Covid-19 : Loïc Dombreval appelle Emmanuel Macron à intégrer des vétérinaires au conseil scientifique

Notre confrère souligne que les vétérinaires sont associés à la gestion de la crise sanitaire Covid-19 dans certains pays comme l'Allemagne et la Chine.

© D.R.

Michel JEANNEY

Pierre-Louis HELMREICH

Santé publique

Dès le 30 octobre, notre confrère député Loïc Dombreval a appelé le président de la République à intégrer des vétérinaires au conseil scientifique en charge de suivre la pandémie de Covid-19. Cette démarche a, depuis, reçu le soutien de l'Académie vétérinaire de France et du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires.

Dans un courrier du 30 octobre adressé au président de la République, notre confrère député Loïc Dombreval, par ailleurs président du Groupe d'étude Condition animale à l'Assemblée nationale, invite Emmanuel Macron à « enrichir (son) conseil scientifique (sur la Covid-19) en y intégrant des vétérinaires ».

Ce serait, selon lui, « un premier signal fort du décloisonnement indispensable des médecines humaine et vétérinaire au niveau national ». « 75 % des maladies infectieuses émergentes sont d'origine animale », rappelle-t-il.

Grande connaissance des coronavirus

« Leur grande connaissance des coronavirus (les vétérinaires les ont découverts), leur connaissance de l'épidémiologie prédictive et populationnelle, leur maîtrise des dynamiques de diffusions microbiennes qu'ils utilisent quotidiennement dans la course contre la montre que représente la lutte contre une épidémie animale, vous seront d'un grand apport », écrit-il.

Notre confrère souligne aussi que « les vétérinaires sont associés à la gestion de la crise sanitaire Covid-19 dans certains pays : Allemagne, Italie, Chine, Belgique, pour ne citer que ces exemples ».

« Ils dirigent même la gestion de crise en Allemagne et en Chine. Dans ces deux derniers pays, on peut constater, par exemple, que les tests ont été effectués précocement en mobilisant largement les laboratoires vétérinaires et que les mesures barrières, dont le port du masque, ont été mises en place dès le début de l'épidémie », complète le député.

Promotion du concept One Health

Il rappelle également que « l'Académie vété­rinaire de France, l'Académie nationale de médecine et l'Académie de pharmacie ont récemment indiqué que la pandémie actuelle était l'occasion, pour la préservation de la santé de l'humanité, de mettre concrètement en pratique le concept One health - Une seule santé ».

Et d'ajouter enfin : « Le deuxième signal serait la promotion par la France de la stratégie One Health au niveau européen et international ».

Loïc Dombreval a, depuis, reçu le soutien de l'Académie vétérinaire de France, ainsi que celui du Conseil supérieur de l'Ordre des vétérinaires (Cnov).

Ainsi, l'Académie vétérinaire, qui souligne, depuis mars, la nécessité d'associer les vétérinaires à la gestion de la crise de la Covid-19, a annoncé, le 5 novembre, soutenir le député.

« Peu sollicités jusqu'à présent, les vétérinaires sont des experts ayant une connaissance fine des coronavirus et de leur gestion », affirme l'académie.

Les vétérinaires rencontrent quotidiennement les coronavirus et ont découvert des vaccins contre certains de ceux-ci, comme le vaccin contre la bronchite infectieuse de la volaille.

De plus, les services vétérinaires ont une grande expertise de gestion des crises sanitaires. « Ils sont confrontés à une crise majeure tous les cinq ans » , affirme l'académie, qui donne l'exemple de la peste porcine africaine et de l'influenza aviaire contre lesquels les vétérinaires sont actuellement en alerte.

300 000 tests par semaine

L'académie rappelle également que depuis qu'ils sont autorisés à réaliser des tests de dépistage PCR du Sars-CoV-2, les laboratoires vétérinaires départementaux en réalisent environ 300 000 par semaine et que des tests de détection de la Covid-19 ont été « développés par des entreprises ayant une forte expertise pour la détection de virus animaux » .

Enfin, en prenant l'exemple de la contamination d'élevage de visons au Danemark, l'académie considère que le risque de propagation épizootique du Sars-CoV-2 chez des animaux est réel.

« La crainte de nouvelles contaminations humaines à partir d'un nouveau réservoir animal est fondée et doit être intégrée dans la gestion de la crise », estime l'académie.

A son tour, le président du Cnov a adressé, le 12 novembre, un courrier à Emmanuel Macron lui demandant de nommer un vétérinaire au conseil scientifique chargé d'éclairer les décisions de l'exécutif pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

« Alors qu'on annonçait (le 11 novembre) également le lancement d'un Haut conseil mondial One Health par la France et l'Allemagne avec le soutien de l'Organisation mondiale de la santé, de l'Organisation mondiale de la santé animale et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, la nomination d'un vétérinaire au conseil scientifique constituerait la traduction concrète de ce concept Une seule santé », souligne Jacques Guérin.

Un délégué interministériel One Health ?

Le président du Cnov rappelle dans son courrier que les vétérinaires disposent « d'indéniables compétences en matière de gestion des crises sanitaires animales ou de santé publique à l'échelle du territoire national ainsi que dans la compréhension des contagions inter-espèces ».

Il explique que cette demande est « encou­ragée par le ministre en charge de l'agri­culture » et qu'elle « fait suite au courrier » en ce sens de Loïc Dombreval du 30 octobre dernier.

Le président du Cnov « appelle également de ses voeux la création d'un poste de délégué interministériel qui aurait pour mission de donner corps au concept One Health en intégrant santé humaine, santé animale et santé environnementale dans une gestion globale ». 

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1549

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