Une formation à la reproduction et l'insémination artificielle canines à Madagascar au bénéfice du coton de Tuléar
Mercredi 21 Juin 2023 Animaux de compagnie 47818Le Pr Alain Fontbonne et les vétérinaires malgaches ayant participé à la formation. L'une d'entre eux tient un coton de Tuléar dans les bras
© D.R.
Alain FONTBONNE
Professeur en élevage et reproduction des carnivores
UMES-ENVA (94)
Reproduction
Bien qu'originaire de Madagascar, le coton de Tuléar de race pure n'est plus très présent sur l'île. Une formation à la reproduction canine des vétérinaires locaux, initiée notamment par la Société centrale canine française, s'est déroulée du 25 mai au 3 juin dans l'optique notamment d'enrichir génétiquement et d'améliorer le cheptel existant à Madagascar.
Du 25 mai au 3 juin, je me suis rendu à Tananarive (Madagascar) dans le cadre d'un projet d'amélioration génétique de la race canine nationale, le coton de Tuléar. Le projet, initié par l'Association des cynophiles de Madagascar (ACYM), la Société centrale canine française et le professeur Donna Kurtz de l'université d'Oxford, spécialiste de la race et propriétaire elle-même de plusieurs cotons, vise à importer de la semence congelée de chiens mâles de grande qualité phénotypique et génétique vivant en France et au Royaume Uni afin d'enrichir génétiquement et d'améliorer le cheptel existant à Madagascar.
Plusieurs vétérinaires en provenance de plusieurs cliniques (clinique Vetcare, clinique universitaire) ont suivi la formation, à la fois théorique et pratique, portant sur l'insémination artificielle (suivi des chaleurs et de l'ovulation, insémination intra-utérine, prélèvement, examen et congélation de la semence) mais aussi en reproduction canine (suivi et diagnostic de gestation, mise bas, soins aux nouveau-nés) et en pathologie (utérus, prostate, maladies infectieuses).
Pour l'occasion, le laboratoire Virbac avait mis à disposition un analyseur de progestérone (Speed-Reader ND). Plusieurs propriétaires locaux de chiens ont prêté leurs animaux et notamment des cotons pour les travaux pratiques.
Cette formation clinique est une première dans ce pays extrêmement pauvre mais qui tente de redresser la tête (75 % de la population vivrait toujours sous le seuil de pauvreté). Malgré cette grande précarité économique, les chiens de compagnie, et notamment les cotons de Tuléar, se développent dans la classe moyenne malgache et chez les étrangers expatriés. Plusieurs cliniques vétérinaires tentent de s'équiper en imagerie et en chirurgie. La vaccination des chiens de compagnie progresse. Toutefois, de très nombreux propriétaires ne sont pas en mesure de payer une hospitalisation ou une intervention chirurgicale si celles-ci s'avèrent nécessaires. ■
Gros Plan : Coton de Tuléar : un patrimoine national malgache
La race coton de Tuléar aurait été créée au XVI ou XVIIe siècle, à partir de croisements entre des chiens de petite taille, embarqués pour chasser les rats sur les bateaux des colons ou des pirates, avec des chiens locaux (au XVIe siècle, le port de Tuléar (Toliara) était le point de départ de nombreux échanges commerciaux avec l'Europe).
Dans les années 1960, les Européens présents sur place ont commencé à s'intéresser à cette race et à ramener chez eux des spécimens malgaches. Actuellement, la France est dépositaire du standard de race et possède parmi les plus beaux spécimens mondiaux alors qu'à Madagascar, il reste extrêmement peu de cotons « de race pure ».
Les autorités malgaches souhaitent désormais valoriser ce patrimoine national et reconstituer un cheptel homogène et de qualité. A.F.