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Intérêt d'un aliment complémentaire dans la prise en charge des problèmes de comportement liés à la séparation chez le chien

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Traduction libre de l'anglais par le Dr Elisabeth Riquois Guiomar, Coordinatrice scientifique Vetoquinol, de l'article : Therapeutic Effects of an Alpha-Casozepine and White Fish Muscle Hydrolyzed Complementary Feed on Canine Separation-Related Disorders and Quality of Life of Dogs and Their Pet Owners. January 2023, Open Journal of Veterinary Medicine 13(06):68-81

PUBLI-REDACTIONNEL

Problèmes de comportement liés à la séparation : les signes qui doivent alerter

Les problèmes de comportement liés à la séparation se manifestent lorsque le propriétaire est absent ou perçu comme tel. Ils traduisent un mal-être émotionnel et touchent 20 % de la population canine1.

Les signes les plus fréquents sont les destructions matérielles et les vocalisations excessives (gémissements et aboiements). Cependant, ces troubles peuvent également se manifester par une élimination inappropriée (miction et défécation), des comportements auto-mutilants comme le sur-toilettage, une activité motrice accrue ou répétitive comme tourner en rond, des tentatives de fuite, des tremblements, de la salivation et de la dépression2.

Améliorer le bien-être des animaux et de leurs maîtres : les options disponibles

Ces comportements indésirables sont à l'origine d'une détresse émotionnelle et financière qui affecte la qualité de vie (QoL) des propriétaires et peuvent conduire à l'abandon de l'animal3. Il est donc important de mettre en place des mesures appropriées dès la détection des premières manifestations.

Les options de prise en charge incluent la sécurisation de l'environnement, la mise en place d'une thérapie comportementale de détachement et la prescription médicale. Les deux premières sont néanmoins très contraignantes et peuvent impacter la relation entre les propriétaires et l'animal4. Les antidépresseurs et les anxiolytiques utilisés pour gérer les symptômes comportementaux chez le chien peuvent quant à eux avoir des effets sédatifs5,6.

Une autre option consiste à utiliser les solutions alternatives et complémentaires telles que l'acupuncture7,8, l'homéopathie8,9,10 et la nutrithérapie11 qui ont déjà démontré leur intérêt pour la prise en charge de problèmes de comportement courants11,12,13,14. Ces alternatives sont en outre perçues par les propriétaires comme plus sûres, permettant d'éviter les effets sédatifs induits par les anxiolytiques/traitements médicamenteux.

De nombreux produits d'origine naturelle sont commercialisés à l'heure actuelle pour la prise en charge des problèmes de comportement chez le chien. Cependant, les preuves scientifiques de leur efficacité sont rares, voire inexistantes.

Dans ce contexte, la mise en place d'une étude clinique afin d'évaluer l'intérêt d'un aliment complémentaire associant deux protéines, l'une de lait et l'autre de muscle de poisson, dans la prise en charge des problèmes de comportement liés à la séparation chez les chiens prenait tout son sens. L'alpha-casozépine est une molécule d'origine naturelle dérivée de la caséine qui possède des propriétés apaisantes à action rapide15. L'hydrolysat de protéines de poisson vient renforcer l'action de l'alpha-casozépine avec un effet calmant durable16,17. Les effets de cet aliment complémentaire sur le comportement des chiens ainsi que sur leur qualité de vie et celle de leurs propriétaires sont relatés ci-après.

Preuves d'efficacité d'un aliment complémentaire : étude clinique multicentrique

Protocole de l'étude

Dans cette étude clinique ouverte multicentrique réalisée dans 11 cliniques vétérinaires, des chiens présentant des signes légers à modérés de problèmes de comportement liés à la séparation (tels que des aboiements excessifs, la destruction d'objets, des souillures inappropriées, du mal-être, de l'agitation et des comportements stéréotypés) ont été inclus.

