Vétérinaires et élections législatives : au-delà du scrutin, l'occasion de mettre en avant la cause animale
Mercredi 1 Juin 2022 Vie de la profession 44063Combien de sièges seront occupés par des vétérinaires parmi les 577 que compte l'Assemblée nationale? Réponse le 19 juin.
© David Debray-Adobe
Maud LAFON
Politique
Un seul vétérinaire, notre confrère Loïc Dombreval, siégeait à l'Assemblée nationale lors de la dernière législature. Combien seront-ils à l'issue du deuxième tour du scrutin le 19 juin ? La probabilité de voir la représentation professionnelle augmenter est faible quand on sait que la majorité des confrères qui se sont portés candidats l'ont fait sous l'égide d'un parti qui ne se revendique pas comme un parti de gouvernement mais se dédie à la protection animale : le Parti animaliste. C'est cependant un signal fort de l'engagement des vétérinaires sur ces questions sociétales qu'on les accuse de snober.
Une vétérinaire engagée pour le Parti animaliste aux élections législatives de 2017. Quatre nouveaux visages en 2022 pour ce parti qui a choisi un thème unique de positionnement politique : la cause animale. Un beau score, surtout au sein d'une profession dont le désengagement de la vie politique au niveau national (mais pas forcément à l'échelon local) n'est plus caché.
Car les vétérinaires qui se sont déclarés candidats pour ces élections d'ampleur nationale ne sont pas nombreux...
Un seul vétérinaire siégeait à l'Assemblée nationale lors de la législature qui prend fin, notre confrère Loïc Dombreval, député La République en marche des Alpes-Maritimes. Il se repositionne le 12 juin sous l'étiquette Ensemble, qui regroupe les trois partis de la majorité présidentielle aux législatives (LREM, Modem, Horizons).
« Les vétérinaires sont happés par leur coeur de métier et s'investissent moins, par choix ou nécessité. C'est sans doute l'expression ou le résultat de la baisse d'influence de notre profession », constate notre confrère Laurent Perrin, président du SNVEL*.
Signal fort
Le ralliement politique au sein d'un parti monothématique, en lien avec l'activité professionnelle des vétérinaires, serait-il une nouvelle tendance ? C'est en tout cas un signal fort de l'engagement de la profession, ou tout au moins d'une partie de ses représentants, pour des problématiques sociétales qui ont émergé ces dernières années et dont les vétérinaires ne semblaient pas pressés de s'emparer : la cause animale et la relation Homme-animal.
Ainsi, sur les cinq candidats vétérinaires que nous avons recensés, de façon certainement (espérons-le ?) non exhaustive, à l'approche du scrutin, les 12 et 19 juin, quatre se présentent sous l'étiquette d'un parti à la marge avec en tête davantage la volonté de faire avancer la condition animale dans notre pays plutôt que de réelles volontés électorales.
Hauts-de-France en première ligne
A noter aussi dans les rangs des candidats animalistes, deux auxiliaires vétérinaires, Thomas Moulins, dont nous avons recueilli le témoignage, et Vanessa Bourel, candidate dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais, tandis qu'une consoeur, Brigitte Blanc, est suppléante dans le Finistère et une auxiliaire vétérinaire, Nancy Gérard, suppléante dans le Vaucluse.
La région Hauts-de-France est par ailleurs particulièrement bien représentée avec trois candidats vétérinaires sur les quatre déclarés au nom du Parti animaliste.
Le seul vétérinaire sortant de l'Assemblée nationale, Loïc Dombreval, se présente dans sa circonscription des Alpes-Maritimes.
A part lui, les confrères qui avaient tenté l'expérience de la candidature en 2017 ne se sont pas représentés pour ces élections.
Cette faiblesse numérique n'a pas entravé les avancées obtenues par la profession au cours de la dernière législature. Ainsi, Laurent Perrin cite la loi contre la maltraitance animale, soutenue par Loïc Dombreval, comme « une initiative parlementaire importante ».
Mesures sur la formation vétérinaire
D'autres décisions ont, selon lui, eu un impact sur la profession. Elles émanaient du gouvernement mais ont été validées par les parlementaires à l'instar des propositions du ministre de l'Agriculture concernant la formation vétérinaire avec l'ouverture, mal perçue dans la profession, d'un cursus vétérinaire privé et un plan de renforcement des écoles nationales vétérinaires.
Le président du SNVEL souligne également « la prise en compte de la problématique de la présence vétérinaire dans les territoires, la reconnaissance de l'importance de l'activité auprès des animaux de compagnie avec la mise en place de l'Observatoire des carnivores domestiques », d'autres propositions du ministère de tutelle.
