des mêmes personnes, les témoignages prennent sens même si l'auteur se réfugie dans un déni forcené.

D.V. : Est-il exact que ces faits avaient déjà fait l'objet de signalements auprès du ministère de l'Agriculture ?

V.F. : Oui, au moins quatre à cinq signalements ont été rapportés sans que le ministère ait jugé utile d'entendre les plaignants.

Ces faits sont graves et ils ont entraîné un malaise certain auprès des victimes. Cette protection « de principe » de notre établissement par la DGER* et par le ministère de l'Agriculture est inadmissible. Elle dure depuis plusieurs dizaines d'années.

D.V. : Un nouveau suicide, faisant l'objet d'investigations, chez une interne de 24 ans a eu lieu la veille de la rentrée. Le rapport Truchot pointait des « difficultés sérieuses » sur la santé mentale des étudiants vétérinaires tout en soulignant que les écoles vétérinaires essayaient de répondre à la situation. Avez-vous des éléments d'information concernant ce cas ?

V.F. : Par respect envers la famille à laquelle je confirme tout mon soutien (contrairement aux affirmations de Christophe Degueurce), je ne souhaite pas commenter ces faits récents.

Au cours de ces dernières années, plusieurs personnes ont tragiquement mis fin à leurs jours, d'autres ont dû être hospitalisées. Cette situation ne peut pas perdurer et nous avons une forte responsabilité envers les générations futures.

Il ne s'agit pas seulement de faire des actions sur le terrain sous forme d'enquêtes ou de forums de soutien si dans l'envers du décor on brutalise les étudiants ou on réfute les plaintes déposées en interne.

Ainsi depuis plusieurs années, les étudiants entendent à la rentrée : « statistiquement certains d'entre vous vont perdre leurs parents cette année : papa mort, maman morte, pas d'absence ! ». C'est surréaliste et totalement irresponsable.

* DGER : Direction générale de l'enseignement et de la recherche.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1773

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