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Peste porcine africaine : un premier cas détecté en Allemagne, chez un sanglier

Le cas concerne un sanglier, dont la carcasse a été découverte à proximité de la frontière avec la Pologne, pays fortement touché par la maladie.

© Wojciech Nowak - Fotolia.com

Michel JEANNEY

Épidémiologie

Alors que les cas de peste porcine africaine en élevage sont en hausse en Europe de l'Est, les autorités allemandes ont annoncé, le 10 septembre, avoir enregistré, pour la première fois, un cas sur leur territoire. Il s'agit d'un sanglier dont la carcasse a été découverte à proximité de la frontière avec la Pologne. La France est toujours indemne mais exposée.

L'Allemagne a enregistré un premier cas de peste porcine africaine (PPA), a annoncé, le 10 septembre, la ministre allemande de l'Agriculture. Il s'agit d'un sanglier dont la carcasse a été découverte à proximité de la frontière avec la Pologne (elle-même fortement touchée par la maladie), dans la région du Brandebourg, qui entoure Berlin.

Le laboratoire de l'État de Berlin-Brandebourg a détecté des séquences génomiques spécifiques du virus de la PPA sur les échantillons prélevés sur place. Le laboratoire national de référence pour la PPA, le Friedrich-Loeffler Institute (FLI), a confirmé le diagnostic le 10 septembre, explique la Plateforme Epidémiosurveillance en santé animale (ESA, France).

« Les prélèvements ont été réalisés sur une carcasse dans un état de décomposition avancée. Le FLI suppose que l'entrée sur le territoire allemand a eu lieu il y a quelques semaines. Il avait déjà classé le risque d'introduction de l'agent pathogène en Allemagne comme élevé. Le land du Brandebourg avait érigé sur la frontière délimitée par les rivières Oder et Neisse une clôture électrique de protection contre la PPA de plus de 100 km en décembre 2019 », précise la Plateforme ESA.

La distance géographique jusqu'au cas polonais confirmé de PPA le plus proche (détecté le 22 février 2020) n'étant que de 30 km, « la proximité de la frontière germano-polonaise d'environ 6 km rend probable l'entrée d'un sanglier en migration », poursuit la plate-forme. « Cette hypothèse est compatible avec une vitesse de diffusion de la PPA dans la population des sangliers de 3 à 4 km par mois. Cependant, une introduction par l'Homme, par des aliments contaminés ou une autre source, ne peut être exclue. »

Et d'ajouter qu'il « aura donc fallu 6 ans, depuis le premier cas de PPA en Pologne en 2014, pour que la maladie traverse la Pologne d'est en ouest, soit plus de 550 km ».

Cette découverte devrait entraîner l'interdiction temporaire pour les exploitations du Brandebourg d'exporter leurs porcs. Les 170 exploitations de cette région comptent quelque 750 000 de ces animaux. Les autres landers ne sont pas concernés, a prévenu la ministre allemande. L'Allemagne est le deuxième pays exportateur de produits d'origine porcine en Europe et le premier pays abatteur. La survenue de ce cas aura donc des conséquences économiques majeures.

Hausse des foyers domestiques en Europe de l'Est

Cette détection d'un premier cas allemand dans la faune sauvage intervient alors qu'une hausse des cas, notamment des foyers domestiques, est enregistrée en Europe de l'Est.

Ainsi, la Pologne, pays voisin de l'Allemagne, a déclaré, entre le 31 août et le 6 septembre, 43 nouveaux cas chez des sangliers et 18 foyers domestiques, selon le bulletin hebdomadaire de la Plateforme ESA (lire ici).

Pendant cette période, ailleurs en Europe, des cas ont également été déclarés, à la fois en élevage et dans la faune sauvage, en Russie, en Roumanie et en Slovaquie. Les autres pays européens qui ont détecté, toujours au cours de cette semaine, des cas dans la faune sauvage sont la Bulgarie, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie et la Lituanie.

Pas de cas en Belgique depuis le 17 mars dernier

Plus proche de la France, la Belgique n'a pas enregistré de nouveau cas depuis la déclaration, le 17 mars dernier, d'ossements positifs, découverts le 3 mars, provenant d'un animal dont la mort a été estimée à au moins six mois par les autorités belges. Rappelons que les premiers cas belges de PPA avaient été enregistrés chez des sangliers, le 13 septembre 2018, dans la région d'Etalle, proche de la frontière française.

La France, elle, est indemne de la maladie. Aucun cas, au 6 septembre, n'a été déclaré, selon la Direction générale de l'alimentation.

« Le cas allemand se situe à plus de 500 km de la frontière franco-allemande. Néanmoins, la menace d'introduction du virus sur le territoire national français demeure à un niveau très élevé du fait du réservoir de virus que constituent les cheptels et les sangliers infectés de l'Est de l'Europe », estime la Plateforme ESA.

Ce premier cas allemand est enregistré alors que l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a lancé une vaste campagne de sensibilisation et de lutte contre la propagation de la PPA en Europe du Sud-Est.

L'Asie particulièrement concernée

La campagne s'adresse aux pays identifiés en 2019 par l'Efsa comme constituant collectivement une « région préoccupante » en raison de leur proximité avec d'autres pays où la PPA est déjà présente : l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Grèce, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie et la Slovénie.

Elle viendra « s'intégrer aux efforts déployés par la Commission européenne et d'autres organisations internationales pour oeuvrer à l'éradication de cette maladie en Europe », explique l'Efsa.

L'Asie est particulièrement impactée par la maladie. La PPA a été détectée pour la première fois sur ce continent, en août 2018, en Chine, et se propage, depuis, dans la région. Selon la Plateforme ESA, 15 pays sont aujourd'hui concernés.  

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Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1540

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