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Rétrospective 2023 : un rattrapage post-Covid

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Maud LAFON

Rétrospective

Lancement opérationnel d'outils d'intérêt pour la profession, à l'instar de la plate-forme Calypso, saga de la radiation d'établissements de soins passés dans le giron des chaînes de cliniques, résurgence et émergence de maladies infectieuses dans différentes espèces animales (influenza aviaire, rhinopneumonie équine, maladie hémorragique épizootique...), déploiement de VPT... : l'actualité professionnelle a encore été riche en 2023, comme si le stand by engendré par la crise Covid connaissait un effet de rattrapage. Plusieurs dossiers critiques devraient connaître un dénouement (heureux ?) en 2024.

Radiations : la profession se divise

Le sort de plus d'une centaine d'établissements de soins vétérinaires s'est joué en 2023 suite à leur radiation administrative par l'Ordre qui a donné lieu à un véritable feuilleton judiciaire. Cette procédure de radiation avait été engagée par l'Ordre dès 2019.

Dans le cadre d'une saisine, le Conseil d'État a rendu ses conclusions le 10 juillet, confirmant la radiation de quatre établissements (Oncovet, Univetis, Nordvet, clinique vétérinaire Saint-Roch) suite à leur rachat par des groupes d'investissement. Le motif : l'obligation de détention de la majorité du capital et des droits de vote par les vétérinaires en exercice au sein de la société (article L.241-17 du Code rural qui définit les règles de détention de capitaux vétérinaires) n'est en effet pas satisfaite dans certains cas. Pour Univetis, il est reproché aux actionnaires vétérinaires de ne pas exercer dans la société. Concernant les deux sociétés détenues par Anicura et IVC Evidensia (Nordvet et Oncovet), l'argument de l'Ordre portant sur la présence d'actionnaires interdits, en l'occurrence Mars et Nestlé, au capital des deux groupes, n'a pas été retenu (lire DV n° 1672).

Cette décision a divisé la profession.

Rappelons qu'environ 80 requêtes avaient été adressées à la plus haute juridiction administrative par des établissements vétérinaires radiés, le Conseil national de l'Ordre des vétérinaires considérant notamment que les conditions de rachat de ces sociétés ne respectent pas les règles de contrôle effectif des sociétés par les vétérinaires associés exerçant dans les sociétés, ce que les sociétés requérantes contestent.

L'Ordre des vétérinaires a ensuite annoncé, le 28 septembre, la mise en application des radiations administratives des sociétés rachetées par des groupes de cliniques (plus de 120 concernées) en infraction au regard de la réglementation, suite aux décisions du Conseil d'État du 10 juillet (lire DV n° 1678).

Constatant l'ampleur de cette décision, le ministère de l'Agriculture s'en est alors mêlé et a lancé, le 11 octobre, une procédure de conciliation entre l'Ordre des vétérinaires, les groupes de sociétés d'exercice vétérinaire concernés et le SNVEL1 pour permettre la mise en conformité des établissements de soins vétérinaires en application de ces décisions du Conseil d'État. Il en a annoncé la fin de la première étape, le 8 décembre.

L'objectif de la conciliation était d'apporter une clarification opérationnelle des décisions du Conseil d'État pour faciliter leur mise en oeuvre. Cette conciliation a été conduite par un membre honoraire du Conseil d'État (Yves Doutriaux), avec le concours d'un membre du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, en l'occurrence notre confrère Jean-Pierre Orand (ancien directeur de l'Agence nationale du médicament vétérinaire).

Une doctrine de mise en conformité en est née et a été validée par les différentes parties. Elle comprend vingt-cinq points de conseils et recommandations pour, d'une part, garantir la possibilité aux vétérinaires associés qui sont majoritaires d'assurer le contrôle effectif de leurs sociétés et, d'autre part, encadrer l'exercice effectif de la profession de ces vétérinaires associés dans chaque domicile professionnel d'exercice. Il s'agit notamment de garantir aux vétérinaires associés majoritaires le contrôle effectif de leur société et l'exercice effectif, au moins à temps partiel, d'un vétérinaire associé dans chaque domicile professionnel d'exercice (DPE) rattaché à la société d'exercice vétérinaire.

