Recrutement : les critères qui comptent
Mercredi 1 Fevrier 2023 Vie de la profession 46415La notion de qualité du site Internet et de l'annonce est particulièrement importante à soigner, souligne Françoise Bussiéras, secrétaire générale du SNVEL.
© Jacques Graf
Enquête
Problématique professionnelle aiguë, le recrutement a fait l'objet d'une enquête en ligne conduite par le SNVEL*. Les premiers résultats, dévoilés lors de l'assemblée des délégués du SNVEL du 26 janvier, permettent de mettre en avant des critères susceptibles de faciliter cette démarche.
Le SNVEL* a diligenté une enquête en ligne sur la problématique du recrutement à laquelle ont répondu 502 vétérinaires. Les premiers résultats ont été dévoilés lors de l'assemblée des délégués. Ils ont encore besoin d'être affinés et confrontés à une analyse des différences statistiquement significatives mais des grandes lignes ont pu être présentées.
A la question « Etes-vous en déficit de ressources humaines ? », 53 % des répondants affirment être en sous-effectif, 20 % en situation instable et seuls 27 % en effectifs adaptés. 75 % ont cherché à recruter dans l'année.
Concernant l'organisation des vétérinaires pour les vacances, 69 % s'organisent entre vétérinaires de la clinique, 9 % ferment leur structure, 8 % ne prennent pas de vacances.
10 % ont déjà vendu à un groupe
En prévision de leur départ à la retraite, 43 % des confrères espèrent vendre leur clientèle à un confrère en priorité, 17 % pensent qu'ils n'auront pas de repreneur, 10 % ont déjà vendu leur clientèle à un groupe et 8 % envisagent de le faire (figure n° 1).
Concernant le recrutement proprement dit, seuls 40 % des vétérinaires ont réussi à embaucher (figure n° 2). La moitié n'a pas réussi (43 % n'y sont pas arrivés, pour 1 % le recruté n'est pas venu, il est parti pendant la période d'essai (2 %) ou après (6 %)). 68 % des vétérinaires ayant offert un poste ont reçu 1 ou 2 candidatures, 21 %, aucune et seuls 11 %, 3 ou plus.
Le poste proposé était un CDI dans 63 % des cas mais il est à noter dans cette enquête que souvent, les recruteurs laissent le libre choix au candidat et notamment pour ce critère (22 %) (figure n° 3). C'est également le cas pour le statut dans 36 % des cas, le forfait jour étant proposé dans 35 % des cas, le salariat dans 22 % et la collaboration libérale dans 7 %. La rémunération offerte est au niveau de la convention collective dans 29 % des cas, au-dessus de 10 à 14 % dans 33 % des offres, au-dessus de 6 à 9 % dans 19 % des cas et au-dessus de plus de 15 % dans 19 % des cas également.
Pas d'hébergement dans 62 % des cas
Dans 37 % des cas, le recrutement faisait suite au départ d'un confrère et dans 32 % des cas, à une augmentation d'activité continue.
62 % des recruteurs n'offrent pas de modalités d'hébergement. Le temps de travail est dans 43 % des cas laissés au choix du candidat. Il s'agit d'un temps complet dans 37 % des cas et d'un temps partiel dans 20 %.
Concernant les astreintes en semaine, 40 % des recruteurs n'en demandent aucune, 19 % laissent cette contrainte au choix du candidat, 29 % les sollicitent moins d'une nuit par semaine, 12 %, plus d'une nuit (figure n° 4).
Pour les week end, 60 % des recruteurs demandent de travailler pendant 30 à 80 % des samedis et 30 % une astreinte pour plus d'un dimanche par mois tandis que 39 % ne les mobilisent aucun dimanche.
Pas d'impact de la filière
L'enquête s'est ensuite intéressée aux critères qui pouvaient nuire au recrutement ou au contraire le favoriser.
Il apparaît que la réussite du recrutement ne dépend pas de la filière proposée (canine, rurale) ni du type d'agglomération (urbaine, semi-urbaine ou rurale). Les astreintes imposées ne semblent pas non plus impacter le succès du recrutement de même que le niveau de rémunération offert.
Par contre, le groupe de vétérinaires qui n'a pas réussi son recrutement se caractérise par une longue durée (plus de 6 mois) de sous-effectif et la vision plus pessimiste de la reprise de la clinique (24 % des vétérinaires n'ayant pas réussi à recruter pensent qu'ils n'auront pas de repreneur). L'enquête met pourtant en avant les efforts qu'ils font pour recruter puisque ce groupe en échec est celui qui propose le plus de flexibilité aux candidats dans plusieurs domaines (temps de travail, statut, hébergement, durée du poste).
Qualité du site Internet
40 % des vétérinaires n'ayant pas réussi à recruter n'ont reçu aucune candidature ! Cela veut dire que les candidats ne viennent même pas les voir ou ne les appellent pas. On peut se demander alors si l'aspect du site Internet de l'établissement ne serait pas un critère déterminant. Le dernier sondage Vetonetwork (2022) montrait en effet que plus de 90 % des candidats visitaient le site Internet d'une clinique pour se faire une idée de son activité et sa page Facebook pour évaluer l'ambiance de travail.
Leur profil est un peu plus âgé, seul en exercice ou avec 2 ou 3 vétérinaires, prenant moins d'étudiants en stage.
Le groupe ayant recruté apparaît un peu plus jeune et féminin, avec 4 à 7 vétérinaires par établissement, un recours aux petites annonces gratuites signant leur présence sur les réseaux sociaux.
La notion de qualité du site Internet et de l'annonce est donc particulièrement importante à soigner, a souligné notre consoeur Françoise Bussiéras, secrétaire générale du SNVEL, à l'origine de l'enquête.
En conclusion, elle regrette la faible mise en avant du statut de collaborateur libéral, pourtant plus adapté à l'exercice vétérinaire que le salariat qui peut être un problème en cas de mise en accusation devant les prud'hommes par exemple du fait des caractéristiques de l'activité vétérinaire (temps de travail variable, astreintes...). M.L.
* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.