Stages tutorés : un tremplin utile

Marion Chabane, ancienne stagiaire tutorée de l'ENVA, s'est installée en pratique mixte à dominante rurale (95 %) et ne fait, par choix, que très peu de canine.

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Formation

Réalisable dans la dominante Animaux de production de la dernière année d'études vétérinaires, les stages tutorés ont été mis en place pour pallier les difficultés de recrutement dans ce secteur d'activité vétérinaire et aider à résoudre la problématique du maillage. Au vu des réponses des étudiants interrogés, force est de constater que cette étape conforte leur choix d'exercice en mixte ou en rurale et que son objectif est donc atteint.

Parmi les étudiants interrogés pour ce dossier sur les stages, certains ont effectués un stage tutoré en A6 Animaux de production.

C'est le cas de Killian Conreur, aujourd'hui engagé dans un internat en clinique des ruminants à Oniris après la fin de son cursus à l'école vétérinaire d'Alfort (ENVA). S'il n'a pas encore d'objectif de carrière à court terme, il envisage, à long terme, de travailler dans une clinique mixte à dominante rurale, sans qu'un statut d'exercice privilégié ne se dégage pour l'instant.

C'est le bon déroulement de ses stages en clinique mixte, et notamment son stage tutoré en dernière année, qui a conforté son choix d'exercice. Il a particulièrement apprécié la confiance réciproque qui s'est rapidement installée entre les vétérinaires et lui et lui a permis de rapidement réaliser des actes et des plans thérapeutiques, sous la surveillance et les conseils du vétérinaire.

Pousser encore plus loin avec l'internat

« Ce stage tutoré réussi m'a plus que conforté dans ma décision de faire de la rurale, au point de vouloir pousser encore un peu plus d'un point de vue théorique via l'internat » , insiste l'étudiant. 

« La valeur ajoutée du stage a été l'autonomie rapidement acquise. Très vite j'ai pu réaliser des césariennes, retournement de matrice, fièvre de lait... en première main. Je trouve que cela m'a permis d'avoir un peu plus d'expérience pratique, de confiance en moi dans la discussion avec les éleveurs que ceux de ma promo qui ont choisi le parcours classique. Les stages classiques commencent nécessairement par une période d'adaptation entre stagiaire et vétérinaire qui ralentit le processus d'apprentissage » , explique-t-il. 

« Avec le recul, je pense que le gros point faible des stages tutorés est qu'on est confronté à une diversité moindre dans la manière de traiter les animaux.(...) On prend le risque de s'enfermer dans une façon de faire alors qu'il existe de nombreuses façons d'aborder le même cas clinique. » 

« Le tutorat est une bonne manière de progresser et de gagner très vite en autonomie mais il faut garder à l'esprit qu'il est possible d'envisager les cas sous un autre angle. C'est ce constat qui a été l'une de mes motivations à m'engager dans un internat » , poursuit l'étudiant.

Etre intégré dans une équipe

Marylou Levrel a également effectué un stage tutoré dans le cadre de sa 6 e année à l'ENVA. Elle travaille aujourd'hui en clientèle mixte canine/rurale dans la structure qui l'a accueillie pour son tutorat, s'étant vue proposer un CDI à l'issue de son stage. Basée en Bretagne, elle travaille surtout en clientèle laitière et un de ses objectifs de carrière à court terme est de se former à l'obstétrique afin d'être autonome, ce qui est prévu en décembre, car, durant son stage tutoré, elle estime « ne pas en avoir assez fait ».

A long terme, elle souhaite ensuite développer ses compétences dans les suivis de reproduction en bovine et le parage et également se former en échographie et radiographie canine. 

Si elle a choisi le dispositif de stage tutoré, c'est par envie « d'avoir un vrai lien avec la structure, d'être intégrée dans l'équipe pour une durée suffisamment longue pour savoir si la mixte à dominante rurale (lui) convenait ». « La valeur ajoutée par rapport aux stages classiques est le fait que j'ai appris à connaître la clientèle, à suivre des élevages et les éleveurs ont aussi appris à me connaître et à me faire confiance ce qui a facilité énormément mes premiers pas seule en tant que vétérinaire » , ajoute-t-elle.

Même en ne restant que dans une seule structure, elle a pu y découvrir différentes approches de cas similaires en échangeant avec les différents vétérinaires.

Consolidation des acquis

« A chaque nouvelle période de stage je n'ai pas eu besoin de « faire mes preuves » auprès des vétérinaires ni des éleveurs pour qu'on me laisse pratiquer, contrairement à si j'avais été dans des structures différentes à chaque période. A la fin de mon année de tutorat, on m'a laissé de l'autonomie et partir en visite seule sur des visites que je me sentais capable d'effectuer. J'avais tout de même un vétérinaire disponible à la clinique que je pouvais appeler et qui pouvais venir si j'avais besoin ce qui est vraiment un plus de cette formation » , explique l'étudiante.

Elle a également consolidé ses acquis en canine et, au final, « a beaucoup apprécié cette formation » au cours de laquelle elle estime avoir été très bien accompagnée.

Un autre avantage des stages tutorés est la rémunération dont elle a bénéficié.

Elle espère donc la généralisation de ce type de stage, le seul point faible selon elle résidant dans la diversité de la clientèle (petits ruminants, bovins laitiers, allaitants...) qui est difficile à trouver.

De son côté, Marion Chabane, ancienne stagiaire tutorée de l'ENVA, s'est installée en pratique mixte à dominante rurale (95 %) et ne fait que très peu de canine. Elle est restée dans le département de son tutorat (35) mais pas dans la structure qui l'a accueillie.

Apprentissage sur le tas

Elle envisage de poursuivre sa pratique « en gardant une très grande part de rurale (pourquoi pas même un 100 %) et, sur le plus long terme, de s'associer ».

Si elle a choisi le tutorat, c'est parce qu'elle s'est rendue compte au cours de ses nombreux stages en rurale que « beaucoup des gestes techniques et des habitudes de pratique de chacun provenaient principalement d'un apprentissage sur le tas ou de gestes techniques qui avaient été appris en suivant un autre vétérinaire ». Par crainte de ne pas être assez autonome en rurale en sortant d'école, elle a donc effectué ce stage tutoré qu'elle voit comme « un gros avantage pour débuter une pratique rurale en étant autonome sur bons nombres d'actes et de visites ».

Le stage en lui-même s'est très bien passé et lui a permis de développer une relation de confiance avec les clients et les vétérinaires tout en autorisant plus de gestes techniques que sur un stage de courte durée. Il lui a permis d'opérer seule, sous la supervision d'un vétérinaire, de donner ses idées et de comprendre la réflexion qui se cache derrière chaque cas, d'acquérir un sens pratique du vêlage et de se constituer un carnet de gestion de cas cliniques très divers, avec des trucs et astuces venant des uns ou des autres.

Autonomie sur de nombreux actes

Le stage tutoré lui a également permis de se faire une idée du type de clinique dans lequel elle aimerait travailler.

« Je pense que ce type de stage est un vrai tremplin quand on souhaite s'installer en pratique rurale avec une autonomie sur de nombreux actes. Cependant, je ne pense pas que ce genre de stage soit adapté à tous les profils d'étudiants ou de vétérinaires. Il faut pouvoir trouver une équipe dans laquelle on se sent bien, avec laquelle on peut progresser et donner son avis/poser ses questions sans se sentir jugé. C'est pourquoi je pense que le stage préalable requis dans la clinique est nécessaire pour que les vétérinaires comme l'étudiant puissent s'appréhender » , résume l'étudiante. M.L.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1681

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