Reconnaître les affections nerveuses du jeune chien
Mercredi 26 Septembre 2018 Animaux de compagnie 30566« La méningite dysimmunitaire est fréquente chez le jeune chien. Le beagle, le bouvier bernois et le boxer sont des races plus à risque. Les premiers signes sont la fébrilité et une cervicalgie. Le diagnostic se fait par une ponction rachidienne montrant une forte pléocytose neutrophilique », explique notre confrère Laurent Cauzinille, spécialiste en neurologie.
© Laurent Cauzinille
Valérie DUPHOT
Diagnostic
Notre confrère Laurent Cauzinille (dipl. ACVIM neurologie et dipl. ECVN, centre hospitalier vétérinaire Frégis, Arcueil) a présenté les principales affections nerveuses du jeune chien lors du congrès France Vet, le 8 juin, à Paris. Il insiste sur l'importance de la prise de commémoratifs pendant la consultation, l'expression clinique et l'examen nerveux, qui permettent d'émettre des hypothèses et de choisir les examens complémentaires en fonction de la puissance de ceux-ci.
Maladies inflammatoires
« Les maladies nerveuses inflammatoires juvéniles surviennent dans la première année et sont les plus fréquentes chez le jeune chien, à la différence du chat », indique notre confrère Laurent Cauzinille (dipl. ACVIM neurologie et dipl. ECVN, centre hospitalier vétérinaire Frégis, Arcueil).
Les encéphalites bactériennes sont extrêmement rares au niveau cérébral avec des signes supra ou infra-tentoriels, plus présentes au niveau discal intervertébral ou de l'oreille moyenne et interne. Les vestibulites donnent un syndrome vestibulaire et les discospondylites entraînent douleur, ataxie et parésie.
La méningomyélite infectieuse, très rare (néosporose par exemple), provoque de la douleur, une ataxie et une parésie. Douleur et faiblesse sont présentes lors de myosite.
Les examens à disposition du praticien sont une numération formule (présence d'une leucocytose neutrophilique en cas d'infection bactérienne), l'imagerie (IRM pour les maladies parenchymateuses), l'analyse du liquide céphalo-rachidien, la PCR et la sérologie (maladie de Carré, néosporose), la radiographie/scanner et l'IRM pour les discospondylites.
« En cas d'infection virale, il est possible de recourir à l'interféron. Les infections bactériennes se traitent avec des céphalosporines, de l'amoxicilline-acide clavulanique... Les corticoïdes doivent être utilisés à faible dose » , recommande notre confrère.
Les maladies inflammatoires dysimmunitaires, essentiellement des méningites sans atteinte profonde du parenchyme cérébral ou médullaire, résultent d'une surstimulation immunitaire ou d'une dérégulation antigénique.
Leur aspect clinique est identique à celui des maladies à causes infectieuses. Laurent Cauzinille rappelle que la myosite dysimmunitaire est aussi présente chez le jeune chien.
Un bilan sanguin est sans intérêt sauf pour la créatine kinase lors de myosite. Pour l'imagerie, l'IRM est à préférer au scanner. « Le praticien peut apprendre à effectuer un comptage immédiat sur le liquide céphalo-rachidien afin de porter un diagnostic de maladie inflammatoire du système nerveux. Bien que la population soit essentiellement polynucléaire, aucun agent infectieux n'est retrouvé », indique-t-il.
Le traitement passe par des anti-inflammatoires à dose immunosuppressive (prednisolone 1-2 mg/kg BID puis diminuer progressivement la dose) pendant deux mois et des immunomodulateurs (azathioprine, ciclosporine, cytosine arabinosine chez les jeunes adultes).
Maladies cérébrales acquises
Le scanner et l'IRM permettent de diagnostiquer une hydrocéphalie hypertensive ou non. Son traitement fait appel aux anti-inflammatoires stéroïdiens, aux anti-épileptiques, à l'acétazolamine qui diminue la production du liquide cérébrospinal, éventuellement à la chirurgie pour pose d'une dérivation.
L'agénésie du cervelet et les abiotrophies cérébelleuses existent de façon héréditaires chez certaines races (coton de Tuléar, Staffordshire bull terrier).
Parmi les anomalies médullaires, Laurent Cauzinille cite les malformations de type Chiari (chez le cavalier King Charles), qui provoquent une syringomyélie à l'origine d'algies et de démangeaisons cervicales et scapulaires.
Les malformations vertébrales (hémivertèbres) entraînent davantage de signes cliniques chez le carlin que chez le bouledogue français. Les outils diagnostiques sont la radiographie (attention, les anomalies peuvent n'avoir aucune conséquence médullaire) et le myéloscanner ou l'IRM qui permettent de mieux apprécier les anomalies médullaires compressives associées.
Le traitement passe par des anti-inflammatoires stéroïdiens et la chirurgie lorsque la croissance du chien n'est pas terminée.
Anomalies métaboliques
L'encéphalose hépatique provoque des signe nerveux d'encéphalose périodique (cécité, désorientation, salivation, voire crise convulsive). Son diagnostic passe par le dosage des acides biliaires et l'échographie.
Son traitement est alimentaire et médicamenteux (métronidazole à faible dose et Duphalac ND...). La chirurgie permet de refermer le shunt de façon définitive.
Atteintes tumorales
Elles peuvent être cérébrales ou médullaires ; il faut toujours y penser même chez un jeune chien.
Epilepsie
D'origine héréditaire (test génétique de dépistage chez le lagotto romagnolo), structurelle (hydrocéphalie ou autre anomalie parenchymateuse), congénitale ou souvent idiopathique, « L'épilepsie doit être traitée le plus tôt possible » , insiste Laurent Cauzinille.
Pour le berger australien, notre confrère recommande de traiter fort et de passer vite en bithérapie.
Conclusion
Les affections nerveuses sont multiples chez le jeune chien et dominées par les affections inflammatoires dysimmunitaires. « Une démarche diagnostique rigoureuse conduit à un diagnostic et un traitement adapté », conclut notre confrère. ■