Il se félicite aussi de l'approbation parlementaire de mesures émanant d'autres ministères concernant la profession comme « la loi sur les professions libérales avec la mise en place des indemnités journalières, l'amortissement des fonds libéraux et la protection du patrimoine privé ».
Être force de proposition
Les combats professionnels qui seront menés devant la prochaine législature seront tout aussi nombreux, annonce Laurent Perrin. « Nous avons des dossiers ouverts depuis bien longtemps sur lesquels le consensus professionnel est acquis (réforme du suivi sanitaire permanent, délégation d'actes, etc.) mais pour lesquels il nous manque un véhicule législatif adéquat : une loi vétérinaire ! C'est l'impérieuse nécessité de ce texte qu'il nous faudra porter auprès de parlementaires ».
Il espère pour cela, plutôt qu'une aide de la part de l'Assemblée nationale, pouvoir initier avec les députés « une vraie synergie ».
« Nous devons être non seulement force de proposition mais aussi être reconnus par les parlementaires comme les partenaires indispensables lors de l'élaboration des textes qui portent sur les sujets concernant les vétérinaires et les rapports Homme-animal. Nous consulter doit devenir une évidence, un réflexe sur ces sujets où notre expertise est pertinente, que les parlementaires soient vétérinaires ou non », poursuit-il.
D'ailleurs, la perspective de voir la donne numérique changer à l'issue des élections à venir n'est pas acquise. Les chances de voir de nouveaux représentants vétérinaires parmi les 577 députés semblent en effet bien minces et, au mieux, la représentation de la profession restera unipersonnelle.
Intérêt des citoyens pour la cause animale
Ce n'est pas un problème ni un frein pour nos confrères animalistes qui espèrent, malgré tout, concrétiser, par leur score, l'intérêt des citoyens pour la cause animale et inspirer ainsi d'autres formations politiques.
Cette sensibilisation a été amorcée par le collectif Engagement Animaux 2022 (lire DV n° 1611 et 1619) qui applique aux candidats aux élections législatives le même traitement qu'à ceux aux présidentielles, une notation au regard de leur programme en faveur des animaux.
Les vétérinaires réussiront-ils le doublé de siéger plus nombreux à l'Assemblée nationale et d'être les premiers députés animalistes de France ? Réponse les 12 et 19 juin. ■
* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.
Loïc Dombreval : « La profession s'isole des questions de société »
Seul vétérinaire député lors de la dernière législature, notre confrère Loïc Dombreval se représente dans la 2e circonscription des Alpes-Maritimes. Lui qui s'est positionné et a réussi à faire adopter une loi parlementaire sur la condition animale, se félicite que plusieurs vétérinaires se présentent au nom du Parti animaliste mais déplore le manque de vocation politique au niveau national de la profession. Ce désengagement signe aussi leur mise en retrait de questions sociétales pourtant essentielles et sur lesquelles ils sont attendus.
■La Dépêche Vétérinaire : Vous terminez votre première législature et étiez le seul vétérinaire de l'Assemblée nationale. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Loïc Dombreval, député LREM de la 2e circonscription des Alpes-Maritimes, candidat à sa succession : Député est une fonction qui demande du temps, environ un an, pour en prendre toute la mesure. Passer de ma fonction de maire d'une commune de 20 000 habitants, Vence, à celle de député, c'est un peu comme si en football on était propulsé en Ligue 1 après avoir joué au niveau départemental. Les repères, les enjeux, l'envergure et la diversité des missions sont différents et réclament un temps d'adaptation.
Je me suis rapidement rendu compte que, pour être efficace, il me faudrait circonscrire mon champ d'intervention et me focaliser sur un thème qui me tient à coeur pour le traiter à fond, en l'occurrence la condition animale dont je m'étais déjà emparée à l'échelle locale.
J'ai la satisfaction de l'avoir porté jusqu'au bout en ayant été capable non seulement de faire voter mes amendements mais d'être rapporteur général d'une loi d'origine parlementaire, le Graal pour un député ! C'est un motif de satisfaction énorme car nous sommes peu nombreux à mener ce cheminement à terme.
Si on est tenace et à la limite de l'obsessionnel, c'est la preuve que la fonction de député est utile et que nous servons à quelque chose.
■ D.V. : Qu'est-ce qui vous a poussé à vous représenter ?
