École vétérinaire privée : le syndicat de l'enseignement technique agricole dit non et alerte les sénateurs

Sous couvert de tension sur le nombre insuffisant de vétérinaires notamment dans les zones rurales, cette mesure vise à privatiser un nouveau pan de l'enseignement supérieur, dénonce le Snetap-FSU.

© Wavebreakmeviamicro - Fotolia.com

Enseignement

Le Syndicat national de l'enseignement technique agricole public-Fédération syndicale unitaire (Snetap-FSU) s'oppose, dans un communiqué du 20 octobre, à une cinquième école vétérinaire privée (ici), projet porté par l'institut privé UniLaSalle, et réitère son point de vue, le 21 octobre, en alertant les sénateurs (ici) sur l'amendement au débat sur la loi de programmation de la recherche déposé pour rendre cette ouverture possible.

« Le projet d'ouverture d'une école vétérinaire supplémentaire dans le privé est évoqué depuis nombreuses années, et des ébauches sont régulièrement présentées. Mais pour concrétiser une telle ouverture, il faudrait une modification du Code rural (législatif et réglementaire), ce à quoi se sont toujours refusés les derniers gouvernements, car une telle modification ne serait pas sans conséquence dans le pays qui a fondé, au 18e siècle, la médecine vétérinaire et son enseignement, avant d'essaimer en Europe et dans le monde », explique le syndicat.

Pour le Snetap-FSU, « la possibilité d'une formation des vétérinaires renvoyée au privé est inacceptable car, sous couvert de tension sur le nombre insuffisant de vétérinaires notamment dans les zones rurales, cette mesure vise à privatiser un nouveau pan de l'enseignement supérieur et, de ce fait, à diminuer la capacité de recherche dans ce domaine et à le précariser alors que les écoles nationales vétérinaire publiques en ont la capacité si l'État leur donne les moyens humains et matériels correspondant ».

Des écoles avant tout professionnelles

« D'un point de vue pédagogique et de la recherche, ces écoles seront avant tout professionnelles et le volet « recherches » peu développé car onéreux et nécessitant un niveau de formation élevé des enseignants pour qu'ils soient des enseignants-chercheurs (EC) ; le niveau requis pour les enseignants de l'enseignement supérieur agricole privé est le master et non comme pour les EC le doctorat », s'inquiète le syndicat, dont l'argumentation rejoint, sur ce point, celle du SNVEL* et de la Fédération des syndicats vétérinaires de France (lire DV 1545).

« La qualité de l'enseignement passe notamment par les centres hospitaliers universitaires vétérinaires intégrés aux écoles publiques qui servent à la fois de support pédagogique pour la formation des étudiants vétérinaires aux sciences cliniques et support de recherche clinique. Ce n'est par ailleurs pas la volonté des défenseurs de cette mesure qui visent avant tout à transmettre des compétences professionnelles plus que concourir à la progression des connaissances dans les sciences vétérinaires », souligne aussi le Snetap-FSU, qui développe également, à l'appui de son opposition au projet, des arguments budgétaires, sociétaux, réglementaires et éthiques. M.J.

* SNVEL: Syndicat national des vétérinaires d'exercice.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1546

Envoyer à un ami

Mot de passe oublié

Reçevoir ses identifiants