Les sociétés ont désormais trois mois (donc jusqu'au 8 mars) pour revoir leurs statuts et leurs modalités de fonctionnement en concertation avec leurs associés vétérinaires (lire DV n° 1688).

Lancement effectif de Calypso

Faciliter l'exercice de l'activité libérale en améliorant les échanges d'informations entre les vétérinaires et l'Etat est l'essence même de Calypso (https://calypsovet.fr), plate-forme en ligne qui est née officiellement le 14 mars (lire DV n° 1656). Pilotée par le Conseil national de l'Ordre des vétérinaires (Cnov) en concertation avec les OPV (SNVEL, Avef2 , Afvac3 , SNGTV4 ), les OPA (Chambres d'agriculture) et l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), avec le soutien financier du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et du Fonds de la transformation de l'action publique, cet outil d'échange de données s'est concentré, pour son démarrage, sur deux volets : la formation continue et la remontée automatique des données d'utilisation des médicaments contenant des antimicrobiens.

La plate-forme a également servi dans le contexte de démarrage de la campagne de vaccination contre l'influenza aviaire avec l'intégration de nouveaux modules pour aider les vétérinaires à gérer l'ensemble du processus des élevages de canards dont ils sont les vétérinaires sanitaires (lire DV n° 1678).

Calypso s'enrichira de nouvelles fonctionnalités à mesure que l'outil sera finalisé, le déploiement de sa troisième et dernière version étant planifié pour l'été 2027.

A terme, Calypso doit permettre de simplifier un certain nombre de démarches administratives en les centralisant et en les dématérialisant, comme par exemple la déclaration du contrat de travail d'un nouveau salarié, la demande d'habilitation sanitaire à la DDPP5, la réception d'informations sur des rappels de lots de médicaments, la consultation d'informations relatives à l'identification pour un élevage suivi, etc.

Calypso s'adresse à tous les ayants droit du médicament vétérinaire : les 22 000 vétérinaires praticiens mais aussi les 22 000 pharmacies d'officine et les 150 fabricants d'aliments médicamenteux.

Lancement du plan EcoAntibio 3

Après EcoAntibio 1 et 2, le ministère de l'Agriculture a donné, le 18 novembre, le coup d'envoi au plan EcoAntibio 3 qui couvre la période 2023-2028 (lire DV n° 1685).

« Ce nouveau plan vise à maintenir les niveaux actuels d'exposition des animaux d'élevage aux antibiotiques et une réduction de 15 % de l'exposition des chiens et des chats. Le plan promeut plus largement pour la première fois également l'usage raisonné des antimicrobiens et des antiparasitaires », précisent les autorités.

Depuis 2011, le secteur vétérinaire et le ministère de l'Agriculture sont engagés pour réduire l'usage des antibiotiques en santé animale avec le pilotage des plans ÉcoAntibio 1 (2011-2017) et ÉcoAntibio 2 (2017-2022).

Grâce à la forte implication des parties prenantes, les objectifs des plans EcoAntibio 1 et 2 ont été largement atteints puisqu'entre 2011 et 2022, l'exposition des animaux aux antibiotiques en France a diminué de 52 % et l'exposition des animaux à certains antibiotiques vétérinaires critiques pour la santé humaine, comme les céphalosporines de 3e et 4e générations, a baissé de plus de 90 %.

Cependant, la diminution de l'exposition des animaux de compagnie à l'ensemble des antibiotiques apparaît plus modérée en comparaison des autres filières et le plan les vise donc plus spécifiquement grâce notamment à des mesures de communication aux détenteurs.

Le champ du plan s'élargit également et promeut l'usage raisonné des antimicrobiens et des antiparasitaires, en mettant l'accent sur la prévention des maladies nécessitant un recours aux antimicrobiens et aux antiparasitaires et l'optimisation des pratiques de prescription, en particulier à l'échelle individuelle.

