Polluants organiques persistants : l'ARS recommande de ne pas consommer les oeufs des poulaillers domestiques en Île-de-France

La consommation régulière d'aliments contaminés par des dioxines et des PCB entraîne une imprégnation progressive de l'organisme qui peut avoir des effets sur la santé à long terme.

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Santé publique

Après une alerte sur la concentration de dioxines dans des oeufs non commercialisés de poules élevées dans des poulaillers urbains domestiques près de l'incinérateur d'ordures ménagères d'Ivry (Val-de-Marne), l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France a mené une étude régionale des teneurs en polluants organiques persistants dans l'environnement urbain, mesurées dans 25 poulaillers domestiques, dont 14 près des trois principaux incinérateurs de déchets autour de Paris (Ivry-sur-Seine, Issy-Les-Moulineaux, Saint-Ouen) et 11 qui en sont éloignés.

Les premiers résultats mettent en évidence « une contamination de l'ensemble des prélèvements de sols et d'oeufs par les trois familles de polluants organiques persistants analysées (dioxines, furanes et PCB). Cela signifie que ces trois familles de polluants organiques persistants sont potentiellement présentes dans tout l'environnement urbain et pas spécifiquement aux abords des incinérateurs ».

L'ARS a préconisé, le 19 avril, dans l'attente de l'analyse définitive, de façon conservatoire et prudentielle, la non consommation des oeufs et produits animaux de production domestique non contrôlée en région francilienne.

Parmi les 25 sites analysés, deux ont des teneurs particulièrement élevées en PCB dans les oeufs (40 à 50 fois les seuils réglementaires européens pour les oeufs commercialisés). Il s'agit de deux sites éloignés de plus de 3 km de tout incinérateur.

Origine des contaminations non établie

L'interprétation des résultats est en cours pour analyser les niveaux de contamination relevés en fonction des éléments de contexte environnemental et des pratiques d'élevage. Le rapport de l'étude sera rendu public à la fin du premier semestre.

L'origine de ces contaminations n'est pas encore établie, des investigations complémentaires sont en cours. Les mairies concernées sont tenues informées. Il a été recommandé aux 21 propriétaires des poulaillers dont les oeufs ne répondent pas aux normes de ne plus les consommer.

Plusieurs poulaillers ont des contaminations faibles pouvant probablement s'expliquer par des pratiques d'élevage évitant une contamination des poules dans leur environnement. Les propriétaires ont été sollicités pour recueillir leurs pratiques d'élevage.

L'ARS rappelle que « la consommation régulière d'aliments contaminés par des dioxines et des PCB entraîne une imprégnation progressive de l'organisme qui peut avoir des effets sur la santé à long terme, comme une augmentation du risque de cancer, de troubles de la fertilité et de la grossesse, d'effets métaboliques comme le diabète et des effets perturbateurs endocriniens ».

Il n'existe aucun traitement pour éliminer ces substances de l'organisme. La principale mesure de prévention consiste à éviter la consommation de produits alimentaires les plus contaminés. V.D.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1664

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