BI Journée mondiale des vétérinaires

Dog friendly  : une approche sûre, éthique et efficace pour la prévention des morsures à la clinique

Sécurité, efficacité et éthique sont trois objectifs clés de la manipulation.

© D.R.

Maud LAFON

Comportement

La prévention des morsures canines en clinique vétérinaire s'envisage en amont et se raisonne à l'échelle de toute la structure. Notre confrère Antoine Bouvresse, diplômé en comportement, a donné des conseils pour tendre vers le low stress handling, soit des manipulations le moins stressantes possibles pour le chien.

Pour gérer les manipulations de chiens difficiles à la clinique, l'approche dog friendly a fait ses preuves. Plus large que le medical training , l'approche dog friendly au sein d'une clinique vétérinaire se raisonne à l'échelle de la structure et de son personnel pour faciliter le soin de chiens peu coopératifs.

« Le medical training est un concept passionnant mais qui ne marchera pas forcément en clinique vétérinaire car il nécessite des compétences pour l'entraînement des animaux, de la motivation et surtout du temps. En clinique, il est préférable de s'orienter vers le low stress handling, c'est-à-dire des manipulations à bas niveau de stress, et de l'appliquer à tous les chiens », a expliqué notre confrère Antoine Bouvresse, diplômé en comportement, lors de la Journée de l'Association de protection vétérinaire, le 19 mars, à Centravet Alfort.

Conditionner/leurrer

Parmi les méthodes qui fonctionnent, il a cité celle qui consiste à conditionner/leurrer : le vétérinaire manipule un chien en le gavant d'un aliment qui a une haute valeur pour lui.

L'approche dog friendly ne concerne pas que les manipulations de chiens agressifs mais comporte aussi un volet prévention.

Notre confrère a rappelé que la majorité des blessures de vétérinaires sont liées à une communication agressive du chien générée dans la très grande majorité des cas par la peur. La prévention se raisonne à toutes les étapes de la venue du chien en clinique : salle d'attente, consultation, hospitalisation.

Le planning est donc aussi un élément central de l'approche dog friendly et notre confrère a déconseillé l'accueil sans rendez-vous, source de stress pour le vétérinaire, les propriétaires et leurs animaux.

Evaluer la collaboration du propriétaire

Garder le maître ou non pendant la consultation est une question à étudier au cas par cas. Une étude récente* a montré que ce facteur n'avait pas d'effet majeur sur le stress du chien mais que l'animal entrait plus facilement en salle de consultation en présence de son propriétaire. Il est également plus détendu pendant sa phase d'exploration de cette salle.

« Votre chien pourrait-il vous mordre si vous le tenez ? » est la question qu'Antoine Bouvresse a conseillé de poser au propriétaire pour influencer la décision du praticien. En général, la réponse est claire, a-t-il constaté, et permet de savoir si le vétérinaire va pouvoir compter sur le maître ou pas.

Moins évidente à classer parmi les situations à risque, celle dans laquelle le chien est très proche de son maître, lui monte dans les bras, le colle, peut être tout aussi compliquée à gérer pendant les manipulations.

Un conseil de sécurité consiste à toujours se positionner le plus loin possible de la tête du chien et anticiper en demandant au propriétaire de garder la tête du chien vers lui en maintenant une main au niveau du cou pour empêcher l'animal de tourner la tête. « Le chien tourne toujours la tête du côté où il est manipulé » , a rappelé le conférencier.

Garde haute

Sécurité, efficacité et éthique sont trois objectifs clés de la manipulation.

64 % des accidents chez le vétérinaire sont liés à des agressions par des animaux (source : Ameli) et les mains, bras et visage sont les parties du corps les plus touchées. La garde haute est donc une notion à appliquer.

Autres recommandations données par l'intervenant : ne pas donner de friandises à la main (les jeter par terre) et ne pas tenter de rattraper un chien agressif qui saute de la table de consultation.

Très utilisée avec le chat, la serviette éponge est aussi un outil utile chez les chiens de petite taille (moins de 15 kg).

Avec des maîtres compétents, leur demander de museler l'animal avant la venue en clinique est très utile. Plus facile à utiliser que le lien, la muselière est également moins invasive et moins douloureuse.

Apprentissage de la muselière

Demander aux propriétaires d'apprendre à mettre une muselière à leur chien, avec l'aide d'un éducateur, fait partie de l'approche dog friendly.

Ne jamais garder vigile dans le chenil un chien stressé ou difficile est également un impératif.

En termes de tranquillisation, Antoine Bouvresse préconise l'usage du Stresnil ND, hors AMM et per os (40 mg/m2 (1 ml/m²)), une demi-heure avant l'entrée dans la clinique ou de la médétomidine hors AMM per os.

Filmer les consultations avec les chiens difficiles permet une analyse a posteriori utile pour les cas ultérieurs.

* Girault C. et al., Dog behaviours in veterinary consultations : Part 1. Effect of the owner's presence or absence, The Veterinary Journal, Volume 280, February 2022, 105788.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1618

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