Traitement de lésions de léchage chez un bull terrier atopique avec la biomodulation par fluorescence

Coralie ROBLIN

Dermatologie

En 2022, en partenariat avec le site VétoFocus et La Dépêche Vétérinaire, Vetoquinol a organisé un challenge de cas d'usage de la biomodulation par fluorescence (BMF) en dermatologie. Le cas présenté ici fait partie des quatre lauréats. L'auteur a mis à profit avec succès cette technique via la lampe Phovia ND sur une femelle bull terrier atopique.

Ohara est une femelle bull terrier non stérilisée de 3,5 ans et 20 kg.

Ses propriétaires ont déménagé dans le Gard en septembre 2021. La chienne a été initialement mise en pension et, depuis janvier 2022, elle vit seule en maison avec jardin.

Elle est suivie depuis longtemps pour atopie.

Le traitement en cours au moment de la prise en charge était le suivant :

- désensibilisation (Dermatophagoides farinae, Acarus siro, Tyrophagus putrescentia) ;

- oclacitinib (0,6 mg/kg BID 10 jours puis 0,6mg /kg SID) per os ;

- pas de soins locaux ;

- chlorhydrate de sélégiline (0,5 mg/kg/jour per os) ;

- alimentation hypoallergénique ;

- fluralaner per os tous les 3 mois.

A l'examen clinique général lors de la première consultation, le 29 novembre 2021, la note d'état corporel est basse (3/9) et la chienne est agitée. Elle présente de nombreuses lésions de pyodermite profonde sur les membres antérieurs et postérieurs associées à un léchage compulsif. Son poil est piqué et terne.

Sérologie leishmaniose négative

Les examens complémentaires réalisés sont une sérologie leishmaniose (négative), un bilan biochimique 6 paramètres (dans les normes usuelles), les mesures T4 et TSH (valeurs compatibles avec une hypothyroïdie).

Les traitements mis en oeuvre sont les suivants :

- amoxicilline/acide clavulanique 12,5 mg/kg BID per os ;

- passage au lokivetmab injection sous-cutanée une fois toutes les 4 semaines ;

- crème émolliente pour les lésions après désinfection à la chlorhexidine ;

- lévothyroxine 10 µg/kg BID per os ;

- proposition de biomodulation par fluorescence (BMF) ;

- conseil d'un shampooing anti prurigineux (chez un toiletteur car inenvisageable à domicile).

Après une séance de Phovia ND, le 30 décembre 2021 (photo n° 1), le léchage reste très présent, l'environnement est stressant.

Soins locaux

La chienne reçoit toujours amoxicilline/acide clavulanique (cytologie cutanée toujours positive), des soins locaux (crème émolliente après désinfection à la chlorhexidine tous les deux jours), lévothyroxine, lokivetmab, sélégiline et un seul shampooing a été réalisé.

Après deux séances de Phovia ND, le 5 janvier 2022 :

- disparition des coques lors de la cytologie des lésions ;

- sortie de la pension ;

- soins locaux : les lésions sont plus souples ;

- sélégiline, lévothyroxine.

Après trois séances, le 13 janvier 2022 (photo n° 2) :

- cytologie des lésions toujours négative : arrêt de l'amoxicilline/acide clavulanique ;

- diminution notable du léchage, début de repousse du poil sur certaines lésions ;

- soins locaux ;

- sélégiline, lévothyroxine.

Après quatre séances de Phovia ND, le 18 janvier (photo n° 3) : elle reçoit du fluralaner et une injection de désensibilisation.

Après cinq séances, le 26 janvier 2022 (photo n° 4) :

- dosage de la T4 : dans les normes usuelles, poursuite de la lévothyroxine à la même dose ;

- arrêt de la sélégiline ;

- un shampooing chez la toiletteuse.

Nette amélioration après six séances

Après la sixième séance de Phovia ND, le 1er février 2022 :

- arrêt de la BMF : les lésions sont souples et se résorbent progressivement ;

- récidive d'une crise de pyodermite superficielle qui n'aura aucun impact sur les lésions traitées ;

- lévothyroxine, lokivetmab.

Au 21 mars 2022, la chienne a été stérilisée et a déclenché une pyodermite superficielle. Ni les lésions de pyodermites profondes ni le léchage compulsif n'ont récidivé. ■

Ce cas clinique est consultable en ligne sur le site www.vetofocus.com.