L.D. : C'est justement cette prise de conscience de la pertinence du poste de député qui me pousse à me représenter pour aller encore plus loin dans les sujets que j'affectionne et pour lesquels je me sens particulièrement compétent. De nombreux députés ne se représentent pas en raison d'un sentiment d'incapacité à agir. Ce n'est pas mon cas.
J'ai envie d'effectuer un autre mandat pour approfondir le sujet de la cause animale et l'élargir aux questions de biodiversité, de One Health, des déserts médicaux, tant humains que vétérinaires, de vulnérabilité, etc.
■D.V. : La plupart des confrères qui se présentent à ces élections le font sous l'étiquette du Parti animaliste. Que vous inspire cette situation ?
L.D. : L'adhésion de vétérinaires à ce mouvement ne fait que confirmer sa montée, certes lente mais inexorable car elle répond à une attente sociétale.
Il est déjà difficile pour un parti de gouvernement d'obtenir des candidats de qualité dans toutes les circonscriptions françaises et le parti animaliste a réussi cet exploit presque partout. Pour un petit parti monothématique, c'est une réussite à souligner.
Que des vétérinaires soient candidats sous cette étiquette ne me semble pas illogique au regard des combats portés par ce parti politique. Cela va même de soi car les vétérinaires savent bien qu'il y a en France une série de sujets sur lesquels il faut qu'on réussisse à avancer et qui n'ont pu aboutir sous la première législature. Je pense notamment à la corrida, aux chasses traditionnelles, à l'élevage intensif, à l'expérimentation animale... Ce sont de vraies questions de société.
Ce petit parti politique en est le porte-voix et c'est une bonne chose.
■ D.V. : Pour autant, les vétérinaires semblent de moins en moins nombreux à se porter candidats, surtout au sein des partis de gouvernement. Comment l'analysez-vous ?
L.D. : Il ne semble pas y avoir ou très peu en effet de candidats vétérinaires portés par des partis de gouvernement à ces élections et cela m'apparaît comme un vrai problème.
Cela confirme une situation déjà vécue en 2017, voire même en pire puisqu'il semblerait qu'il n'y ait pas d'autres candidats vétérinaires potentiellement éligibles.
Cette situation interroge sur la vraie part que prend la profession vétérinaire dans les débats de société et cela m'inquiète.
Manifestement, un symptôme dans cette profession est sa volonté de s'isoler des questions de société alors qu'on a besoin d'elle.
Il semble y avoir un assez grand nombre de vétérinaires occupant des postes d'élus municipaux ou départementaux mais ils ne transforment pas l'essai pour s'installer dans des fonctions nationales.
Cette situation mérite réflexion. Elle se confirme d'ailleurs par l'absence d'un porte-parolat au nom des organisations professionnelles vétérinaires, ce qui se traduit par l'inexistence d'opérations professionnelles structurées pour défendre les intérêts vétérinaires au niveau ministériel.
A ce propos, le recours à un lobbying vétérinaire dédié me semblerait pertinent et utile. Les vétérinaires doivent s'organiser pour défendre leurs intérêts.
■D.V. : Qu'attendez-vous de la nouvelle législature qui se profile ?
L.D. : S'il y avait plus de vétérinaires dans les rangs de l'Assemblée nationale, cela faciliterait indéniablement les choses mais j'espère malgré tout, si je suis élu, pouvoir poursuivre mon combat pour l'amélioration de la prise en compte de la condition animale en France.
J'aimerais, comme je l'ai précisé, l'élargir aux questions de biodiversité et de One health sur lesquelles il y a matière à avancer politiquement et des propositions à faire au niveau législatif.
Puisque je connais maintenant le temps et l'énergie nécessaires pour faire avancer un seul sujet, je ne doute pas qu'il sera compliqué de mener plusieurs combats de front mais cela ne me freine pas.■
Thierry Bedossa : « Un vétérinaire doit dénoncer l'industrialisation du vivant »
Engagé depuis longtemps en protection animale, à travers notamment l'association qu'il a créée et qu'il préside, Agir pour la vie animale, notre confrère Thierry Bedossa, praticien en région parisienne, tente l'expérience en politique sous l'égide du Parti animaliste. Par ses connaissances du vivant, un vétérinaire est, selon lui, l'intervenant idéal pour faire avancer la cause animale à l'échelle nationale par cette approche politique.
■La Dépêche Vétérinaire : Vous vous présentez aux élections législatives dans la 4e circonscription de l'Oise. Est-ce votre première expérience en politique ? Qu'est-ce qui vous a poussé à la tenter ?