Les chiens ont reçu un aliment complémentaire contenant une association d'alpha-casozépine et d'hydrolysat de protéines de poisson pendant 30 jours idéalement 1 heure avant la séparation à la dose de : chiens de 2 à 10 kg : 2 gélules < 10 kg (75 mg), chiens de 10 à 15 kg : 1 gélule 10-30 kg (225 mg), chiens de 15 à 30 kg : 1 gélule 15-60 kg (450 mg), chiens de 30 à 60 kg : 2 gélules 15-60 kg (450 mg). La gélule peut être ouverte et la poudre, mélangée à la nourriture.

Les évaluations du score des troubles du comportement liés à la séparation (STCS) (tableau n° 1), des troubles émotionnels et cognitifs (ETEC)18 (tableau n° 2) et de la qualité de vie (QoL) des animaux et de leurs propriétaires (tableau n° 3) ont été réalisées par les investigateurs au début (visite d'inclusion (V1) à J0) et à la fin de l'étude (visite de contrôle (V2) à J30) (figure n° 1). De plus, les maîtres ont été invités à noter le STCS de leur chien 1 fois par semaine à J7, J14 et J21 en utilisant le même questionnaire que celui utilisé par les vétérinaires.

Population étudiée

Parmi les 51 chiens inclus dans l'étude, 4 ont été exclus de l'analyse statistique pour cause de déviations majeures au protocole (problèmes d'observance, erreur dans la quantité recommandée, questionnaires incomplets). Les données de l'étude ont donc porté sur 47 chiens d'un âge moyen de 4,5 ans (± 3,5 ans) (minimum : 7 mois ; maximum : 13,4 ans) et d'un poids moyen de 15,1 kg (± 10,9 kg) (minimum : 2,5 kg ; maximum : 49 kg). Trente races pures étaient représentées (81 %), le reste des chiens (19 %) étaient croisés.

55 % des chiens étaient des mâles et 45 % étaient des femelles, dont respectivement 54 % et 71 % étaient castrés. 81 % des chiens vivaient à la fois en intérieur et en extérieur et 19 % uniquement en intérieur. 45 % des chiens vivaient sans autre congénère, ni chat à la maison et 55 % vivaient avec 1 à 4 autres animaux.

Résultats

Une amélioration significative de la sévérité et de la fréquence des problèmes de comportement liés à la séparation chez les chiens a été observée dès J7 puis à J14, J21 et J30. A J30, le score STCS était diminué de 49 % comparativement à J0 (figure n° 2). Le score ETEC a significativement baissé entre J0 et J30, avec un pourcentage de réduction de 26 % (figure n° 2). De plus, le pourcentage de chiens avec un score ETEC considéré comme normal est passé de 26 % à J0 à 62 % à J30. Enfin, le score deQoL était significativement inférieur à J30 versus J0 (figure n° 2).

La QoL était améliorée d'au moins 30 % chez 74 % des chiens. Par ailleurs, aucune situation inattendue n'a été rapportée.

Conclusion

Ces premières observations sont très encourageantes quant à l'efficacité de cet aliment complémentaire à diminuer les problèmes de comportement liés à la séparation chez les chiens et à améliorer leur qualité de vie ainsi que celle de leurs propriétaires. Constitué d'ingrédients d'origine naturelle, appétent, facile à donner, sans impact sur le niveau d'éveil de l'animal et bien toléré à la dose journalière recommandée, cet aliment complémentaire présente des atouts pour préserver le bien-être des animaux de compagnie et de leurs maîtres confrontés à des situations déstabilisantes durables ou récurrentes.

Cependant, cette étude présente certaines limites quant à son interprétation qui sont notamment liées à l'absence de groupe contrôle et à un échantillon relativement faible de chiens inclus. Il sera donc nécessaire de confirmer ces premiers résultats par d'autres études cliniques (ACO6080624).

Références bibliographiques

1 Bradshaw J. In Defence of Dogs : Why Dogs Need Our Understanding. Penguin Press, London, 2011.

2 Sargisson RJ. Canine Separation Anxiety : Strategies for Treatment and Management. Veterinary Medicine : Research and Reports, 2014, 5, 143-151.

3 Sherman BL, Mills DS. Canine Anxieties and Phobias : An Update on Separation Anxiety and Noise Aversions. Veterinary Clinics of North America : Small Animal Practice, 2008, 38, 1081-1106.

