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Variole du singe : les recommandations de l'Anses pour les vétérinaires et propriétaires d'animaux

Les mesures préconisées par l'Anses visent à limiter, voire empêcher, les contacts entre l'animal et la personne infectée ainsi qu'avec son environnement possiblement contaminé.

© Veera-Adobe

Maud LAFON

Santé publique

L'Anses* a remis, le 10 juin, un avis reprenant les conclusions de son groupe d'expertise collective d'urgence « monkeypox » portant sur des recommandations à destination des vétérinaires et propriétaires d'animaux de compagnie (chiens, chats, rongeurs, lapins de compagnie notamment) concernant la conduite à tenir pour protéger ces animaux lorsqu'ils sont au contact d'une personne atteinte de variole du singe. En l'absence de données pertinentes sur la sensibilité des différentes espèces animales de compagnie, les mesures préconisées sont surtout des mesures de précaution classiques.

L'Anses* a rendu, en urgence, le 10 juin, la première partie d'un avis portant sur « des recommandations relatives à la réduction du risque de diffusion du virus monkeypox aux animaux en France ». Elle avait été saisie, le 3 juin, par la Direction générale de la santé et la Direction générale de l'alimentation pour la réalisation d'une l'expertise sur ce sujet. Cette expertise collective a été réalisée par le groupe d'expertise collective d'urgence (Gecu) « monkeypox ».

Il rappelle que, pour qu'une transmission soit possible d'un humain infecté à son animal de compagnie, trois conditions sont requises : que le cas humain soit excréteur du virus de la variole du singe, ce qui est le cas durant la phase clinique (jusqu'à 21 jours en moyenne) ; que les modalités de transmission existent et sont envisageables compte tenu de la promiscuité entre humains et animaux de compagnie en France, potentiellement favorable à une transmission directe et indirecte du virus ; que l'animal soit a minima réceptif.

Question en suspens

Sur ce dernier point, « les premières données sont parcellaires voire absentes et ne concernent jamais des espèces de NAC autochtones de France, sauf l'étude réalisée en Afrique portant sur 67 chats (espèce présente en Afrique et en France), qui n'a pas démontré la réceptivité du chat, et les études montrant la sensibilité, en conditions expérimentales, des écureuils roux, espèce non NAC strictement protégée dont la détention est interdite ». Cette question reste donc en suspens (lire ci-après).

Néanmoins, dans ce contexte et à ce stade, les principales recommandations de l'Anses à destination des vétérinaires et propriétaires d'animaux de compagnie (chiens, chats,
rongeurs, lapins de compagnie notamment) concernant la conduite à tenir pour protéger ces animaux lorsqu'ils sont au contact d'une personne malade du monkeypox sont les suivantes :

« - si plusieurs personnes sont présentes dans le foyer du cas humain, il est recommandé que celui-ci n'entre pas en contact avec son animal de compagnie pendant toute la durée de son isolement, ne le laisse pas accéder à la pièce dans laquelle il s'est isolé, et que les autres membres du foyer non symptomatiques s'occupent de l'animal et, le cas échéant, de sa cage, sa litière... ;

- si la personne vit seule avec un animal de compagnie, il lui est recommandé :

Limiter les contacts directs

- de limiter au maximum les contacts directs rapprochés avec cet animal, en particulier ne pas le porter, ne pas le caresser, ne pas autoriser le léchage de l'humain, de ne pas lui autoriser l'accès à la chambre, aux vêtements, et notamment de ne pas l'autoriser à se coucher sur ces vêtements, à lécher de la vaisselle et les autres plats, ni à avoir un comportement de tétée dans le cas des chats... ;

- avant chaque contact avec son animal, de se nettoyer et se désinfecter les mains, puis porter des gants à usage unique, de protéger les lésions cutanées (en l'absence de contre-indication médicale) ;
- de porter un masque chirurgical à proximité de l'animal ; ces gants et masques devront être éliminés dans des sacs poubelles dédiés avec les autres déchets liés à l'infection du cas (croûtes) ;

- pour les petits mammifères (rongeurs, lagomorphes), il est recommandé de :