Le ministère rappelle que le plan ÉcoAntibio 3, qui réunit 25 actions organisées en 5 axes, dont les objectifs ont été fixés à l'horizon 5 ans, est piloté par le ministère, en lien étroit avec l'ensemble des acteurs de la santé animale.

Influenza aviaire : résurgences en série et généralisation de la vaccination

L'Union européenne (UE) a publié, le 20 février 2023, un règlement délégué permettant le recours dans l'UE à la vaccination des volailles contre l'influenza aviaire hautement pathogène« lorsqu'elle est utilisée comme mesure de contrôle ou de prévention de la maladie » (lire DV n° 1655).

Suite à un appel d'offre et alors que cinq vaccins vétérinaires efficaces contre la souche circulante d'influenza aviaire, dont trois pour l'espèce canard, avaient obtenu une autorisation temporaire d'utilisation, la France a choisi, le 12 juillet, le laboratoire Boehringer Ingelheim pour lui fournir jusqu'à 80 millions de doses pour vacciner les canards (lire DV n° 1672).

Dans la foulée, le ministère de l'Agriculture a publié, le 3 août, son plan de vaccination officiel contre l'influenza aviaire, constitué de dix fiches thématiques.

Cette campagne de vaccination, très attendue des éleveurs, a démarré le 2 octobre pour une période de six mois.

En général, la vaccination contre l'influenza reste « interdite » , sauf par dérogation pour « les établissements détenant plus de 250 canards mulards, Pékin ou Barbarie » . Elle est alors obligatoire.

Comme c'était prévisible, suite au démarrage de cette vaccination, l'USDA (ministère américain de l'Agriculture) a annoncé, le 29 septembre, des « restrictions » sur les importations de volailles « ainsi que de canards vivants, oeufs de canards et produits de canards non traités » . Une mesure qui apparaît néanmoins surprenante de la part d'un pays qui teste lui-même la vaccination.

En vigueur depuis le 1er octobre, cette décision s'applique aussi aux autres États membres de l'Union européenne (UE) et à l'Islande, la Suisse, le Lichtenstein et la Norvège en raison de « l'accès ouvert au marché commun européen ».

Par ailleurs, suite à l'apparition de nouveaux cas de la maladie et à une « dynamique d'infection dans l'avifaune sauvage migratrice dans les pays voisins » , un arrêté paru au Journal officiel le 28 novembre a relevé le niveau de risque pour l'influenza aviaire hautement pathogène à « modéré », à partir du 29 novembre, puis « élevé », le 5 décembre.

Si le risque du virus H5N1 pour l'humain reste faible, le nombre croissant de cas parmi les mammifères est jugé préoccupant, selon Richard Webby, spécialiste des pathologies aviaires de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) interrogé par l'AFP. « Quelque chose s'est passé mi-2021 qui l'a rendu beaucoup plus infectieux », explique le chercheur (lire DV n° 1668).

Démographie vétérinaire : plus d'inscrits mais des recrutements toujours tendus

En 2023, les tensions sur les ressources humaines ont persisté alors que la croissance des vétérinaires inscrits au tableau de l'Ordre des vétérinaires est toujours soutenue (+ 3,2 %), avec un bon cru en 2022 par rapport à 2021, si l'on en croit l'Atlas démographique vétérinaire 2023 publié mi-novembre (lire DV n° 1686). Ainsi, 20 844 vétérinaires étaient inscrits au tableau au 31 décembre 2022, soit un solde positif de 647 vétérinaires par rapport à l'année précédente.

Tous les territoires ne bénéficient pas, dans les mêmes proportions, de cette croissance entre 2021 et 2022. L'Occitanie, l'Auvergne-Rhône-Alpes et les Pays de la Loire voient ainsi leur nombre de vétérinaires inscrits augmenter chacune de près de 5 %. Tout en progressant d'environ 1 %, les régions Hauts-de-France, Grand Est et Centre-Val de Loire apparaissent donc moins attractives en 2022.