Thierry Bedossa, candidat pour le Parti animaliste dans la 4e circonscription de l'Oise : C'est ma première expérience. Je n'aurais jamais pensé m'engager en politique. Pour moi, la politique en démocratie en temps de paix, c'est vraiment une affaire de courtisans.
J'ai 40 ans de vie d'adulte et je n'ai aucune admiration pour aucun des hommes politiques que j'ai vu occuper les fonctions des élus de la République. J'ai de l'admiration pour les chercheurs, les artistes, les intellectuels, les penseurs, les paysans, les entrepreneurs, les aventuriers, les gens qui sont « habiles de leurs mains » mais je n'en ai vraiment pas beaucoup pour les politiciens.
J'ai répondu au débotté par une demande émise par l'une des co-fondatrices du Parti animaliste, Isabelle Yvos, qui était venue m'interviewer sur mon soutien à Hélène Thouy, candidate du Parti animaliste à la présidentielle.
J'ai immédiatement accepté sa proposition car mon engagement en politique est la suite logique des actions que je mène pour les animaux depuis 35 ans, en tant que vétérinaire et président-fondateur de l'association AVA - Agir pour la vie animale.
■ D.V. : Votre candidature se fait sous l'égide du Parti animaliste. Pourquoi ce choix ?
T.B. : J'ai derrière moi 35 ans de vie militante en tant que protecteur des animaux. J'ai contribué à sauver des dizaines de milliers d'animaux mais l'organisation de l'Etat français est toujours la même relativement à la relation que nous entretenons avec les animaux : il n'y a jamais eu autant d'animaux terrestres et aquatiques élevés et tués. Je vois de la cruauté partout : dans les abattoirs, dans les systèmes d'élevage intensif, dans l'expérimentation animale, dans la marchandisation du vivant... Tout cela est inacceptable.
Seul un candidat du Parti animaliste peut faire changer les choses parce qu'il est transpartisan et réellement engagé pour la cause qu'il défend.
M'engager pour le Parti animaliste est pour moi une manière de dire qu'aujourd'hui, au fond de moi, je suis vraiment convaincu que chaque animal est une personne, un individu. C'est pourquoi toutes les cruautés qui leur sont faites, et l'absence si importante de considération qui leur est portée, me sont devenues absolument insupportables. Industrialiser le vivant, c'est forcément maltraitant et cruel.
Pour moi, un vétérinaire ne peut accepter ça, et doit sans cesse le dénoncer.
■ D.V. : A chaque scrutin, les vétérinaires semblent de moins en moins nombreux à se porter candidats. Que vous inspire cette observation ?
T.B. : Les vétérinaires ont été des notables dans les campagnes pendant un siècle, au même titre que les médecins, les notaires et la plupart des autres professions libérales. Je pense que leur statut a énormément évolué. Ils ne sont probablement plus les notables qu'ils étaient auparavant.
Pourtant, nos connaissances relativement au vivant, elles, sont extrêmement précieuses à la collectivité. Nul mieux que nous ne peut comprendre l'élevage, l'existence des animaux domestiques, l'impact de nos modes d'exploitation agricole... Je déplore profondément que nous ne mettions pas nos connaissances à la disposition du plus grand nombre.
Attention, pour moi, un vétérinaire qui fait carrière en tant qu'inspecteur de santé publique vétérinaire n'a strictement rien à voir avec un vétérinaire qui fait carrière sur le terrain. Ses connaissances expérientielles et empiriques ne sont pas comparables. Son niveau d'engagement non plus.
■D.V. : Si vous êtes élu, comptez-vous poursuivre votre activité professionnelle à l'identique ? Votre activité vous semble-t-elle compatible avec des fonctions électives ?
T.B. : Je sais bien que mes chances d'être élu sont extrêmement minces. Mais pour moi, tous les changements de paradigme nécessaires à une vraie considération pour les animaux ne surviendront pas lors du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron. Sortir de cette logique où l'on considère exclusivement la rentabilité, la profitabilité, l'optimisation financière des filières, n'aura pas lieu durant ce quinquennat. Mais si on était prêts à ces vrais changements de paradigme, alors la France pourrait non seulement devenir la patrie des Droits de l'Homme mais aussi la nation des Droits des animaux.
Être vétérinaire, être praticien et passionné, soigner, sauver... c'est vraiment mon ADN. Cela est viscéralement enraciné en moi. Je n'envisagerai jamais d'arrêter ces activités.
■D.V. : Quels sont, selon vous, les atouts des vétérinaires en politique et les mettez-vous en avant au cours de votre campagne ?
