Plus malin qu'un singe ? - Mesurez-vous à l'intelligence des animaux
Samedi 18 Avril 2020 Lecture 41787Thierry JOURDAN, docteur vétérinaire
Le titre semble provocateur. Notre regard et notre jugement reposent sur notre expérience concernant les aptitudes humaines. Nous sommes prêts à concéder qu'il existe divers types d'intelligence. Mais nous ne sommes pas prêts à penser que, sur telle ou telle situation, les animaux nous sont bien supérieurs en termes d'organisation ou de résolution de problèmes.
L'auteur commence malicieusement par un problème de choix de consommateur devant trois établissements qui proposent des cappuccinos avec trois prix différents. De manière majoritaire, les humains choisiront le plus cher car ils anticipent le fait qu'il soit de meilleure qualité. En mettant des capucins dans un exercice équivalent (un nombre de boules de glace plus grand pour une glace « pas chère » par rapport à une « chère » puis mise à disposition en libre-service des deux glaces), ceux-ci prennent le produit qui leur plaît et pas celui qui est cher.
Pensons-nous bien reconnaître les visages ? Les guêpes reconnaissent toutes les habitantes de leur colonie et chassent toutes les guêpes étrangères ayant pourtant été aspergées de l'odeur de cette colonie.
Face au paradoxe de « Monty Hall », jeu inventé pour une émission télévisée qui consiste à choisir la bonne porte parmi trois en sachant que deux d'entre elles ouvrent sur une chèvre et la dernière sur une voiture, le présentateur, après que le participant ait choisi une porte, ouvre l'une des deux autres portes qui révèle une chèvre. Conservez-vous la même porte ou en changez-vous ? La bonne réponse est qu'il faut changer de porte.
Dans les mêmes conditions d'entraînement intensif étudiants versus pigeons (les pigeons ont des graines), ce sont les pigeons qui gagnent.
Fort heureusement, Ben Ambridge, pour apaiser les blessures narcissiques des humains, aborde de nombreux exemples tirés de la théorie des jeux et montrent que souvent les singes sont aussi bêtes que nous.
Les vétérinaires croient connaître les chiens ? Deux psychologues anglo-saxons ont décidé d'apprendre à un chien un ou deux mots en russe chaque jour en lui montrant l'objet correspondant et en le lui répétant une trentaine de fois. Le chien est ensuite confronté à une cinquantaine d'objets et doit reconnaître le bon après avoir entendu le mot en russe (le russe pour que les humains anglo-saxons puissent se comparer face à un exercice similaire). Les humains ont sélectionné des chiens aptes et attentifs aux ordres humains certes mais ces chiens ont eu les mêmes tests deux ans plus tard. Et si l'un de nous essayait ?
Il n'étonnera personne que le test du voyageur ou VRP ainsi qu'une adaptation de la tour de Hanoï, sont remportés haut les antennes par les fourmis.
Les pigeons mais aussi les poussins ne cèdent pas comme les humains aux illusions optiques de grandeur et taille d'objets. Tortues, écureuils sont convoqués dans divers exercices dont nous tairons les résultats humains.
Ben Ambridge se permet tout et traite des addictions avec une araignée, du comportement sexuel ou fétichiste avec des punaises ou des cailles.
Bref, allons de surprise en surprise dans ce bestiaire qui remue les méninges et qui dit aussi beaucoup de choses sur les humains.