Prévention des morsures canines : inclure le facteur « maltraitance »

Les morsures d'un chien au sein de sa famille doivent être considérées comme un indicateur de possibles violences familiales, conjugales ou animales.

© Andriano-cz-Adobe

Société

L'Association contre la maltraitance animale et humaine (Amah) réagit à la publication, le 8 février, du rapport de l'Anses* concernant la prévention des morsures canines. L'association regrette que les maltraitances animales ou les violences domestiques ne soient ni évoquées ni prises en compte alors que la maltraitance peut être un facteur d'agressivité et donc de morsures chez un chien. 

Suite à la publication de l'avis de l'Anses* sur les morsures canines (lire DV n° 1561), l'Association contre la maltraitance animale et humaine (Amah) demande que, « parmi les facteurs influençant le risque de morsure chez le chien, les violences et maltraitances animales et domestiques soient reconnues et prises en compte. Leur nécessaire intégration dans les outils et dispositifs (évaluation comportementale, observatoire des morsures) permettra de mieux prévenir les morsures de chiens mais également de lutter contre les violences domestiques ».

L'Amah regrette que, dans ce rapport, « les maltraitances animales ou les violences domestiques ne (soient) ni évoquées ni prises en compte » alors qu' « il existe (...) un lien entre les violences commises envers les personnes et celles commises envers les animaux, démontré par de nombreuses études désormais. Et un chien victime de maltraitances et/ou qui voit ses proches maltraités (enfants et/ou autres personnes vulnérables du foyer) peut devenir agressif en réaction à ce qu'il voit et/ou ce à qu'il subit » .

Facteur de morsure reconnu

« Ce facteur de morsure est d'ailleurs reconnu par des publications internationales et se retrouve parfois dans le profil des victimes de morsures », ajoute l'Amah.

Dès lors, « les morsures d'un chien au sein de sa famille et sur un membre de celle-ci doivent être considérées comme un indicateur de possibles violences familiales, conjugales ou animales ».

Cette prise en compte peut se faire, estime l'association, dans le cadre de l'évaluation comportementale qui doit, selon la recommandation de l'Anses, évaluer systématiquement le ou les contextes de la morsure et les hypothèses de facteurs d'émission et d'exposition.

L'Amah rappelle qu'elle avait déjà proposé, lors de son audition le 18 mars 2020 par le député Loïc Dombreval dans le cadre de la lutte contre les abandons, que la consultation dite « animal mordeur » devienne une véritable évaluation comportementale s'intéressant au cadre de vie du chien, c'est-à-dire permettant de repérer des violences domestiques au sein du foyer.

Envisager la maltraitance dans son diagnostic

« Ainsi, à l'instar des médecins, chirurgiens-dentistes, masseurs-kinésithérapeutes, etc., les vétérinaires doivent envisager la maltraitance et les violences domestiques dans leur diagnostic et en particulier lors des visites « mordeurs » en recherchant les circonstances de la morsure », conclut l'association, qui annonce qu'elle rendra prochainement disponible, pour les équipes vétérinaires, son guide de repérage des maltraitances animales et humaines, pour mieux cerner et gérer la problématique avec des outils pratiques de détection et de prise en charge des violences domestiques.

Concernant la mise en place d'un observatoire des morsures recommandée par l'Anses, l'Amah demande « d'y intégrer comme facteur de risque les maltraitances et la violence, violence sur le chien mordeur comme sur les autres membres du foyer, personnes ou animaux » , autant d'informations qui « devraient pouvoir être utilisées afin que des investigations et des mesures de protection puissent être prises ».

* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1563

Envoyer à un ami

Mot de passe oublié

Reçevoir ses identifiants