T.B. : Nos connaissances du vivant sont extrêmement larges. Je pense qu'il y a très peu d'autres individus qui, comme nous, peuvent comprendre autant de choses relativement aux contingences du vivant. Ce sont des connaissances que je souhaite mettre à profit durant cette campagne. ■
Christophe Blanckaert : « Le choix du Parti animaliste est en résonnance avec mes convictions personnelles »
Candidat pour le Parti animaliste dans le Pas-de-Calais, notre confrère Christophe Blanckaert a la chance de bénéficier d'un ancrage local important puisqu'il a choisi de se présenter dans la circonscription où il vit et exercice son métier de praticien. Novice en politique, comme ses trois confrères se présentant sous cette étiquette, il inscrit sa candidature dans la défense d'une cause qui lui tient à coeur, la cause animale.
■La Dépêche Vétérinaire : Vous vous présentez aux élections législatives dans la 5e circonscription du Pas-de-Calais. Est-ce votre première expérience en politique ? Qu'est-ce qui vous a poussé à la tenter ?
Christophe Blanckaert, candidat pour le Parti animaliste dans la 5e circonscription du Pas-de-Calais : Effectivement, c'est la première fois que je m'engage en politique et que je me présente à un scrutin. Je crois avoir atteint l'âge qui permet de retranscrire mon expérience professionnelle et mon expérience de vie dans une cause qui me tient à coeur.
Par ailleurs, sur la circonscription où je suis candidat, je possède une bonne connaissance du territoire pour y vivre et y travailler depuis 25 ans.
■ D.V. : Votre candidature se fait sous l'égide du Parti animaliste. Pourquoi ce choix ?
C.B. : D'abord, parce que le programme du Parti animaliste est parfaitement en résonance avec mes convictions personnelles qui sont la protection animale et l'aide aux personnes en difficulté (je me suis investi dans l'aide aux réfugiés sur Calais ou sur les soins vétérinaires solidaires depuis des années).
Ce parti porte des valeurs animalistes et humanistes. Par ailleurs, il est transpartisan, ce qui me met parfaitement à l'aise avec mes interlocuteurs. Ma clientèle et mes amis trouve ma candidature comme coulant de source. Le Parti animaliste regroupe aussi des personnes issues de multiples horizons (juristes, avocats, enseignants, associatifs...), la plupart du temps novices en politique, tout comme moi.
■ D.V. : A chaque scrutin, les vétérinaires semblent de moins en moins nombreux à se porter candidats. Que vous inspire cette observation ?
C.B. : C'est dommage. Notre profession a un ancrage local important, inspire la considération du public. Nous avons encore un grand capital confiance et nous connaissons très bien le terrain. Nous sommes au fait des attentes de la société et de ses évolutions et la profession vétérinaire est capable de s'adapter pour y répondre.
■D.V. : Si vous êtes élu, comptez-vous poursuivre votre activité professionnelle à l'identique ? Votre activité vous semble-t-elle compatible avec des fonctions électives ?
C.B. : Si je suis élu, je devrai modifier mon emploi du temps pour assumer mes nouvelles fonctions tout en gardant mon ancrage professionnel. Le temps partiel sera une solution pratique. Le député sortant de ma circonscription était médecin et il fonctionnait ainsi.
■D.V. : Quels sont, selon vous, les atouts des vétérinaires en politique et les mettez-vous en avant au cours de votre campagne ?
C.B. : Au-delà de la proximité des vétérinaires avec la société, nous possédons un atout formidable, surtout à l'heure où il faut prendre les bonnes décisions pour l'avenir de notre planète. Nous avons l'opportunité de mettre en pratique le concept One Health - Une seule santé dans le monde politique.
Dans mes interventions auprès de la presse généraliste, je fais souvent référence à la profession et à la formation en biologie que nous avons. Ma candidature s'inscrit aussi dans la ligne tracée par des confrères qui inspirent ma démarche : je pense à Geneviève Gaillard ou à Loïc Dombreval. ■
Constance Godest : « Les vétérinaires ont beaucoup à apporter à la scène politique »
Constance Godest fait partie des quatre vétérinaires candidats aux prochaines élections législatives sous l'étiquette du Parti animaliste. Pour ce scrutin, elle estime particulièrement pertinent le regard pluridimensionnel que portent les vétérinaires sur le monde. Le Parti animaliste lui semble par ailleurs le seul à même d'apporter des solutions réalistes aux problématiques animales.
■La Dépêche Vétérinaire : Vous vous présentez aux élections législatives dans la 1ère circonscription du Nord. Est-ce votre première expérience en politique ? Qu'est-ce qui vous a poussé à la tenter ?
