Soirée Une seule santé sur les morsures à Blois
Mercredi 14 Juin 2023 Vie de la profession 47801De gauche à droite : notre confrère Laurent Perrin (président du SNVEL), Emilie Marteau (chirurgienne de la main CHU Tours), notre confrère Henri Touboul et Sophie Bauer (présidente du SML) sont intervenus sur les morsures des humains causés par les carnivores domestiques.
© Ana Alkan
Henri TOUBOUL
Formateur SNGTV (formation des vétérinaires sanitaires sur la rage) et I-Cad
Santé publique
La première réunion rassemblant des soignants des animaux et des Hommes autour des morsures des carnivores a eu lieu, le 22 mai, à Blois, dans le prolongement des Universités de printemps du SNVEL* 2022. Dans une logique Une seule santé, les intervenants ont partagé leurs connaissances.
Lors des Universités de printemps du SNVEL* 2022, à Oniris, un atelier avait pour thème « Gagner sa place dans One health » . Les participants ont convenu qu'il fallait des actions concrètes locales qui permettraient de réunir les soignants des animaux et ceux des Hommes autour d'un sujet commun.
Un an après, la première réunion de ce type a vu le jour à Blois, le 22 mai, devant soixante personnes, médecins, pharmaciens, infirmières, ASV, vétérinaires de l'administration ou libéraux. Le thème retenu était « les morsures des humains causés par les carnivores domestiques ».
Après une introduction de notre confrère Laurent Perrin (président du SNVEL) sur le concept Une seule santé, les participants ont assisté à une conférence du Dr Emilie Marteau, chirurgienne de la main au CHU de Tours, sur les morsures au poignet et à la main. Elle a expliqué que dans son service étaient réparées environ dix personnes par semaine, principalement des enfants, suite à des morsures de chiens (à 70 %) ou de chats.
Morsures de chats sous-estimées
Les adultes sont plus souvent blessés à la main, les enfants au visage. Outre la gravité des plaies, la complexité des soins relève du fait que 7 à 17 % de celles-ci se compliquent d'infection et ,parmi elles, 65 % sont secondaires à des morsures de chats. Les morsures causées par les humains sont particulièrement graves car très souvent responsables de sévères infections.
Après un rappel anatomique de la main, le
Dr Marteau a comparé les morsures de chat, entraînant des plaies punctiformes (comme les griffures) mais profondes avec peu de lésions sous-jacentes et souvent sous-estimées contrairement aux chiens qui, selon la race, peuvent entraîner des lésions très délabrantes, fractures ouvertes, luxations, nécessitant parfois une amputation.
La guérison de ces plaies est souvent rendue compliquée par les infections, dues à 90 % à une pasteurellose extrêmement précoce (moins de 3 heures) pour lesquelles l'antibiothérapie s'avère souvent inefficace, nécessitant alors une intervention chirurgicale. La chirurgienne intervient souvent sur des abcès, des cellulites, des phlegmons des gaines tendineuses ou des membres et des arthrites septiques. Le tout était illustré de nombreuses photos qui ont impressionné l'assistance.
Rôle du vétérinaire sanitaire
En tant que vétérinaire dans le Loir-et-Cher, j'ai rappelé le rôle du vétérinaire sanitaire dans la gestion de la rage : prévenir par la vaccination, suspecter lors d'encéphalite, surveiller les carnivores mordeurs ou les importations illégales et informer sur le risque rabique, notamment lors de voyages à l'étranger. Enfin, j'ai rappelé aux soignants des animaux comme des humains que les professionnels dans l'exercice de leurs fonctions doivent déclarer tout fait de morsure à la mairie du lieu de détention du chien.
Le Dr Sophie Bauer, présidente du SML, a conclu la soirée en souhaitant que ce type de réunion soit renouvelée dans d'autres régions car elle permet de tisser des liens entre médecins, pharmaciens et vétérinaires de proximité. « Il faut que l'information circule vite entre nous pour le bien-être des humains comme des animaux » car il n'existe qu'une seule santé. ■
* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.