Sur les trois dernières années, seule l'Ile-de-France a vu son nombre de vétérinaires inscrits diminuer (- 2,5 %) quand celui des régions Occitanie et Grand Est a augmenté respectivement de 8,5 % et 6,5 %.

Autre fait marquant, la population des vétérinaires déclarant une activité Animaux de rente (en exclusivité ou en activité prédominante) poursuit son recul avec - 2,4 % en 2022 par rapport à 2021. Ils représentent 16,4 % des vétérinaires inscrits alors que les vétérinaires déclarant une activité Animaux de compagnie exclusive ou prédominante représentent 70,8 % des inscrits. Toutefois, le rapport souligne que le recul du nombre de vétérinaires déclarant un exercice exclusif au profit des animaux de rente ou à prédominance Animaux de rente est compensé par « l'augmentation du nombre de vétérinaires déclarant une activité Animaux de rente à prédominance autre » (6 473 vétérinaires).

Le nombre d'inscrits hommes est stable en 2022 par rapport à 2021. Celui des femmes poursuit sa progression avec + 5,78 %. La profession vétérinaire est aujourd'hui majoritairement féminine (58,6 % des vétérinaires inscrits) et les vétérinaires inscrits de moins de 40 ans représentent 44 % de la population totale. L'âge moyen des vétérinaires inscrits est stable à 42,91 ans.

Plus de 50 % des primo-inscrits ne sont pas issus d'une école vétérinaire française.

Fichier I-Cad : renouvellement de la délégation et évolution des missions

La délégation de service public, confiée à la société Ingenium animalis, détenue à égalité par le SNVEL et la Centrale canine depuis 2013 pour la gestion du fichier d'identification des carnivores domestiques I-Cad, est arrivée à son terme le 31 décembre 2022. Deux arrêtés successifs, l'un du 23 décembre 2022 et l'autre du 22 juin 2023, l'ont reconduite pour 10 ans, à compter du 1er juillet 2023 (lire DV n° 1671), après une période de transition qui a duré six mois.

Un troisième arrêté, publié le 17 novembre, liste de nouvelles utilisations du fichier national d'identification de ces animaux, notamment dans la mise en oeuvre des dispositions sur leur cession ou leur vente (avec la vérification des informations dans les annonces) ou pour le suivi des structures d'accueil (établissements détenant des carnivores domestiques).

Pour les détenteurs particuliers et les vétérinaires, un changement de tarif a eu lieu au 1er juillet dernier après dix années sans modification.

Le nouveau cahier des charges autorise la dématérialisation de la carte d'identification. Cette évolution sera activée progressivement au cours de l'année 2024.

Réflexion sur le vétérinaire sanitaire de demain

Augmenter le nombre de vétérinaires formés et le nombre de vétérinaires participants par session était l'une des ambitions du programme national 2023 de formation continue des vétérinaires sanitaires, dévoilé par la Direction générale de l'alimentation (DGAL) dans une instruction technique du 5 décembre 2022 (lire DV n° 1651).

Le document faisait état d'un bilan décevant en termes de nombre de vétérinaires formés en 2021 : 117 formations réalisés auxquelles 1 201 vétérinaires sanitaires seulement ont participé alors que le nombre estimé de vétérinaires sanitaires ayant une obligation de formation continue s'élève à 3 150.

Dans la foulée, le ministère de l'Agriculture, en partenariat avec les organisations professionnelles vétérinaires et agricoles, a organisé quatre ateliers de réflexion dans les écoles nationales vétérinaires portant sur les missions du vétérinaire sanitaire de demain et sa rémunération (lire DV n° 1659). Une initiative demandée notamment par le SNVEL.

Chaque groupe de travail a réuni vétérinaires, éleveurs et membres des services déconcentrés de l'État ainsi que des responsables des organisations professionnelles agricoles et vétérinaires et de différents services de l'État.