Constance Godest, candidate pour le Parti animaliste dans la 1ère circonscription du Nord : Cette candidature a été le fruit d'une longue réflexion d'autant, qu'en effet, il s'agit de mon premier engagement politique.
J'ai finalement pris cette décision car la connaissance transversale du traitement réservé aux animaux s'accompagne, chez moi, d'un sentiment de responsabilité. Je pense en particulier à l'élevage intensif que j'ai côtoyé et qui me semble perpétuer des pratiques d'une cruauté telle que la majorité des citoyens y sont opposés dès lors qu'ils connaissent la réalité concrète du terrain.
Outre mon témoignage, j'ai souhaité proposer des solutions alternatives, d'où mon choix du Parti animaliste. Or, les élections législatives sont parfaitement adaptées à ce genre de candidature. Du fait de leur fonctionnement qui se prête peu à la logique du vote utile, elles laissent toute leur place aux petits partis (le second tour ne se limitant pas aux deux premiers candidats).
■D.V. : Votre candidature se fait sous l'égide du Parti animaliste. Pourquoi ce choix ?
C.G. : Je trouve qu'il existe un décalage entre, d'une part, l'intérêt grandissant des Français pour la cause animale, et la stagnation du cadre légal, d'autre part. D'ailleurs, on constate que les décisions politiques qui sont prises dans ce domaine vont souvent à l'encontre de l'avis de la population. Je pense en particulier à des thèmes tels que la corrida ou l'encadrement de la chasse.
Autrement, la question animale reste généralement absente du débat public ou, au mieux, diluée dans d'autres considérations politiques.
Le Parti animaliste apporte une solution à ces limites en proposant un programme exclusivement centré autour des questions touchant aux animaux. Il a vocation à fédérer, de façon transpartisane, les personnes qui se sentent concernées par ces sujets et offre l'occasion aux citoyens de signifier clairement leur volonté de faire avancer la cause animale.
À titre personnel, j'ai été particulièrement impressionnée par le sérieux du Parti animaliste. En s'appuyant sur un programme particulièrement pointu et, à mon sens, exhaustif, il propose une alternative crédible aux problèmes qu'il soulève.
■ D.V. : A chaque scrutin, les vétérinaires et a fortiori les femmes vétérinaires semblent de moins en moins nombreux à se porter candidats. Que vous inspire cette observation ?
C.G. : J'ignorais cette tendance mais je dois avouer qu'elle ne me surprend pas. Je présume que c'est dû à l'investissement à la fois temporel et émotionnel que suppose le métier de vétérinaire et qui laisse peu de place à une éventuelle candidature annexe.
Je pense que cela dessert la société car chaque profession porte un regard singulier (mais évidemment hétérogène) sur les enjeux sociétaux et permet d'enrichir le débat politique.
■ D.V. : Si vous êtes élu, comptez-vous poursuivre votre activité professionnelle à l'identique ? Envisagez-vous de poursuivre cette expérience politique en visant d'autres mandats par la suite ?
C.G. : Malheureusement, la situation politique dans ma circonscription est telle que je ne me fais pas beaucoup d'illusions sur mes chances d'être élue. Cela dit, mon engagement va au-delà de cette candidature. Il s'agit de concrétiser, par un score le plus élevé possible, l'intérêt sans équivoque des citoyens pour la question animale, afin que d'autres formations politiques se saisissent de ces problématiques.
J'espère que le programme du Parti animaliste inspirera d'autres mouvements et permettra aux électeurs de se sentir d'avantage représentés sur ces sujets-là à l'avenir. Quoi qu'il en soit, je continuerai de m'engager auprès du Parti animaliste jusqu'à ce que le cadre juridique soit en adéquation avec ce que l'on peut attendre d'une société qui se veut moderne et responsable.
■ D.V. : Quels sont, selon vous, les atouts des vétérinaires en politique et les mettez-vous en avant au cours de votre campagne ?
C.G. : Outre cette connaissance transversale des relations entre les humains et les animaux, qui est un avantage évident dans le cadre d'une candidature sous l'égide du Parti animaliste, il me semble que les vétérinaires ont beaucoup à apporter à la scène politique.
En tant que vétérinaires, nous nous heurtons au quotidien à des sujets au croisement d'enjeux sociétaux, sanitaires, psychologiques, écologiques... D'ailleurs, plusieurs personnalités issues du milieu médical telles que Roselyne Bachelot ou Olivier Véran ont déjà investi la politique.