- les maintenir dans leur cage durant toute la période d'isolement du cas humain, si possible dans une pièce avec peu de passage ;

- lors du nettoyage hebdomadaire de la cage, la désinfecter à l'eau de Javel en portant des gants et un masque chirurgical ;

- ne pas éliminer dans les ordures ménagères le corps d'un petit animal mort et qu'un tiers l'apporte chez un vétérinaire ;

Contacter son vétérinaire

- en cas d'apparition de signes cliniques chez leur animal de compagnie, quelle qu'en soit la nature et la cause, la prise en charge de l'animal devrait se faire avec quelques précautions ; il est recommandé au propriétaire de contacter son vétérinaire en précisant qu'il est lui-même (ou a été récemment) atteint de monkeypox, puis qu'une tierce personne amène l'animal en consultation ; l'information préalable du vétérinaire permettra à ce dernier d'accueillir l'animal dans des conditions adaptées. »

De plus, les experts recommandent, « si un vétérinaire est ainsi amené à recevoir un animal de compagnie dont le propriétaire est atteint de monkeypox : de porter un masque, des gants et une blouse à usage unique, de nettoyer et désinfecter les zones fréquentées par l'animal dans la clinique (salle d'attente, de consultation notamment) et de procéder à une gestion adaptée des déchets (les compresses, seringues/aiguilles... étant déjà récupérées selon des procédures spécifiques dans des containers dédiés aux déchets médicaux) ».

En cas d'hospitalisation de l'animal, « il conviendra de procéder à un nettoyage/ désinfection de la cage et des litières (comme lors de manipulation d'animaux à risque de transmission zoonotique et animale) ».

Affiner ces recommandations

Ces mesures « relèvent de mesures de précaution classiques visant à éviter la transmission d'un agent pathogène d'une personne malade à son animal de compagnie dans l'hypothèse d'une contamination de l'animal via des lésions cutanées et gouttelettes émises dans l'air ambiant et/ou via l'environnement contaminé. Elles consistent à limiter, voire empêcher les contacts entre l'animal et la personne infectée ainsi qu'avec son environnement possiblement contaminé, à préconiser le port de gants, d'un masque, le nettoyage-désinfection des mains... ». L'Anses n'exclut pas d'affiner ces recommandations en fonction de nouvelles données.

L'Anses rappelle qu'au 8 juin, 703 cas humains ont été confirmés dans l'Union européenne/Espace économique européen (UE/EEE), et 473 cas en dehors de ces espaces.

En France, au 7 juin, 66 cas confirmés de monkeypox ont été rapportés : 48 cas en Ile-de-France, 8 en Occitanie, 5 en Auvergne-Rhône-Alpes, 2 en Normandie, 1 dans les Haut-de- France, 1 en Centre-Val de Loire et 1 en PACA.

« À ce jour, en Europe, ces cas sont survenus sans contact avec un animal importé de zone endémique et dans un contexte de transmission interhumaine, principalement, mais pas uniquement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, sans lien direct avec des personnes de retour de zone endémique », poursuit l'agence.

* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

Gros plan : Réceptivité des animaux de compagnie : pas de certitudes

Dans l'avis rendu le 10 juin, l'Anses* souligne le peu de données existantes concernant la sensibilité des animaux de compagnie au virus monkeypox.

Elle précise que « les sciuridés, dont les écureuils, semblent pouvoir constituer une famille réceptive et sensible possiblement plus à risque de contamination, mais la détention et la vente de ces animaux n'est plus autorisée en France ».

Concernant les rongeurs de compagnie (rats bruns, souris, cobayes, hamsters...), ils « semblent peu réceptifs au virus monkepox à l'âge adulte ».

Lagomorphes sensibles et réceptifs

Les lagomorphes « sont réceptifs et sensibles au virus monkeypox en conditions expérimentales par voie sous-cutanée, en particulier les lapereaux, et pourraient potentiellement être considérés comme plus à risque que les muridés ».

« Les données sont a priori absentes pour les furets et les chiens et une unique étude sérologique (avec résultats négatifs) a été identifiée concernant les chats, aucun cas clinique n'ayant été rapporté chez ces trois espèces », ajoute l'agence. M.L.

* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1625

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