Quatre sujets ont été traités dont - originalité - les missions du vétérinaire sanitaire auprès des détenteurs d'animaux de compagnie.

Les trois autres thèmes portent sur le rôle du vétérinaire sanitaire comme acteur de la maîtrise sanitaire au profit des santés publique, animale et environnementale et de la performance sanitaire et économique des élevages et des filières, les surveillances programmées et événementielles (comment les faciliter et s'assurer de leur réalisation) et l'évolution de la modélisation du dispositif sanitaire (trépied vétérinaire-éleveur-Etat) et de la rémunération du vétérinaire sanitaire.

L'organisation de ces réunions a été confiée à la DGAL.

VPT poursuit son développement

Après le déploiement de son dispositif d'aide aux personnes démunies et la prise en charge sanitaire des animaux des réfugiés ukrainiens en 2022, Vétérinaires pour tous (VPT) a poursuivi son développement en 2023 (lire DV n° 1654).

L'année dernière, la fédération a mis fin au dispositif de solidarité envers les Ukrainiens, le 27 novembre, et organisé deux campagnes de stérilisation féline - du 9 mai au 14 juillet avec 624 stérilisations et 545 identifications et 185 établissements vétérinaires mobilisés dans 13 régions puis du 12 octobre au 24 novem­bre - tout en développant son maillage pour préserver le lien Homme-animal.

VPT a pu dresser, fin juin, son premier bilan après un an d'activité dans toutes les régions françaises. Les 555 vétérinaires ou établissements de soins adhérents ont réalisé 483 prises en charge pour maladies, 774 identifications, 405 vaccinations, 148 stérilisations en métropole et 7 038 à la Guadeloupe et la Réunion et abandonné pour cela plus de 146 000 euros d'honoraires (lire DV n° 1671)

Après avoir coordonné la mise en place de VPT dans 12 régions et 3 régions d'outre-mer dans le cadre du plan de relance, notre confrère Christophe Buhot a cédé sa place à la direction de la Fédération VPT, comme cela était prévu au lancement, à Emilie de Marco. Il continuera d'accompagner le développement de VPT, notamment pour la recherche de fonds.

VPT a lancé début octobre une plate-forme de gestion des dossiers en ligne pour faciliter les prises en charge via un site Internet enrichi pour améliorer l'information et un nouveau logo pour soutenir ses actions (lire DV n° 1678). La fédération a constaté un doublement des demandes de prise en charge en 2023 par rapport à 2022.

Un nouveau cas de rage humaine en France

Une femme est décédée de la rage, le 9 octobre, au CHU de Reims (Marne) (lire DV n° 1680). Elle avait contracté la maladie deux mois plus tôt lors d'un séjour dans un pays d'Afrique du Nord en étant blessée par un chat libre.

Le typage a indiqué qu'il s'agissait d'un virus de rage classique et non d'un lyssavirus de chauve-souris. On estime que 98 % des décès humains associés à ce virus sont la conséquence d'une exposition à un chien contaminé (par morsure, griffure ou léchage d'une plaie ou une muqueuse). 

Le chien est le réservoir principal de la rage dans le monde alors que le chat est considéré comme un hôte secondaire (il peut être contaminé par une autre espèce réservoir). Cependant, plusieurs centaines de décès humains de rage par an sont la conséquence d'une exposition avec un autre mammifère enragé que le chien : mammifère domestique comme le chat, d'élevage ou mammifère sauvage.

Ce cas est le 25e cas de rage humaine recensé sur notre territoire depuis 1970, tous ayant été des cas importés.

Le dernier cas de mort humaine de la rage en France remontait à août 2019 et concernait un homme mordu par une chauve-souris à Limoges (lire DV n° 1557).

Le dernier cas autochtone chez l'Homme remonte à 1924 et le virus est officiellement déclaré éradiqué depuis 2001 (hors chauve-souris) dans notre pays.

