Proposition saugrenue du ministre Robert Kennedy Jr pour lutter contre la « grippe aviaire » : laisser le virus se propager
Mercredi 26 Mars 2025 Sciences 52969Avec un taux de mortalité proche de 100 % avec ces virus Influenza aviaire hautement pathogène, il est utopique de vouloir garder les rares volailles survivantes pour sélectionner des sujets immunisés dans un système d'élevage avicole qui pratique le « tout dedans-tout dehors ».
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Jeanne BRUGERE-PICOUX
Professeur honoraire de l'école vétérinaire d'Alfort
Académie nationale de médecine
Académie vétérinaire de France
Santé publique
La proposition du ministre de la Santé des Etats-Unis Robert Kennedy Jr de laisser le virus de l'influenza aviaire se propager pour sélectionner des volailles immunisées témoigne d'une méconnaissance totale de la panzootie de peste aviaire qui sévit actuellement aux États-Unis. Elle est due à un virus influenza A hautement pathogène (IAHP) qui provoque une septicémie rapidement mortelle pouvant atteindre l'ensemble du troupeau.
Avec un taux de mortalité proche de 100 % avec ces virus IAHP, il est utopique de vouloir garder les rares volailles survivantes pour sélectionner des sujets immunisés dans un système d'élevage avicole qui pratique le « tout dedans-tout dehors ».
Au contraire, c'est favoriser l'extension de la maladie dans le pays. Ce virus ne connaît pas les frontières car il touche aussi les oiseaux sauvages qui favorisent sa propagation. L'arrêt des mesures sanitaires limitant la contamination des élevages aviaires serait une véritable catastrophe pour les éleveurs : pertes économiques par l'augmentation des élevages atteints et la mortalité animale, perte d'une sélection génétique dans certains élevages de reproducteurs (dont les lignées de grand-parentaux).
Ne pas favoriser l'apparition de nouveaux variants
Au niveau international, les produits avicoles ne pourraient plus être exportés.
Économiquement, les consommateurs seront également concernés. Actuellement, le prix des produits avicoles a augmenté sur le marché étatsunien, notamment les oeufs (d'où la nécessité d'en importer). Ce déficit s'accentuera obligatoirement pour les oeufs comme pour la viande.
Même si actuellement il n'y a pas de risque de pandémie lié à un virus de la peste aviaire car il n'y a jamais eu de contamination interhumaine, il n'est pas souhaitable de favoriser la multiplication d'un virus qui peut muter et favoriser ainsi l'apparition de nouveaux variants.
Il faut espérer que la proposition désastreuse du ministre Robert Kennedy Jr ne sera pas appliquée. ■