4 Tod E, Brander D, Waran N. Efficacy of Dog Appeasing Pheromone in Reducing Stress and Fear Related Behaviour in Shelter Dogs. Applied Animal Behaviour Science, 2005, 93, 295-308.

5 King JN, Simpson BS, Pageat P, Overall KL, Appleby D, Ross C, Chaurand JP, Heath S, Beata C, Weiss AB, Muller G, Paris T, Bataille BG, Parker J, Petit S, Wren J, The CLOCSA Group. Treatment of Separation Anxiety in Dogs with Clomipramine: Results from a Prospective, Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled, Parallel-Group, Multicenter Clinical Trial. Applied Animal Behaviour Science, 2000, 67, 255-275.

6 Sari A, Fukuda Y, Sakada T, Maekawa T, Ishikawa T. Effects of Psychotropic Drugs on Canine Cerebral Metabolism and Circulation Related to EEG-Diazepam, Clomipramine and Chlorpromazine. Journal of Neurology, Neurosurgery, and Psychiatry, 1975, 38, 838-844.

7 Sanchez-Araujo M, Puchi A. Acupuncture Prevents Relapses of Recurrent Otitis in Dogs : A 1-Year Follow-Up of a Randomized Controlled Trial. Acupuncture in Medicine, 2011, 29, 21-26.

8 Kidd JR. Alternative Medicines for the Geriatric Veterinary Patient. Veterinary Clinics of North America : Small Animal Practice, 2012, 42.

9 Chapman SF. Homeopathic and Integrative Treatment for Feline Hyperthyroidism - Four Cases 424 (2006-2010). Homeopathy, 2011, 100, 270-274.

10 Neumann S, Stolt P, Braun G, Hellmann K, Reinhart E. Effectiveness of the Homeopathic Preparation Zeel Compared with Carprofen in Dogs with Osteoarthritis. Journal of the American Animal Hospital Association, 2011, 47, 12-20.

11 Gingerich DA, Strobel JD. Use of Client-Specific Outcome Measures to Assess Treatment Effects in Geriatric, Arthritic Dogs : Controlled Clinical Evaluation of a Nutraceutical. Veterinary Therapeutics, 2003, 4, 376-386.

12 Araujo JA, Landsberg GM, Milgram NW, Miolo A. Improvement of Short-Term Memory Performance in Aged Beagles by a Nutraceutical Supplement containing Phosphatidylserine, Ginkgo biloba, Vitamin E and Pyridoxine. Canadian Veterinary Journal, 2008, 49, 379-385.

13 Kato M, Miyaji K, Ohtani N, Ohta M. Effects of Prescription Diet on Dealing with Stressful Situations and Performance of Anxiety-Related Behaviors in Privately Owned Anxious Dogs. Journal of Veterinary Behavior, 2012, 7, 21-26.

14 Wells DL. Aromatherapy for Travel-Induced Excitement in Dogs. Journal of the American Veterinary Medical Association, 2006, 229, 964-967.

15 Beata C et al. Effect of alpha-casozepine on anxiety in cats, Journal of Veterinary Behavior, Volume 2, Issue 2, March-April 2007, Pages 40-46.

16 Lopera S, Maritza LM, Rincon S, Tatiana C, Mazo P, Moreno F, Alfredo O, Montoya JE. Byproducts of Aquaculture Processes : Development and Prospective Uses. Review. Vitae, 2018, 25(3), 128-140.

17 Wamiz. Zylkene Plus testé chez 251 chats et chiens, 2022.

18 Landsberg G, Hunthausen W, Ackerman L. Behavior Problems of the Dog and Cat. Saunders, Edinburg, 2013, Elsevier Ltd.

Tableau 1 - Grille d'évaluation du score des troubles du comportement liés à la séparation (STCS).
Tableau 2 - Echelle d'évaluation des problèmes émotionnels et cognitifs (ETEC).
Tableau 3 - Evaluation du score de la qualité de vie (QoL).
Figure 1 : Schéma de l'étude
Figure 2 : Evolution des scores entre J0 et J30

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1724

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