La PPA aux portes de la France

Face à une progression active du virus de la peste porcine africaine (PPA) en Europe, les autorités sont inquiètes et le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a annoncé, le 19 décembre, la mise en oeuvre d'un nouveau plan d'action élaboré en concertation avec la filière porcine et les acteurs de la chasse (lire DV n° 1690).

La France était toujours, au 1er janvier 2024, indemne de PPA mais la maladie progresse en Europe, dans les élevages et dans les populations de sangliers de la faune sauvage. « Des flambées de foyers en élevage ont été signalées en Roumanie et Bulgarie et plus récemment dans les Balkans (Croatie, Bosnie et Serbie). Dans les populations de sangliers, les cas se multiplient notamment dans la majorité des pays d'Europe centrale ainsi que dans le Nord de l'Italie. La détection de la maladie en Italie dans plusieurs régions, mais aussi en Suède, à proximité d'une décharge urbaine démontre que ces propagations aux sangliers sont certainement d'origine humaine, par l'intermédiaire d'aliments contaminés rapportés de pays infectés », précise le ministère. Il avait par ailleurs réédité sa campagne de communication sur la PPA, de début juillet à fin novembre, pour sensibiliser tous les acteurs (professionnels, chasseurs, transporteurs, voyageurs...) à la prévention de la maladie.

Contre-performance du marché de la santé animale en 2022 mais espoir pour 2023

Le marché des produits de santé animale en chiffre d'affaires chez les ayants droit du médicament vétérinaire a enregistré une contre-performance en 2022, particulièrement marquée dans le secteur des animaux de rente, comme l'ont montré les chiffres de l'AIEMV6 publiés en octobre (lire DV n° 1681).

Ainsi, le chiffre d'affaires 2022 hors petfood enregistre un recul de - 1,76 % (contre + 5,87 % en 2021), dû à une baisse inédite du secteur des animaux de rente (- 8,09 %) alors que le marché des animaux de compagnie (hors petfood) se maintient avec une performance de seulement + 2,42 % (contre + 10,30 % en 2021). Le secteur équin, lui, stagne avec - 0,06 %.

Ces données sont d'autant plus négatives que l'inflation en 2022 s'est élevée à + 6 % (Insee, ensemble des ménages hors tabac).

En 2022, seul le petfood se distingue par une croissance nettement positive avec + 7,41 % mais l'AIEMV précise que cette donnée « est à prendre avec précaution en raison de la modification du périmètre (...) par rapport aux années précédentes ».

Un espoir apparaît toutefois pour 2023, les indicateurs du premier semestre attestant d'une nette reprise chez les animaux de compagnie et les équidés tandis que les animaux de rente redressent très timidement la tête. Ainsi, la croissance en chiffre d'affaires par rapport au premier semestre 2022 s'affiche à + 5,08 % hors petfood.

Cette bonne performance est liée au secteur des animaux de compagnie (+ 7,42 % hors petfood) et à celui des équidés (+ 7,47 %), tous deux affichant des progressions supérieures à l'inflation (inférieure à + 5/6 % pendant cette période). Les animaux de rente se redressent légèrement avec + 0,83 %, du fait d'une nette progression de la filière volailles (+ 6,14 %), d'une « stagnation positive »
(+ 0,83 %) de la filière Ruminants, tandis que la filière Porcins reste en recul (- 3,11 %).

50 % des foyers français ont un animal de compagnie : les chiffres de l'enquête Facco bisannuelle

Les chiffres clés sur le parc des animaux de compagnie en 2022, présentés par la Facco7 le 25 mai 2023, montrent que 50 % des foyers français possèdent un animal de compagnie et 43 %, un chien ou un chat8 (lire DV n° 1668). Alors que le taux de possession de chiots et de chatons était en progression lors de la dernière mesure pendant la crise sanitaire, il est revenu, en 2022, au niveau des années pré-Covid. Ainsi, près d'un foyer sur trois possède un chat et un foyer sur cinq possède un chien.

