Utilisation de Phovia dans la prise en charge des affections dermatologiques de la faune sauvage captive
Mercredi 29 Novembre 2023 Sciences 49221Camille Duvivier est une des trois vétérinaires de La Ménagerie, le Zoo du jardin des Plantes.
© Thibault Dion
Publi-rédactionnel
Déjà pourvue d'intérêts validés chez les animaux de compagnie, la lampe Phovia, de Vetoquinol, qui utilise le principe de la biomodulation par fluorescence, présente des atouts similaires pour les animaux de la faune sauvage captive en cas de lésions cutanées. Ce dispositif de photothérapie se répand donc dans les parcs zoologiques français. La Ménagerie, le Zoo du Jardin des Plantes, à Paris, s'est équipée l'année dernière et l'a expérimenté avec succès sur certains de ses animaux. Notre consoeur Camille Duvivier, une des trois vétérinaires du parc, explique l'intérêt du dispositif Phovia sur les espèces sauvages et sa valeur ajoutée par rapport à d'autres modalités de photothérapie.
■ Vous faites partie de l'équipe vétérinaire de La Ménagerie, le Zoo du Jardin des Plantes. Pouvez-vous nous présenter ce Zoo parisien et son équipe soignante ?
Camille Duvivier, vétérinaire à La Ménagerie, le Zoo du Jardin des Plantes : Notre parc zoologique accueille 600 animaux de 135 espèces, sans compter les arthropodes, et bientôt une quarantaine d'espèces vont nous rejoindre dans le bâtiment dédié aux reptiles.
L'équipe de soigneurs est constituée de 34 personnes et nous sommes trois vétérinaires : Aude Bourgeois, la directrice, Milan Thorel et moi-même.
Le jardin reçoit environ 450 000 visiteurs par an.
■ Quelles sont les principaux problèmes cutanés rencontrés sur les animaux de la Ménagerie ? Quels en sont les symptômes évocateurs ?
C.D. : Nos animaux peuvent être concernés par des affections de type pododermatites, surtout chez les oiseaux, des plaies superficielles, des plaies en post-opératoire après une chirurgie. Ces lésions sont malheureusement difficiles à prévoir et nous n'observons donc pas de prédispositions d'espèces en particulier, tous nos animaux étant susceptibles d'en être victimes.
Ces affections restent cependant assez rares et sporadiques.
Les symptômes varient en fonction des affections. Les pododermatites des oiseaux se manifestent par exemple par des boiteries.
■ Quelle prise en charge instaurez-vous alors et quelles en sont les contraintes sur des animaux de la faune sauvage captive ?
C.D. : Quand nous repérons un problème de ce type, il nous faut intervenir en limitant au maximum le stress imposé aux animaux, ce qui n'est pas toujours évident dans l'environnement d'un parc zoologique.
Pour confirmer une suspicion clinique, nous mettons en oeuvre les examens complémentaires appropriés pour déterminer l'origine de l'affection, zootechnique ou métabolique.
Les traitements utilisés ensuite sont les mêmes que pour des animaux domestiques : antibiotiques, anti-inflammatoires, topiques... Nous sommes aussi confrontés aux mêmes problématiques, notamment en termes d'antibiorésistance, et mettons donc en oeuvre, quand elle est nécessaire, une antibiothérapie raisonnée et ciblée, après réalisation d'antibiogrammes.
Nous veillons à ce que notre approche thérapeutique s'intègre dans le concept One Health.
A La Ménagerie, nous sommes aussi très attentifs au respect du bien-être animal et, lorsque nous avons besoin d'accéder aux animaux et d'effectuer une contention, nous y veillons particulièrement. Nous utilisons pour cela du medical training sur un certain nombre de nos espèces.
■Qu'est-ce que le medical training et sur quelles espèces le pratiquez-vous ? Est-il adapté à la lampe Phovia ?
C.D. : Le medical training est un entraînement que nous réalisons avec nos animaux pour qu'ils viennent, vigiles et volontairement, dans le but de recevoir divers types de soins ou traitements. En gestion de plaie, cette approche est particulièrement intéressante car elle nous permet de soigner les animaux sans les sortir de l'environnement auquel ils sont habitués et donc dans un meilleur respect de leur bien-être.
