Connaître les maladies cutanées liées à l'alimentation

Dermatite atopique d'origine alimentaire.

© Emmanuel Bensignor

Emmanuel BENSIGNOR

Spécialiste en dermatologie

Consultant 35510 Cesson-Sévigné, 75003 Paris, 44000 Nantes et 13008 Marseille

Dermatologie

Hormis les intolérances ou allergies alimentaires, bien documentées chez le chien, un certain nombre de déficits nutritionnels peuvent être responsables de dermatoses que le praticien doit connaître car elles font partie intégrante du diagnostic différentiel en dermatologie*.

Dermatose améliorée par le zinc

La dermatose améliorée par le zinc peut survenir soit dans des races prédisposées génétiquement (husky, malamute, samoyède), soit chez des chiens de grande race en croissance, surtout (mais pas exclusivement) si la ration est déséquilibrée.

Dans le premier syndrome, il existe une anomalie génétique de l'absorption du zinc qui est à l'origine de la carence et des signes cutanés.

Dans le second syndrome, certains nutriments (notamment les phytates) sont à l'origine d'une compétition intestinale pour l'absorption du zinc responsable de la carence.

Le zinc est un oligo-élément important à différents niveaux dans la peau car il participe à la synthèse protéique et intervient comme antioxydant. Sa présence en quantité insuffisante est donc responsable de lésions cutanées qui regroupent des plaques, des croûtes, une alopécie et un érythème au niveau des points de pression, dans les régions cutanéo-muqueuses, sur les coussinets et parfois le chanfrein.

Le prurit est variable mais peut, dans notre expérience, être important.

Nous avons eu l'occasion de faire le diagnostic chez plusieurs jeunes chiens labradors qui étaient référés pour un diagnostic allergologique différentiel.

Le diagnostic, essentiellement clinique, repose sur l'examen histopathologique de biopsies cutanées qui montrent une hyperkératose parakératosique majeure confirmant la suspicion.

Le traitement nécessite un rééquilibrage de la ration alimentaire et une supplémentation en zinc (qui doit souvent être envisagée au long cours).

Dermatose améliorée par
la vitamine A

La dermatose améliorée par la vitamine A est rapportée chez le cocker. On note une hyperkératose marquée avec apparition de squames adhérentes, parfois des croûtes, surtout localisées sur le tronc et l'abdomen. Le prurit est variable.

Une supplémentation en vitamine A (100 à 600 UI/kg) permet de régler le problème.

Carence en acides gras

Une carence en acides gras a été anecdotiquement rapportée chez des chiens mal ou sous-alimentés, ou encore en cas de stockage trop long du sac d'aliment ou à une température trop élevée (qui provoque alors une oxydation des acides gras essentiels).

Les chiens présentent alors un squamosis, des poils secs et cassants, une alopécie. Des infections secondaires sont fréquentes.

Allergies alimentaires

Les « allergies » alimentaires sont considérées comme rares par certains auteurs et fréquentes par d'autres ! Sous ce terme sont regroupées les allergies « vraies » (dues à une hypersensibilité de type I) et toutes les réactions anormales suite à l'ingestion d'un aliment (qu'elles soient pharmacologiques, métaboliques, idiosyncrasiques ou d'intoxication).

Les signes cliniques sont variés : réactions urticariennes, parfois avec oedème de Quincke, fistules anales, dermatite atopique...

Le prurit est constant. Les tests d'allergie n'ont à l'heure actuelle pas d'intérêt, hormis les patch-tests (tests épicutanés qui ont une bonne valeur prédictive négative).

Un test par Western blot est depuis peu disponible : il ne permet pas d'objectiver l'allergie mais peut permettre d'aider le clinicien pour choisir les aliments à utiliser pour le régime d'éviction.

Ce dernier doit durer au moins 8 semaines et il est indispensable en cas d'amélioration de la dermatose de réaliser une épreuve de provocation afin de confirmer le diagnostic et de déterminer le(s) aliment(s) en cause.

* D'après un article de S. Paterson : Diet related skin conditions, Clinicians Brief 2016.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1467

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