La part des chiens issus d'élevages (33 %) et des chats issus de refuges continue sa progression. L'âge moyen d'acquisition des chiens est d'un an. La population canine est stable en termes d'âge (12,5 ans à la mort, 11,8 ans en 2012) et de poids (poids moyen : 18,8 kg) par rapport à 2020. Pour les chats, le poids se maintient (4,6 kg) et le vieillissement se poursuit (12,2 ans à la mort contre 10,5 en 2012) alors que l'âge moyen de la population canine est stable. La stérilisation continue de progresser chez les chiens et les chats.

Environ trois animaux sur dix souffrent d'au moins une affection, une proportion stable. La médicalisation des chiens et des chats progresse. 87 % des chiens sont allés au moins une fois chez le vétérinaire en 2022 et 53 % sont stérilisés (+ 5 points par rapport à 2020) (21 % de mâles, 32 % de femelles). 11 % des chiens ont de l'arthrose, 10 % sont en surpoids/obésité et 8 % ont une affection cutanée/allergie.

64 % des chats sont allés au moins une fois chez le vétérinaire en 2022, contre 56 % en 2012. 89 % sont stérilisés (42 % de mâles, 47 % de femelles) (+ 4 points). 14 % des chats sont en surpoids/obésité, 7 % souffrent d'affections urinaires et 4 %, d'arthrose.

Si la Facco recense la population animale sur la base d'un sondage auprès d'un panel représentatif de la population française, I-Cad dénombre les animaux identifiés. Son enquête sera refondue en 2024 car la Facco s'est aperçue que les moins de 45 ans répondent de moins en moins au questionnaire depuis dix ans.

La possession d'autres animaux (poissons, rongeurs, oiseaux) atteint son plus bas niveau depuis dix ans (taux de possession de respectivement 7,4, 4,2 et 2,1 % des foyers).

Recrudescence de cas de grippe et rhinopneumonie équines

La France, comme plusieurs autres pays européens, a fait face l'an dernier simultanément à une recrudescence de cas de deux maladies infectieuses équines : la grippe (lire DV n° 1654) et l'herpèsvirose à HVE1 ou rhinopneumonie (lire DV n° 1655). Le Respe9 a pris la parole à plusieurs reprises pour en dresser le bilan et détailler une série de recommandations visant à s'en prémunir.

Dans ce contexte de circulation parallèle de deux maladies virales hautement contagieuses, il recommande notamment des mesures de biosécurité et de prophylaxie médicale et « rappelle unanimement l'importance de la vaccination selon les protocoles en vigueur ».

Ces mesures ont permis d'éviter le scénario de 2021 où une épizootie s'était déclarée à Valence, en Espagne, et avait impacté la filière pendant plusieurs semaines (lire DV n° 1580).

Une nouvelle souche de FCO sérotype 8 mise en évidence

La nouvelle souche de fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8 qui a été détectée en France pour la première fois début août dans le sud du Massif central a été responsable de 1 018 foyers bovins et 332 foyers ovins au 7 novembre, rapporte le bulletin hebdomadaire du 21 novembre de la Plateforme Epidémiosurveillance en santé animale (lire DV n° 1686).

Vingt départements sont concernés : Ain, Allier, Ardèche, Ariège, Aude, Aveyron, Cantal, Corrèze, Corse-du-Sud, Creuse, Dordogne, Gard, Haute-Garonne, Loire, Lot, Lozère, Puy-de-Dôme, Tarn, Saône-et-Loire,Tarn-et-Garonne.

C'est une analyse du laboratoire national de référence qui a permis de conclure qu'il s'agissait d'une nouvelle souche de sérotype 8 de la FCO. Le premier foyer a été confirmé le 4 août en Aveyron.

Compte tenu des mutations observées sur cette souche, les études en cours semblent confirmer que les vaccins existants contre le sérotype 8 restent efficaces contre cette souche

La maladie hémorragique épizootique arrive en France

Le laboratoire national de référence de santé animale de Maisons-Alfort (Anses10) a confirmé, le 21 septembre, la présence du virus de la maladie hémorragique épizootique (MHE) sur des bovins dans trois élevages dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées (lire DV n° 1677).

