Prairies en Auvergne : des campagnols terrestres infectés en forte proportion par Leptospira
Mercredi 22 Mars 2023 Sciences 46306Le campagnol terrestre représente une source potentielle d'agents pathogènes pour les populations animales et humaines.
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Santé publique
L'Inrae* a dévoilé, le 10 janvier, les résultats d'une étude baptisée pré-Pathozoon, réalisée en Auvergne, dont le but était de décrire la présence d'agents potentiellement zoonotiques parmi des populations de campagnols terrestres (Arvicola terrestris).
Parmi les rongeurs, plusieurs espèces de campagnols, y compris le campagnol terrestre en France, présentent en effet des cycles de pullulation pluriannuels caractérisés par une croissance importante de la population suivie d'un déclin rapide. Les populations de l'ordre des rongeurs sont également connues pour être fréquemment infectées par des agents zoonotiques.
Ces deux caractéristiques, combinées à celle de coloniser l'habitat de ruminants domestiques en contact étroit avec l'humain, font d'A. terrestris, une source potentielle d'agents pathogènes pour les populations animales et humaines.
Deux agents zoonotiques détectés
Dans le cadre du projet pré-Pathozoon, différentes techniques de biologie moléculaire, dont le séquençage massif à partir d'échantillons issus de plusieurs populations d' A. terrestris en Auvergne, ont été appliquées.
Trois prairies utilisées pour l'élevage de ruminants, de caractéristiques écosystémiques similaires et colonisées par les campagnols terrestres, ont constitué les sites d'étude.
La session de capture a inclus 46 campagnols terrestres qui ont fait l'objet de prélèvements d'organes, d'urine et de sang. L'ADN et l'ARN ont été extraits de ces échantillons d'organes pour être analysés.
En conclusion, les outils de séquençage ont mis en évidence l'infection des campagnols par des bactéries zoonotiques du genre Leptospira et un virus faiblement zoonotique, Tula-orthohantavirus.
Rôle dans la persistance de bactéries dans l'écosystème prairial
Les résultats indiquent que la diversité des agents zoonotiques est donc limitée dans ces trois populations de campagnols terrestres. Cependant, la proportion d'individus infectés par Leptospira est particulièrement élevée : 57 % à 94 % selon les sites.
« La prévalence observée est élevée en comparaison à ce qui est décrit pour les autres espèces de rongeurs », soulignent les auteurs. Par exemple, le rat surmulot ( Rattus norvegicus ), hôte emblématique de Leptospira , est régulièrement associé à une prévalence approximative de 25 %.
Cette proportion élevée « souligne leur contribution potentiellement importante pour assurer la persistance de ces bactéries dans l'écosystème prairial », commentent les chercheurs. Cependant, « les études nécessitent d'être étendues à d'autres zones », concluent-ils. M.J.
* Inrae : Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.