Un autre regard avec la radiologie assistée par IA

Exemple de mesure automatique du VHS par Picoxia.

© Grégory Santaner

Grégory SANTANER

Fondateur et gérant VetoNetwork

Vétérinaire associé Anicoon Vétérinaires

photo grégory santaner pour les articles

Imagerie

La radiologie vétérinaire constitue probablement le domaine vétérinaire dans lequel l'intelligence artificielle connaît la plus large adoption par les praticiens. En effet, les images numériques en niveaux de gris offrent une excellente base pour le développement d'algorithmes performants, qui atteignent aujourd'hui un niveau de fiabilité satisfaisant.

En France, plusieurs centaines de cliniques vétérinaires utilisent quotidiennement des outils innovants en termes de radiologie assistée par l'intelligence artificielle (IA). Ainsi, Picoxia, acteur historique français, revendique près de 5 700 utilisateurs tandis que SignalPET, fournisseur majeur aux États-Unis, équipe désormais plus de 2 000 cliniques vétérinaires à travers le monde.

Ces logiciels d'IA dédiés à la radiologie vétérinaire assistent le vétérinaire dans l'interprétation des clichés radiographiques, réduisant significativement le temps nécessaire à leur analyse tout en limitant les erreurs humaines. En effet, contrairement aux humains, l'IA est insensible à la fatigue, au stress ou aux biais cognitifs tels que la subjectivité ou le biais de confirmation lors de la lecture d'images radiographiques.

Les modèles d'IA utilisés en radiologie vétérinaire sont entraînés sur plusieurs millions d'images variées avec la participation active de spécialistes en imagerie vétérinaire. Ceci permet d'obtenir aujourd'hui des résultats fiables pour un grand nombre de lésions courantes. De plus, ces solutions offrent généralement un stockage en ligne facilitant ainsi la consultation et la gestion des clichés à distance via une simple connexion Internet.

Deux acteurs disponibles en France

Deux solutions se distinguent en France par leur maturité technologique et leur adaptation aux besoins des vétérinaires : Picoxia, le pionnier français, et SignalPET, le challenger américain. D'autres solutions telles que Radimal, X-Caliber ou Vetology sont disponibles mais uniquement à l'étranger pour l'instant.

Picoxia propose une reconnaissance pour :

- 13 types de lésions abdominales et la mesure automatique des reins ;

- 16 types de lésions thoraciques et la mesure automatique du VHS ;

- 5 types de lésions liées à la dysplasie de la hanche.

De son côté, SignalPET assure lui aussi la reconnaissance de nombreuses lésions abdominales et thoraciques, en complétant son offre par la détection de lésions squelettiques et l'analyse des radiographies dentaires.

En France, Picoxia est distribué par le groupe MSI FAS, tandis que Mano Médical a annoncé, fin 2024, la distribution exclusive de SignalPET en France. Ces deux solutions s'intègrent directement dans les systèmes de radiologie numérique existants, permettant ainsi une analyse quasi instantanée des clichés réalisés.

En matière tarifaire, les deux entreprises adoptent des stratégies différentes à l'heure actuelle : Picoxia opte pour un forfait mensuel global tandis que SignalPET applique une tarification à l'unité, en fonction du nombre de clichés analysés.

Un nouvel usage à appréhender

Si l'assistance par l'IA constitue une réelle amélioration du confort quotidien en clinique, son utilisation requiert néanmoins une adaptation des pratiques ainsi qu'une prise de conscience claire de ses limites. Les vétérinaires doivent considérer l'IA comme un outil précieux mais complémentaire à leur expertise clinique, sans jamais s'y fier exclusivement.

En termes de responsabilité, le vétérinaire demeure entièrement responsable de la validation finale des interprétations assistées par l'IA. Il est donc indispensable de sensibiliser les équipes vétérinaires afin d'éviter toute confiance aveugle dans ces technologies émergentes.

Un autre avantage significatif est la possibilité de transférer facilement des cas cliniques complexes vers des spécialistes en imagerie vétérinaire, qui pourront compléter ou affiner l'interprétation initiale faite par l'IA.

Enfin, ces solutions facilitent également la valorisation économique des examens radiographiques en permettant un partage clair et rapide des résultats avec les propriétaires d'animaux, valorisant ainsi l'acte vétérinaire tout en renforçant la qualité du suivi médical proposé.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1746

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