Le chiffre du mois : 3,3 %, pourcentage des moins de 40 ans arrêtant la clientèle
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Françoise BUSSIERAS
Exercice
3,3 % des vétérinaires de moins de 40 ans, et seulement 2,6 % des moins de 60 ans se désinscrivent du tableau de l'Ordre chaque année*. Non, ce n'est pas une hémorragie comme on a pu le lire dans certaines publications qui malheureusement sont vite reprises et amplifiées, telles des fake news qui contribuent à déprimer ceux qui les croient.
En vérité, sur ce plan, la profession vétérinaire se porterait même beaucoup mieux que la population générale : une étude du Cereq** a montré en 2021 que 17 % des salariés du privé se sont reconvertis dans les 5 dernières années (9 % pour un vrai changement de métier). Pour les vétérinaires, en cumulant les départs sur 5 ans, on arrive à 6 % des inscrits, donc presque 3 fois moins ! Et n'oublions pas que les sortants restent souvent vétérinaires en arrêtant la clientèle.
La profession se régénère efficacement avec des rentrées qui dépassent de plus en plus largement les sorties, retraités inclus : en 2022, la balance était de près de 600 actifs de plus. Pour le seul secteur libéral, il y avait 17 026 inscrits en 2015, 20 134 en 2022, soit + 18 % en tout, avec une cinétique qui s'accélère : + 3,5 % en moyenne les 3 dernières années, et on annonce une augmentation rapide liée à la multiplication des Français dans les cursus européens.
Les vétérinaires qui travaillent en surchauffe
C'est donc bien une anémie car le marché a progressé plus vite que les effectifs et ceux qui travaillent sont en surchauffe. Or la charge de travail est identifiée comme un des plus importants stresseurs de la vie professionnelle. Elle contribue à une mauvaise ambiance de travail, qui ne favorise pas les recrutements : c'est un cercle vicieux auto-aggravant.
Parallèlement, le nombre d'établissements vétérinaires recevant du public est très stable depuis 2015, autour de 6 600, et la proportion d'hommes d'une part et de femmes d'autre part qui est en exercice libéral associé est très stable aussi : 57 % pour les hommes et 30 % pour les femmes. Donc l'idée que les jeunes veulent moins devenir associés que leurs aînés est fausse.
L'augmentation du salariat n'est liée qu'à l'augmentation de la proportion de femmes. Il est très certainement temps d'arrêter de leur faire croire qu'il vaut mieux rester salariées, surtout quand on constate que le salaire net moyen temps plein est de 38 000 euros quand la rémunération nette moyenne d'un libéral dépasse les 80 000 euros avant impôt. ■
* Chiffres issus des atlas démographiques de la profession vétérinaire.
** Cereq : Centre d'études et de recherches sur les qualifications.