La MHE est une maladie réglementée au niveau européen et à déclaration obligatoire. Les pays impactés ont l'obligation d'instaurer des mesures de surveillance afin de suivre l'évolution de la maladie dans l'espace et le temps.

La réglementation européenne n'impose pas de restrictions de mouvements d'animaux sur le territoire national. En revanche, elle interdit l'envoi vers d'autres États membres à des fins d'élevage de tout ruminant provenant des exploitations situées dans un rayon de 150 km autour de chaque foyer. L'envoi direct pour abattage dans un autre État membre demeure possible.

Après l'Italie (Sardaigne et Sicile), l'Espagne et le Portugal, la France est le quatrième pays touché par la maladie en Europe.

Celle-ci est connue de longue date en Amérique du Nord, circule en Australie, en Asie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

C'est une maladie virale infectieuse, non contagieuse, à transmission vectorielle (arbovirose, transmise par les insectes piqueurs hématophages du genre Culicoides), des ruminants domestiques et sauvages, principalement du cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) et des bovins. Les moutons, les chèvres et les camélidés peuvent également être réceptifs mais ne présentent pas de signes cliniques.

Le diagnostic différentiel doit être fait avec la fièvre catarrhale ovine.

La détection de nouveaux foyers de MHE dans d'autres départements a conduit la DGAL à publier, le 2 novembre, une instruction technique précisant les modalités de surveillance des ruminants et les règles qui s'appliquent sur les mouvements des animaux (lire DV n° 1684).

Au titre de la loi de santé animale, la maladie est classée en catégories D et E (mesures aux échanges intra Union européenne et rapportage à la Commission européenne) chez les antilocapridés, bovidés, camélidés, cervidés, giraffidés, moschidés et tragulidés.

Une surveillance événementielle dans les élevages de ruminants est instaurée sur tout le territoire métropolitain et, en cas de suspicion clinique sur un animal, l'analyse pour recherche de la MHE « doit être engagée dès la déclaration par le vétérinaire sanitaire ».

Au 16 novembre, le ministère de l'Agriculture recensait 3 340 foyers situés dans 14 départements : Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Gers, Landes, Ariège, Aude, Tarn, Lot-et-Garonne, Gironde, Tarn-et-Garonne, Dordogne, Corrèze et Vendée

Toujours cinq vétérinaires au Sénat

Les trois vétérinaires sortants sur les six que compte le Sénat concernés par les élections sénatoriales du 24 septembre ont été réélus (lire DV n° 1677).

Il s'agit de nos confrères Arnaud Bazin (Les Républicains) réélu dans le Val-d'Oise, Gérard Larcher (Union de la droite) dans les Yvelines et Ronan Dantec (Union de la gauche) en Loire-Atlantique.

Deux autres vétérinaires sénateurs n'ont pas été concernés par ces élections, nos confrères François Patriat (Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants), en Côte-d'Or, et Annick Jacquemet (Union centriste), dans le Doubs, qui avaient été respectivement réélu et élue lors des élections de septembre 2020.

Notre confrère Gérard Larcher, actuel président du Sénat, a remis par ailleurs en jeu ce titre, le président du Sénat étant élu tous les trois ans après chaque renouvellement partiel du Sénat. Il a été réélu à ce poste avec une confortable avance (218 voix sur 348) le 2 octobre.

1 SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

2 Avef : Association vétérinaire équine française.

3 Afvac : Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie.

4 SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

5 DDPP : Direction départementale de la protection des populations.*

6 AIEMV : Association interprofessionnelle d'étude du médicament vétérinaire.

7 Facco : Fédération des fabricants d'aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers.

8 Sources Kantar-Facco 2022 ; étude sur 10 367 questionnaires issus de foyers représentatifs, de septembre à novembre 2022.

9 Respe : Réseau d'épidémiosurveillance en pathologie équine.

10 Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1693

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