Covid-19 : des tigres et des lions positifs au zoo de New-York

Le premier tigre a commencé à montrer des signes de maladie le 27 mars.

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Maud LAFON

Faune sauvage

Deux tigres et trois lions du zoo de New-York ont été dépistés positifs au Sars-CoV-2 début avril. Les animaux avaient tous présenté des signes cliniques légers et passagers. L'origine de leur contamination semble être un soigneur malade du Covid-19. Ces nouvelles données ont amené l'Association française des parcs zoologiques à conseiller aux établissements de respecter les mesures barrières habituelles pour protéger les animaux.

Le Zoo du Bronx, à New-York, a annoncé, le 4 avril, la découverte de tigres et de lions positifs au Sars-Cov-2 par test PCR sur des prélèvements de l'arbre respiratoire.

Le zoo est fermé au public depuis mi-mars et le premier tigre a commencé à montrer des signes de maladie le 27 mars.

Le département de l'Agriculture des Etats-Unis (USDA) devait informer l'Organisation mondiale de la santé animale de ce résultat. Celle-ci devait émettre une alerte sanitaire qui l'amènera probablement à considérer le Sars-Cov-2 comme un pathogène animal à déclaration obligatoire, ce qui rend d'autant plus important la vigilance vétérinaire.

« Pour l'heure, l'USDA et les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ne recommandent pas de tests de routine sur les animaux pour le virus du Covid-19 », précise notre consoeur Agnès Poirier, conseiller agricole adjoint à l'ambassade de France, à Washington.

Soigneur à l'origine

Suite à cette annonce de cas positifs chez des félidés sauvages, l'Association française des parcs zoologiques, par la voix de sa présidente Cécile Erny, a précisé plusieurs informations : « L'origine de l'infection des animaux semble être un soigneur, vraisemblablement asymptomatique au moment de la transmission et tombé malade peu après ; les animaux ont présenté une toux et parfois des éternuements, pas d'écoulement nasal ou oculaire comme pour un coryza par exemple ; une légère anorexie a parfois été observée ; tous les signes cliniques sont légers, passagers et rétrocèdent avec des traitement symptomatiques ; seuls 5 animaux (un tigre de Sibérie, un tigre de Malaisie et 3 lions) ont été concernés ; aucun signe n'a été constaté sur les autres animaux de la collection de félidés, y compris en contact » .

Des études scientifiques ont déjà mis en évidence la sensibilité des félidés et mustélidés aux infections par le coronavirus Sars-CoV-2, en lien notamment avec la similitude des récepteurs cellulaires entre l'Homme et ces carnivores.

Passage loin d'être systématique

Cependant, le passage du virus de l'Homme à l'animal « est loin d'être systématique en-dehors des cas de très forte proximité (chat vivant en milieu clos avec une personne infectée 24 heures sur 24) », précise la directrice de l'association en rappelant que « si une étude faite à Wuhan fait état de 15 % des chats séropositifs (étude encore non revue), on peut aussi en retenir que 85 % de cet échantillon était séronégatif »

Elle souligne également qu'à l'heure actuelle, les faits scientifiques sur le sujet viennent de deux types d'études différentes : infections expérimentales de carnivores domestiques avec des hautes doses infectieuses de virus, directement dans le nez/la trachée ou études rétrospectives et prospectives sur les populations de chats (et de chiens) en milieu contaminé.

« Aucune de ces études ne place les félidés comme réservoir potentiel de virus à cette heure. Il semble que, si les félins peuvent présenter des signes cliniques modérés (par rapport aux symptômes humains), les charges virales retrouvées sont présentes de façon courte dans le temps (rapide retour au stade asymptomatique) et en quantité inconnue (donc au pouvoir infectieux non déterminé, ni pour l'Homme, ni pour les autres félins) », insiste Cécile Erny.

Rôle incertain des félins

Par conséquent, « le rôle des félins comme source de contamination pour les autres animaux, l'environnement et enfin pour l'Homme est encore très incertain et supposé limité » .

Cependant, au vu de ces éléments, l'association conseille aux parcs zoologiques d'appliquer aux mustélidés et félidés les mêmes mesures barrières qu'entre les humains (distanciation entre le personnel soigneur et le carnivore ou port de masque si la distance ne peut être respectée, bonnes pratiques d'hygiène, écarter les employés ayant un statut douteux vis-à-vis du Covid-19, etc.).

Concernant les primates anthropoïdes, « les mesures barrières doivent normalement être appliquée depuis le début de la crise conformément aux recommandations du Tag Great Apes en application du principe de précaution. Cela peut également être élargi aux singes de l'ancien monde car les modèles macaques et babouins répondent très bien à l'infection Sars-Cov-2 ».

L'Association française des vétérinaires de parcs zoologiques a, par ailleurs, mis en place une étude avec l'Institut Pasteur pour le suivi des espèces sensibles en parc zoologique, à commencer par les carnivores (félidés et mustélidés en priorité). Dans ce cadre, les tests réalisés sur les animaux pourront être pris en charge.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1524

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