Médecine vétérinaire des Nac : offre et demande augmentent de concert

Aujourd'hui, on tend à qualifier de Nac tout animal de compagnie autre que les chiens et les chats.

© Adeline Linsart

Maud LAFON

Exercice

Si la croissance numérique des Nac n'a rien de remarquable sur le territoire français, les attentions dont ils font l'objet et leur médicalisation en hausse imposent aux vétérinaires de s'intéresser à cette population animale plurielle. L'offre de soins qui leur est destinée s'est structurée en formation initiale et continue. Les Journées annuelles du Genac*, qui se tiennent du 25 au 27 septembre au Puy du Fou et mobiliseront quelque 140 vétérinaires, en témoignent. Plusieurs intéressés apportent leur éclairage sur les particularités de l'exercice vétérinaire Nac.

Marginaux il y a une vingtaine d'années, les vétérinaires soignant les Nac, voire même leur consacrant un exercice exclusif, sont de plus en plus nombreux sur le territoire français. Les quelque 140 participants attendus au congrès du Genac*, du 25 au 27 septembre, le confirment.

Nac est un terme inventé par un vétérinaire et employé pour la première fois en 1984 à l'école vétérinaire de Lyon par notre confrère Michel Bellangeon au cours d'une séance de la Société de sciences vétérinaires et de médecine comparée. Aujourd'hui, on tend à qualifier de Nac tout animal de compagnie autre que les chiens et les chats. Il n'existe pas de liste officielle des Nac.

S'ils ne font plus l'objet d'un phénomène de mode, ce qui a pu être le cas par intermittence pour certaines espèces de Nac, comme le furet par exemple, ces animaux sont bien installés dans les foyers français et ont rencontré un public de plus en plus connaisseur et attentif à leurs besoins.

La médicalisation des Nac est donc en pleine augmentation et suit un phénomène initié d'abord par le chien puis par le chat plus récemment. Les propriétaires de lapins, furets ou perruches n'hésitent plus à débourser des sommes sans rapport avec la valeur de l'animal pour les faire soigner, tout comme ils le font pour un chat qu'ils ont pu obtenir gratuitement. Ce parallèle économique qui a pu être fait il y a quelques années au commencement de la médecine vétérinaire dédiée aux Nac et pouvait donner lieu à des incompréhensions, voire à des moqueries, n'est plus de mise aujourd'hui et les Nac sont soignés à l'égal d'autres animaux de compagnie.

Jeunes vétérinaires formés

Le marché a du potentiel si on se penche sur la population de ces animaux : 10,4 millions de petits mammifères, oiseaux et animaux de terrarium en France selon la dernière enquête Odoxa pour la Facco**, dont 0,6 million de perroquets que la longévité exceptionnelle classe à part. Si la population de ces animaux n'augmente pas, les attentions dont ils font l'objet, si, et leurs propriétaires sont de plus en plus enclins à les médicaliser.

Qui sont les vétérinaires qui s'occupent de cette population animale ? Dans les cliniques, ce sont souvent les jeunes vétérinaires, ayant reçu un enseignement spécifique sur les Nac, ce qui n'est pas le cas des diplômés avant les années 2010, voire même un peu après dans certaines écoles, qui sont sollicités pour ces consultations.

Car, tout comme le collège européen qui s'y consacre, la formation initiale dédiée aux Nac dans les écoles vétérinaires est assez récente.

Si des bribes d'enseignements ou des formations optionnelles ont été organisées par certaines écoles nationales vétérinaires françaises, c'est d'abord à Alfort que cet enseignement de formation initiale obligatoire s'est structuré en avec, depuis, des passerelles fréquentes entre les écoles nationales.

L'offre en formation continue est elle aussi en augmentation, surtout depuis la création d'un diplôme d'école (DE) spécifique en 2019. Encore plus polyvalents que les généralistes canins, les vétérinaires Nac sont d'ailleurs des candidats privilégiés à la formation continue, ayant sans cesse besoin de s'adapter à des problématiques pas forcément bien décrites sur des espèces variées.

Maîtriser les basiques

Le succès du DE, qui fait le plein chaque année, et des formations continues en témoignent.

Cette formation diplômante s'ajoute en effet à celles proposées par le Genac depuis sa création il y a une quinzaine d'années, dont ses journées annuelles, toujours très attendues des vétérinaires concernés. Difficiles de chiffrer le nombre de vétérinaires Nac mais entre la quinzaine de spécialistes intervenant sur le territoire français, les 282 adhérents du Genac et les quelque 180 confrères indiquant accepter des cas référés en médecine ou chirurgie des Nac ou faune sauvage, ils représentent une proportion non négligeable de la population vétérinaire.

D'autant que, sans se présenter comme un vétérinaire Nac, tout confrère canin reçoit plus ou moins régulièrement dans sa clientèle qui une poule, qui un cochon d'Inde ou un lapin, l'espèce la plus commune en clinique vétérinaire. Il lui faut alors maîtriser les basiques de la consultation Nac et en priorité l'adage « primum non nocere ». Ces animaux sont en effet très sensibles à la toxicité médicamenteuse et il importe de connaître les molécules à proscrire en fonction des espèces.

Le coût du matériel nécessaire à leurs soins n'est en général pas un frein et l'accueil des Nac en consultation est donc à la portée de toutes les cliniques. Pour autant, si les vétérinaires qui les acceptent sont de plus en plus nombreux, les structures spécialisées exclusivement dans leur accueil sont encore peu répandues en France même si, là encore, la situation évolue.

En parallèle à la croissance de l'activité vétérinaire Nac en France, une offre dédiée se développe aussi chez les assureurs animaliers qui proposent des formules pour les Nac les plus courants. Certaines espèces sont encore un peu à la traîne en termes de médicalisation et moins facilement acceptées par les vétérinaires canins, comme les reptiles.

Bonnes conditions de détention

Vis-à-vis des propriétaires de Nac, le vétérinaire a un autre rôle important qui est de les sensibiliser aux bonnes conditions de détention et de vie de ces animaux. La méconnaissance des détenteurs est en effet à l'origine d'un grand nombre de maladies chez les Nac, la captivité étant elle-même un facteur de risque supplémentaire.

La loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale intègre certaines espèces de Nac dans son champ d'application, imposant par exemple la signature du certificat d'engagement et de connaissance suivie du délai de réflexion de minimum 7 jours avant l'acquisition d'un furet ou d'un lapin. Elle ne le demande malheureusement pas pour les autres espèces de Nac (hamster, cobaye...) qui sont pourtant fréquemment concernées par les achats impulsifs.

Un autre rôle du vétérinaire vis-à-vis des propriétaires de Nac porte sur l'information et la sensibilisation sur la législation, le respect de la biodiversité et la prévention des zoonoses potentiellement transmises par ces espèces.

Généraliste dans son abord médical, le vétérinaire Nac est donc plus que jamais multi-casquettes pour s'adapter à cette clientèle spécifique.

* Genac : Groupe d'étude en nouveaux animaux de compagnie de l'Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie.

** Facco : Fédération des fabricants d'aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1765

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