Première description d'une myocardite chez des animaux de compagnie naturellement infectés avec la variante britannique du Covid-19

Une clinique vétérinaire spécialisée en cardiologie au Royaume-Uni a constaté une augmentation surprenante de myocardites chez des chiens et des chats.

© Callalloo Canis - Fotolia.com

Jeanne BRUGERE-PICOUX

Membre de l'Académie nationale de médecine et de l'Académie vétérinaire de France

Épidémiologie

Il s'agit de la première publication scientifique* démontrant l'infection d'animaux de compagnie par le variant britannique B.1.1.7 de la Covid-19. Une clinique vétérinaire spécialisée en cardiologie (située à Buckinghamshire à 85 km au nord-ouest de Londres) a constaté une augmentation surprenante de myocardites chez des chiens et des chats (sans antécédents cardiaques et présentant une apathie, une dyspnée d'origine cardiaque, parfois une syncope et une arythmie ventriculaire) entre décembre 2020 et février 2021, l'incidence observée passant de 1,4 % à 12,8 % (8,5 % chez les chats et 4,3 % chez les chiens). 

Cette observation rappelant la courbe de la pandémie humaine due au variant B.1.1.7 de la Covid-19 au Royaume-Uni, les vétérinaires ont suspecté cette maladie, d'autant plus que les propriétaires en avaient présenté les symptômes 2 à 3 semaines avant leurs animaux, avec une confirmation par un test PCR pour certains d'entre-eux.

Des prélèvements (naso-pharyngés et rectaux) ont été réalisés sur 6 chats et un chien présentant des symptômes ainsi que des prélèvements sanguins chez 2 chats et 2 chiens ayant présenté une myocardite 2 à 6 semaines auparavant. Ces prélèvements ont été envoyés au laboratoire à Montpellier de notre confrère Eric Leroy.

Guérison dans la plupart des cas

Aucun signe de type grippal n'a été observé chez les 11 animaux qui ont évolué vers la guérison après leur traitement. Seul un chat a présenté une rechute suffisamment grave pour décider d'une euthanasie.

Les prélèvements nasopharyngés se sont révélés négatifs alors qu'il y a eu trois résultats positifs par PCR au variant anglais avec les prélèvements rectaux. Trois autres prélèvements sanguins se sont avérés positifs en sérologie pour la Covid-19.

Outre le fait de démontrer que les animaux de compagnie peuvent être infectés par le variant anglais, ces résultats interrogent sur la pathogénicité réelle de ce variant et confirme les suspicions récentes observées chez l'Homme.

Enfin, compte tenu de la plus grande contagiosité démontrée de ce variant, cette étude relance le débat sur le rôle des animaux de compagnie dans la propagation de la pandémie et renforce la nécessité de mettre en place une stratégie « Une seule santé » dans la lutte globale contre la Covid-19.

* Luca Ferasin et al., Myocarditis in naturally infected pets with the British variant of COVID-19, disponible en pré-print à l'adresse https://biorxiv.org/cgi/content/short/2021.03.
18.435945v1.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1567

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