Chevaux tués et mutilés : les vétérinaires sont appelés à la vigilance

Ces atrocités sont perpétrées sur des équidés hébergés dans des prés isolés.

© M.L.

Maud LAFON

Maltraitance

Depuis avril, des actes de cruauté qui prennent la forme de mises à mort et de mutilations d'équidés se multiplient à travers la France sans qu'une piste précise ne se dégage concernant le ou les auteurs de ces faits. L'Avef*, l'Ordre et la Ligue française de protection du cheval appellent les vétérinaires à la vigilance et les incitent à faire part d'éventuels cas auxquels ils pourraient être confrontés.

Depuis avril et le premier signalement de plusieurs faits d'actes de cruauté envers des équidés à un service de gendarmerie de l'Aisne, des actes du même type se répètent à travers la France : des chevaux sont blessés, mutilés et tués par l'utilisation d'objets tranchants. Dans presque tous les cas, une oreille de l'animal est coupée.

Au total, entre janvier et juin, cinq faits identiques ont été recensés dans différentes régions françaises (Normandie, Massif-Central, Bourgogne, Franche-Comté notamment) et, fin août, le nombre de cas frôlait la trentaine.

La précision avec laquelle certains organes ont été prélevés laisse, pour certains, supposer des connaissances en anatomie de la part du ou des auteurs de ces actes.

Ces faits, perpétrés sur des chevaux, ânes ou poneys et même un veau, dans divers départements, ont conduit à diligenter une enquête nationale en plus de la dizaine d'enquêtes départementales déjà ouvertes pour « actes de barbarie » .

Avef et Ordre solidaires

L'Avef* se dit solidaire de l'action de la Direction générale de l'alimentation dans l'enquête sur ces actes de cruauté et exhorte les vétérinaires à la vigilance pour mettre fin à ces agissements. Elle les convie, s'ils ont connaissance de faits similaires dans leur département, à inciter les propriétaires d'équidés concernés à porter plainte auprès de la gendarmerie en lui précisant de prendre contact avec l'OCLAESP**, et de signaler ces cas à la DGAL***.

Le Conseil national de l'Ordre des vétérinaires suit la même ligne. Il précise avoir été informé de ces cas par le ministère de l'Agriculture et « condamne fortement ces sévices cruels, barbares et intolérables envers les chevaux » en espérant que « les auteurs pourront être très rapidement identifiés et traduits en justice » . L'Ordre annonce à ce propos « qu'il se portera partie civile au titre de la protection des animaux et de la défense de leur bien-être comme il l'avait fait dans une récente affaire de torture de chats » .

L'Ordre « demande l'aide des vétérinaires ainsi que de toute personne susceptible de conduire à l'identification des auteurs de ces actes de barbarie et à leur arrêt » .

Porter plainte

Il invite les vétérinaires ayant connaissance de tels faits à « inciter les propriétaires des équidés mutilés à porter plainte auprès de la gendarmerie même si l'animal en réchappe » et à « signaler les cas dont (ils auraient) connaissance à la Brigade nationale d'enquête vétérinaire et phytosanitaire » ***.

La Fédération française d'équitation (FFE) a annoncé qu'elle allait elle aussi se porter partie civile auprès des propriétaires ayant déposé plainte.

Aucune hypothèse n'est pour l'instant retenue. Pour Serge Lecompte, président de la FFE, interrogé par Libération , le 20 août, il pourrait s'agir d' « une équipe ou bien de groupes qui se lancent des paris ou des défis (pour) aller dans la surenchère de la cruauté » qu'il qualifie de « gratuite » et « sans explication rationnelle » mais qui semble bien être le mobile.

Cas similaires en Europe

Il précise que des cas similaires ont été rapportés en Allemagne et en Belgique. D'autres pays européens pourraient être concernés et notamment la Grande-Bretagne.

Les enquêteurs craignent par ailleurs que la médiatisation dont ces actes font l'objet n'entraîne une émulation malsaine, auto-entretenue sur les réseaux sociaux.

La Ligue française pour la protection du cheval (LFPC) a alerté les gendarmes sur une secte condamnée pour maltraitance animale sur des chevaux lors d'un procès en 2015.

Parmi les recommandations données aux propriétaires d'équidés figurent, bien sûr, la vigilance et, si possible, il est conseillé de rapprocher les animaux le plus possible des habitations pour pouvoir les surveiller et de retirer leur licol pour ne pas faciliter leur contention. L'OCLAESP préconise aussi d'installer des caméras utilisées par les chasseurs, qui se déclenchent au moindre mouvement.

Chez les propriétaires, la psychose enfle et ceux concernés par ces atrocités ont constitué, en juin, un groupe Facebook intitulé « Justice pour nos chevaux » qui regroupait déjà près de 17 000 membres au 28 août.

Le 26 août, la diffusion du portrait-robot d'un des auteurs présumés, surpris en action par un propriétaire de l'Yonne, a été diffusé dans l'espoir de faire avancer l'enquête.

* Avef : Association vétérinaire équine française.

** OCLAESP : Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique.

*** Par courriel à l'adresse : bnevp.dgal@agriculture.gouv.fr en mettant en objet du message : Mutilations de chevaux.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1538

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