Nous avons pu facilement intégrer Phovia à cet entraînement en commençant par une désensibilisation à la lampe en tant que matériel lui-même puis à la lumière bleue qu'elle émet et au gel qu'on doit appliquer sur la peau. L'animal doit ensuite apprendre à rester immobile le temps de la séance.
■ Avant Phovia, avez-vous utilisé d'autres formes de photothérapie ?
C.D. : L'utilisation de la photothérapie avant l'arrivée de Phovia était restreinte au laser. Nous pouvions recourir à cette thérapie sur des interventions classiques, en l'intégrant à nos protocoles de medical training, en prévision de traitements contre l'arthrose, de gestion de fractures ou de plaies cutanées.
■ Quels sont les principaux intérêts de la lampe Phovia sur des animaux de la faune sauvage captive ?
C.D. : Phovia est intéressante en tant que prise en charge complémentaire pour s'affranchir des effets secondaires inhérents aux thérapeutiques classiques, notamment quand il s'agit d'anti-inflammatoires. Le recours à la biomodulation par fluorescence en protocole adjuvant va nous permettre, soit de diminuer les doses de médicaments utilisés, soit de raccourcir les durées de traitement.
Par rapport au laser, Phovia apporte plus de possibilités de par son effet non thermogène, n'entraînant pas de réverbération, et son utilisation possible à travers des grilles. La lumière bleue émise par la lampe, quoiqu'éblouissante, n'est pas dangereuse pour les yeux des animaux. Cet outil se révèle parfois plus indiqué pour un usage sur certaines affections rencontrées en parc zoologique.
Phovia nous permet par ailleurs de répondre au challenge de l'observance qui est encore plus compliqué à remporter avec la faune sauvage captive.
■ Dans quel cadre l'avez-vous déjà utilisée et pourquoi ?
C.D. : Depuis que nous avons Phovia à notre disposition, soit juin 2022, nous l'utilisons dès que possible sur les plaies de nos animaux. Nous avons notamment effectué un protocole complet sur une femelle varan à queue épineuse suite à une opération d'amputation de la queue qui nous a donné d'excellents résultats. Nous employions déjà le laser sur sa plaie pour réduire le temps de cicatrisation et l'avons remplacé par Phovia quand nous l'avons reçue.
Le ressenti a d'emblée été très bon avec une régénération cutanée plus rapide que prévue. L'animal donnait par ailleurs l'impression d'apprécier les séances et la chaleur procurée par la lampe et ce protocole semble avoir amélioré son bien-être au cours de l'hospitalisation. L'usage de la lampe nous a permis, de ce fait, de nous affranchir de la contention puisqu'il nous suffisait de mettre du gel sur la plaie et la femelle varan se laissait faire sans difficultés ensuite.
Nous avons également utilisé Phovia sur nos flamants rouges atteints de pododermatites, cette fois avec une contention.
■ Sur quelles autres espèces du parc Phovia serait-elle utilisable ?
C.D. : Outre la femelle varan et les flamants rouges, nous avons utilisé Phovia chez les chevaux de Przewalski en medical training . Si nécessaire, nous pourrions l'utiliser sur nos orangs-outangs qui sont des animaux très coopératifs et avancés en medical training , chez certains de nos carnivores comme les renards corsacs, chez notre tapir malais qui est sujet à une pyodermite récidivante.
Pour la réalisation des séances, les animaux transportables et de petite taille peuvent être conduits en salle de chirurgie du laboratoire vétérinaire de La Ménagerie. Pour les autres, une utilisation dans leur enclos ou leur terrarium est possible car la lampe est mobile et a une grande autonomie.
Phovia peut être utilisée sans risque sur toutes les parties du corps de l'animal.
■En résumé, quels sont les intérêts de Phovia pour des animaux de la faune sauvage captive en parc zoologique ?
C.D. : A La Ménagerie, nous utilisons Phovia en complément de notre arsenal thérapeutique classique et ce dispositif nous satisfait par sa praticité et les bons résultats obtenus. Cet appareil de photothérapie n'est pas invasif, pas douloureux, dénué d'effets secondaires, améliore l'observance et raccourcit le temps de régénération des plaies cutanées.
Il s'intègre parfaitement dans nos séances de medical training et nous permet de soigner les animaux dans leur environnement et donc, au final, de réduire le stress lié à la prise en charge thérapeutique. ■