Le regard pluridimensionnel que portent les vétérinaires sur le monde me semble être particulièrement pertinent dans le contexte actuel où la santé animale est indissociable de l'écologie ou des enjeux sanitaires. ■
Thomas Moulins : « Mon engagement est 100 % dédié au Parti animaliste »
Après une reconversion professionnelle, Thomas Moulins a débuté le métier d'auxiliaire vétérinaire dans une clinique canine parisienne en fin d'année dernière. Il était déjà très engagé pour la cause animale et militant du Parti animaliste. C'est pour faire connaître ce parti et la cause qu'il défend qu'il se présente aux élections législatives dans la 7 e circonscription de Paris.
■ La Dépêche Vétérinaire : Vous vous présentez aux élections législatives dans la 7e circonscription de Paris. Est-ce votre première expérience en politique ? Qu'est-ce qui vous a poussé à la tenter ?
Thomas Moulins, auxiliaire vétérinaire à Paris, candidat dans la 7e circonscription de la capitale : C'est effectivement ma première expérience en politique et je la tente pour faire connaître le Parti animaliste. Je m'investis à ses côtés depuis un an et ai soutenu la candidature qui n'a malheureusement pas pu aboutir de sa candidate, Hélène Thouy, aux élections présidentielles.
Quand le mouvement a décidé de présenter des candidats aux législatives dans toutes les circonscriptions, je suis tout d'abord resté en retrait, pas certain d'avoir le temps pour assumer une campagne. Puis face à la problématique de parité qui se pose dans ce parti, avec davantage de femmes que d'hommes, je me suis engagé. Je suis finalement ravi et très motivé par ce nouveau challenge.
■ D.V. : Votre candidature se fait sous l'égide du Parti animaliste. Pourquoi ce choix ?
T.M. : Elle se fait sous l'égide et véritablement pour ce parti, pour appuyer son combat pour la cause animale et aider à son développement.
J'ai toujours été actif en protection animale. Je suis végétarien depuis longtemps et végétalien depuis quelques années. Depuis huit ans, je participe aux démarches antispécistes et milite pour la fermeture des abattoirs. Je suis aussi membre de l'association L214.
Le Parti animaliste est celui qui semblait le plus en phase avec mes idées et le plus proche de la cause animale. J'ai donc décidé de les rejoindre.
Je tracte avec eux depuis un an et y ressens un vrai plaisir.
■ D.V. : Comment la clinique dans laquelle vous travaillez a accueilli cette décision ?
T.M. : Je travaille dans une grosse structure parisienne depuis décembre seulement. J'embrasse le métier d'auxiliaire vétérinaire après une reconversion professionnelle et me forme aux côtés de l'équipe (10 vétérinaires et 7 auxiliaires vétérinaires ou auxiliaires spécialisés vétérinaires) tous les jours.
Je travaille dans une clinique fantastique. Son directeur est assez libéral et ouvert et me rejoint sur beaucoup de positions concernant le traitement des animaux.
Certains membres de l'équipe trouvent l'animalisme trop radical mais, même si la plupart ne sont pas politisés ou tout au moins pas pour la cause animaliste, ils me soutiennent et me comprennent.
■ D.V. : Si vous êtes élu, comptez-vous poursuivre votre activité professionnelle à l'identique ? Envisagez-vous de poursuivre cette expérience politique en visant d'autres mandats par la suite ?
T.M. : Je suis conscient que mes chances d'élection sont minimes mais j'ai souhaité tenter l'expérience pour faire connaître le parti et dans le cadre d'une démarche de protection animale.
Pour autant, elle ne remet pas en cause mon activité professionnelle que je trouve très enrichissante. Je suis en pleine formation et je compte poursuivre cet apprentissage à l'identique.
J'espère aussi cependant pouvoir m'investir davantage en politique pour défendre la cause animale.
J'ai la chance de travailler à mi-temps, avec des heures supplémentaires quand c'est nécessaire, ce qui me permet de concilier ces deux passions. ■
Jean-Pierre Coquelet : « Les vétérinaires sont formés à la vie et c'est ce qui manque en politique »
Installé à son compte dans une structure unipersonnelle depuis 22 ans dans l'Essonne, notre confrère Jean-Pierre Coquelet (Toulouse 78) a choisi les prochaines élections législatives pour tenter l'expérience politique. Très engagé dans la protection des animaux et du vivant en général, l'étiquette « Parti animaliste » lui a semblé aller de soi.
■La Dépêche Vétérinaire : Vous vous présentez aux élections législatives dans la 4e circonscription de l'Essonne. Est-ce votre première expérience en politique ? Qu'est-ce qui vous a poussé à la tenter ?
