Un cas de rage en Côte-d'Or chez un chat contaminé par une chauve-souris

La contamination des animaux domestiques (et des humains) par le virus de la rage provenant de la chauve-souris est rarissime.

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Michel JEANNEY

Épidémiologie

Un cas de rage chez un chat en Côte-d'Or a été confirmé, le 7 mai, par l'Institut Pasteur. Le typage moléculaire du virus montre que l'animal a été contaminé par une chauve-souris. Un cas de contamination rarissime.

Un cas de rage chez un chat adulte en Côte-d'Or (originaire de Source-Seine) a été confirmé, le 7 mai, par le Centre national de référence pour la rage (CNRR, Institut Pasteur).

Le typage moléculaire du virus en cause a montré qu'il s'agissait d'un lyssavirus appartenant à l'espèce  European bat 1 lyssavirus  (EBLV-1) de sous-type b, le prélèvement ayant été expédié par le Laboratoire départemental de Côte-d'Or. Autrement dit, l'animal a été contaminé par une chauve-souris.

Il était non vacciné contre la rage et avait accès à l'extérieur, a précisé, le 18 mai, à La Dépêche, la Direction générale de l'alimentation (DGAL). 

Ce chat domestique avait présenté une modification brutale de son comportement le 25 avril (agressivité inhabituelle avec morsure de la propriétaire et des troubles nerveux, notamment une paralysie du train postérieur) et avait été euthanasié. Un prélèvement pour recherche de rage a été réalisé après son décès et expédié au CNRR par les services vétérinaires car le chat avait été à l'origine d'exposition humaine.

Traitement post-exposition

L'encéphale de l'animal a été reçu au CNRR le 6 mai et le diagnostic d'infection par un lyssavirus a été confirmé de façon définitive le 7 mai par techniques d'immunofluorescence directe et d'isolement viral sur culture cellulaire.

Les personnes exposées à cet animal (morsures, griffures ou léchage de peau lésée ou muqueuses) ont été prises en charge au Centre anti-rabique de Dijon - quatre personnes contact au total dont le vétérinaire et les propriétaires, selon la DGAL - afin de bénéficier d'une prophylaxie post-exposition.

Pour mémoire, l'EBLV-1 est un lyssavirus circulant chez les chauves-souris européennes (et plus particulièrement chez les sérotines communes ou  Eptesicus serotinus ).

« Plus précisément, ce virus appartient au cluster B1, rassemblant des souches virales circulant préférentiellement dans l'Est de la France (Troupin et al., Genome Biol Evol, 2017). Un pourcentage de près de 99,8 % d'homologie (séquence nucléotidique complète) a été montré entre ce virus et un isolat précédemment diagnostiqué en 2008 au laboratoire chez une sérotine commune (N/Ref : 08341FRA) provenant d'Aillant-sur-Tholon (89) », explique l'Institut Pasteur.

« Il s'agit du troisième cas en France de carnivores (en l'occurrence des chats domestiques) retrouvés infectés par un lyssavirus de type EBLV-1 (Dacheux et al. Emerg Infect Dis. 2009). D'autres rares épisodes de franchissement de la barrière d'espèce ont pu être observés en Europe chez l'animal (notamment moutons, fouine, ou autres espèces de chauve-souris que la sérotine commune). Mais ces évènements doivent être considérés comme exceptionnels et aucun cas de transmission d'un animal terrestre infecté vers l'Homme n'a été rapporté à ce jour », souligne l'insitut.

Précédent cas en Vendée
en 2007

Dans le cas présent, l'animal a présenté de l'agressivité, éveillant les soupçons du vétérinaire traitant qui a envoyé le prélèvement en vue d'une confirmation du diagnostic par le laboratoire. Ce nouveau cas a donc été détecté grâce à la vigilance que les vétérinaires exercent toujours à l'égard de la rage, zoonose majeure.

La DGAL a informé que « les habitants du village où vivait l'animal ont été informés par le maire, conjointement avec la sous-préfecture de Côte-d'Or, de ce cas de rage ainsi que des consignes sanitaires : pour le volet animal, déclarer tout comportement anormal de leurs animaux de compagnie à leur vétérinaire (puis à la direction départementale de la protection des populations) ; pour le volet humain, signaler à l'Agence régionale de santé ou médecin traitant tout cas de morsure ou griffure par un animal ».

En 2007, un précédent cas chez un chat dû a une contamination par la chauve-souris avait été diagnostiqué à Fontenay-le-Comte (Vendée). Le chat vivait au contact des chauves- souris dans les greniers de vieilles maisons du centre-ville.

Les virus rabiques des chauves-souris sont en général des European Bat Lyssavirus (EBLV) de type 1b dans la majorité des cas (comme pour ce cas en Côte-d'Or) ou 1a (comme à Fontenay-le-Comte). Ils ne sont pas ou peu pathogènes pour l'Homme et les carnivores domestiques.

En France, la rage chez les chauves- souris est répandue sur tout le territoire. Entre 1 et 10 cas sont confirmés chaque année.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1530

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