Utiliser la phytothérapie en complément de l'allopathie

Ce cas illustre l'apport de la phytothérapie en complément d'un traitement allopathique.

© Ekkapon-StockAdobe

Aurore HAMELIN

Dermatologie

La phytothérapie peut être utilisée en dermatologie. Le cas d'une chienne présentant des troubles cutanés depuis l'âge de 2 mois non réglés par un traitement allopathique précédent en illustre l'intérêt potentiel. Les propriétaires souhaitaient un traitement à base de plantes.

La laboratoire Wamine a invité notre consoeur Anita Laury (DE médecine, nutrition, phytothérapie et micronutrition, Morbihan) à animer un atelier de phytothérapie en visioconférence, le 17 mars.

Elle a exposé deux cas cliniques qui illustrent l'intérêt de la phytothérapie en dermatologie canine. Le motif de consultation était pour ces deux cas clairement exposé : les propriétaires souhaitaient un traitement naturel à base de plantes pour obtenir une solution à court terme (lire ci-après). Les deux cas avaient déjà été examinés par des confrères allopathes.

Anita Laury a présenté le cas d'une chienne setter anglais de 6 ans qui exprime des troubles cutanés depuis l'âge de 2 mois. Un diagnostic d'atopie réalisé par un vétérinaire dermatologue spécialisé a permis de mettre en place un traitement mais les rechutes ont conduit le propriétaire à une automédication avec des corticoïdes qui n'ont pas supprimé les symptômes.

La chienne montre, lors de la première consultation, une pyodermite superficielle généralisée accompagnée d'un prurit très marqué et d'une altération de son état.

Suspicion d'une dysbiose

Notre consoeur met alors en place un traitement per os allopathique classique pour traiter la crise rapidement. Elle y adjoint un shampooing dépourvu d'antiseptiques conventionnels (produit contenant des acides gras essentiels, des huiles essentielles d'origan et du manuka) : « Ce type de produit, selon mon expérience, est plus respectueux de la flore cutanée à long terme ».

Elle prescrit également un traitement phytothérapique complémentaire pour limiter les rechutes à long terme. « L'anamnèse laisse suspecter une dysbiose et une atteinte de la perméabilité intestinale. Un probiotique est prescrit pour une durée de 6 mois : Floréquilibre ND à raison d'une gélule par jour pendant 15 jours puis tous les 2 jours pendant 2 mois, ensuite tous les 3 jours pendant 3 mois. Cet espacement n'est pas celui recommandé par le laboratoire. Dans ma pratique, ce rythme permet souvent aux propriétaires de conserver une bonne observance du traitement par rapport à une prescription quotidienne », a souligné l'intervenante.

En sus de ce probiotique, un traitement à base d'extraits fluides de plantes fraîches standardisés et glycérinés (EPS) est proposé : feuilles de cassis + bardane + partie aérienne d'ortie. Ce mélange, choisi dans la pharmacopée, combine plusieurs propriétés : action anti-inflammatoire (cassis, ortie) et activités antibactérienne et antifungique (bardane).

Ajout d'acides gras essentiels

Ces matières premières à usage pharmaceutique sont conservées au réfrigérateur ; leur stabilité est d'au moins 1 mois. La chienne reçoit 2 ml matin et soir.

L'alimentation de type industrielle n'a pas été modifiée mais les à-côtés donnés par le propriétaire ont été supprimés pour respecter un meilleur équilibre de la ration.

Lors du contrôle à 6 semaines, l'état de la chienne est nettement amélioré ; les traitements allopathique et phytothérapique sont maintenus avec l'ajout d'acides gras essentiels per os pour 6 semaines. A 8 semaines, les symptômes ont disparu ; à 10 semaines seul perdurent le traitement à base de plantes et les shampooings.

L'approche combinée phytothérapie-allopathie a permis, dans ce cas précis, une guérison clinique qui n'a jamais été obtenue avec les seuls traitements allopathiques précédemment administrés. « Ce cas illustre l'apport de la phytothérapie en complément d'un traitement allopathique », a conclu Anita Laury. 

Gros Plan : Écouter les propriétaires

Notre consoeur Anita Laury a présenté, lors d'un atelier de phytothérapie organisé par le laboratoire Wamine, le 17 mars, le cas clinique d'un Yorkshire terrier de 5 ans : « La propriétaire est venue spécialement consulter dans notre clinique pour que son chien soit traité avec des produits qu'elle juge naturels ». Le chien présente une denture très entartrée, des troubles modérés du comportement et des troubles cutanés marqués : séborrhée grasse, squamosis généralisé diffus mais plus notable sur le sommet du crâne. Le prurit est moyen.

Après un détartrage, le chien reçoit 0,5 ml matin et soir d'un mélange d'EPS* composé de fumeterre, de racine de bardane et de feuilles d'olivier.

Faire des compromis

L'alimentation, achetée grande surface, est modifiée pour un aliment à visée cutanée et avec une source restreinte de protéines, Derm Complete ND, supplémenté par des acides gras essentiels donnés per os et par voie locale.

Un shampooing est également prescrit ainsi qu'un probiotique au long cours (Floréquilibre ND). L'état du chien est très améliorée en un mois.

Au bout de 6 mois, la guérison est jugée partielle par notre consoeur. L'état du chien satisfait cependant la propriétaire qui ne souhaite pas de traitement supplémentaire à celui déjà engagé au long cours.

« Le résultat a été obtenu selon les souhaits du propriétaire qui ne voulait pas d'allopathie. Il faut tenir compte de l'histoire des propriétaires et faire des compromis. Le résultat n'est pas parfait et pourrait encore être amélioré mais la propriétaire en est satisfaite », a déclaré la praticienne. A.H.

* EPS : extrait de plante standardisé.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1620

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