Jean-Pierre Coquelet, praticien canin à Marcoussis (91), candidat pour le Parti animaliste dans la 4e circonscription de l'Essonne : C'est en effet ma première expérience en politique même si je m'y intéresse depuis longtemps.
Ma décision a été motivée par la dégradation de la vie politique à l'heure actuelle avec notamment la réélection d'un président peu engagé envers les animaux.
Même si j'ai peu d'espoir d'être élu, je me suis porté candidat pour faire passer un message, en dehors de ma vie privée et professionnelle dans laquelle je le transmets déjà.
Mes clients connaissent mon engagement envers les animaux et le vivant en général. Il était temps pour moi de le faire savoir en dehors de ma sphère professionnelle et de parler de ce qui me passionne : la protection de la vie.
■D.V. : Votre candidature se fait sous l'égide du Parti animaliste. Pourquoi ce choix ?
J.-P.C. : Comme je l'ai dit, mon intérêt dépasse la seule sphère animale puisque j'englobe dans mon champ de réflexion tout le vivant, végétal et humain compris. Néanmoins, le Parti animaliste me semblait être le plus indiqué pour porter ce message puisqu'il n'y a aucune autre alternative.
L'association Engagement animaux 2022, créée à l'occasion des présidentielles (lire DV n° 1611 et 1619), l'a bien montré : les autres partis n'ont pas souscrit à l'ensemble des projets de protection animale. Il faut pourtant porter cette parole en politique.
Même si le Parti animaliste n'est pas un parti de gouvernement affirmé, il est le plus à même de prendre en considération la vie des animaux dans la vie politique.
■ D.V. : A chaque scrutin, les vétérinaires semblent de moins en moins nombreux à se porter candidats. Que vous inspire cette observation ?
J.-P.C. : Je la déplore bien sûr mais je comprends aussi ce désaveu politique car la vie politique actuelle particulièrement médiocre mérite malheureusement cette désaffection.
Je suis sorti de l'école vétérinaire en 1978 et, à l'époque, les vétérinaires étaient beaucoup plus nombreux à s'engager en politique. Ils avaient également un statut différent, de notable, qu'ils ont perdu.
Il faut, malgré tout, essayer de participer et c'est ce à quoi je m'attelle.
■ D.V. : Si vous êtes élu, comptez-vous poursuivre votre activité professionnelle à l'identique ?
J.-P.C. : Je suis installé depuis 22 ans et exerce seul, sans associé ni ASV. Je suis lucide sur mes chances minimes à ces élections et ne me sens donc pas vraiment concerné par cette réflexion sur la poursuite ou non de mon activité.
Je suis par ailleurs proche de la retraite et n'exclue pas de prendre du recul le moment venu pour me consacrer à d'autres fonctions électives. J'improviserai si un engagement plus précis en politique se décidait.
J'ai d'ailleurs en tête un projet beaucoup plus vaste. A l'instar de Marc Sangnier, le créateur des auberges de jeunesse, qui fut le maire de la commune dans laquelle je réside, Boissy-la-rivière, qui prônait l'amitié entre les peuples, je milite pour la création d'une fondation pour l'amitié entre les peuples en incluant le peuple animal et le peuple végétal aux côtés du peuple humain.
Je m'y emploie au quotidien à titre personnel dans ma vie professionnelle et amicale mais j'estime que ce discours mériterait plus de visibilité et d'envergure.
Je suis issu d'une promotion Daktari, marquée par la volonté de sauver des animaux sauvages.
Mon idole et ami reste Michel Klein qui renvoie une image très positive de la profession. D'ailleurs, je lui suis très reconnaissant de bien avoir voulu m'accorder son soutien pour ces élections.
J'ai moi-même une longue expérience à l'étranger avant de m'installer en clientèle dans l'Essonne et cette vision me permet d'avoir du recul.
■ D.V. : Quels sont, selon vous, les atouts des vétérinaires en politique et les mettez-vous en avant au cours de votre campagne ?
J.-P.C. : Je suis fier de la formation que j'ai reçue qui nous apprend à observer, analyser, faire un diagnostic et proposer des traitements. Ce schéma s'applique parfaitement à la vie politique dans laquelle il convient d'observer la vie dans la cité au sens étymologique du terme puis de l'analyser et de proposer des solutions. C'est ce que nous faisons dans notre exercice quotidien et cela relève donc tout particulièrement de notre compétence.
Le vétérinaire est par ailleurs également un bon chef d'entreprise. Nous sommes formés à la vie et c'est un élément qui mérite d'être introduit davantage en politique. ■