Peste porcine africaine : fiche synthétique SNGTV à l'intention des vétérinaires

Signes cutanés : hyperhémie, pétéchies, cyanose. Principalement des extrémités (oreilles, pattes), poitrine, périnée. C'est une maladie rouge.

© Anses

COMMISSION PORCINE DE LA SNGTV*

Maladies infectieuses

La peste porcine africaine (PPA) est une maladie contagieuse, qui touche uniquement les suidés (en Europe, le porc et le sanglier). Elle est causée par un virus, seul membre de la famille des Asfarviridae. Ce virus est extrêmement résistant dans le milieu extérieur. Il affaiblit le système immunitaire des animaux. L'immunité est donc très mauvaise. La phase d'incubation dure 3 à 15 jours habituellement. Actuellement, la maladie est présente en Afrique, en Chine, en Sardaigne, en Europe de l'Est (Roumanie, République tchèque, Pays baltes, Ukraine, Pologne, Russie, Biélorussie, Moldavie, Hongrie, Bulgarie) et, depuis le 13 septembre 2018, en Belgique, date à laquelle elle a été détectée sur deux sangliers sauvages.

1 - Sources de virus

a) Le SANG (BLOOD DISEASE) : le virus résiste 1,5 ans dans le sang à 4 °C.

b) Tous les exsudats d'un animal malade ou ayant survécu à la maladie : mucus nasal, semence, fèces, salive, urine, exsudat conjonctival. Donc attention à tout vecteur (vivant ou inanimé) ayant été en contact avec ces exsudats.

c) Tiques vectrices (dans les régions où elles sont présentes, ce qui n'est pas le cas en Europe de l'Est), insectes (résiste 48 heures sur une mouche).

d) Viande infectée, non cuite (résiste 3 ans dans de la viande congelée, plusieurs mois dans les salaisons).

2 - Formes cliniques

a) Attention, en ce qui concerne les souches détectées en Europe, la contagiosité est subtile et progressive à l'intérieur d'un élevage de porc atteint : on constate en effet des agrégats d'animaux malades ou morts, non généralisés à l'ensemble des lots de l'élevage et qui peuvent mettre du temps à s'étendre à d'autres cases, salles ou bâtiments, notamment si la biosécurité interne de l'élevage est très stricte. Cette caractéristique peut retarder l'atteinte des seuils d'alerte s'ils sont examinés à l'échelle globale du troupeau plutôt qu'au niveau des unités épidémiologiques.

b) Symptômes classiques, seuls ou associés, en cas de maladie aiguë

- Hyperthermie (40-42 °C), abattement, anorexie

- Mortalités

- Troubles respiratoires (dyspnée, toux, avec éventuellement des hémorragies nasales)

- Diarrhée et vomissements (éventuellement hémorragiques)

- Avortements et/ou mortinatalité

- Signes cutanés : hyperhémie, pétéchies, cyanose. Principalement des extrémités (oreilles, pattes), poitrine, périnée. C'est une maladie rouge.

Attention, lors de la visite, l'ensemble du troupeau doit donc être examiné.

3 - Lésions nécropsiques (ensemble des lésions pas forcément présentes chez un même animal, voir planche de photos A,B,C,D,E)

a) Hémorragie des noeuds lymphatiques (photo A), surtout gastrohépatiques et rénaux.

b) Pétéchies sur les reins (photo B), muqueuse vésicale (photo C), pharynx, larynx, coeur, intestin, estomac, tissus sous-cutanés, muscles, amygdales (photo D).

d) Rate violacée, noire, très grosse : lésion assez caractéristique de la PPA (photo E).

d) Hydropéricarde, ascite, hydrothorax.

4 - Diagnostic différentiel : voir ci-après

5 - Que faire en cas de suspicion ?

Avant tout ne pas avoir d'état d'âme : « Je déclare ou non ? ». Tout retard de déclaration peut entraîner un retard important de contrôle du foyer. Ne pas faire d'en­voi de prélèvements avant d'avoir appelé :

a) la DDCSPP** durant les heures d'ouvertures,

b) la préfecture le reste du temps.

6 - Diagnostic de laboratoire

Sur cadavre : par PCR. Prélever un morceau de rate, amygdale, ganglion lymphatique (voire un peu de sang sur écouvillon sec). Mettre ces portions d'organe dans un flacon sec, stérile et étanche (+ double emballage).

Sur animal vivant : par PCR et isolement viral (+ éven­tuellement sérologie) :

- Sur un animal en hyperthermie supérieure à 40,5 °C

- Prévoir 3 tubes : un tube EDTA pour la PCR + un tube hépariné pour l'isolement viral + un tube sec pour la sérologie.

Emmener les prélèvements sous couvert du froid (4 °C) soit au labo départemental, soit à un laboratoire agréé pour des analyses sérologiques et virologiques PPA ou, à défaut, au LNR.

La liste des laboratoires agréés est tenue à jour par la DGAL*** sur le site du ministère en charge de l'agriculture à l'adresse : http://agriculture.gouv.fr/laboratoires-agrees-et-methodes-officielles-en-sante-animale

Si une autopsie est effectuée, il faut qu'elle le soit dans de bonnes conditions de biosécurité (https://www.plateforme-esa.fr/article/fiche-biosecurite-autopsie-peste-porcine).

7 - Prévention : les principales mesures de biosécurité à destination des éleveurs

a) Ne pas distribuer de déchets de cuisine aux suidés (porcs, sangliers).

b) Le personnel ne doit pas s'alimenter dans l'éle­vage, surtout s'il mange des produits à base de viande de porc ou de sanglier.

c) Biosécurité faune sauvage : éviter tout contact entre porcs et sangliers, y compris indirect (litières...).

d) Biosécurité camions (animaux, aliment, équar­rissage), biosécurité du quai d'embarquement.

e) Biosécurité vis-à-vis des visiteurs : sas d'entrée, douche ou a minima lavage des mains, change­ment de vêtements et de bottes, délai d'au moins 48 heures entre tout contact direct ou indirect avec des sangliers ou un élevage d'une zone contaminée et l'entrée dans une exploitation porcine. Attention aux éleveurs-chasseurs.

* SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.

** DDCSPP : Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.

*** DGAL : Direction générale de l'alimentation.

Critères de suspicion clinique et diagnostic différentiel de la PPA

(Instruction technique DGAL/SDSPA/2018-713 du 25/09/2018)

1. Critères de suspicion clinique en élevage de porcs domestiques

Observation le jour de l'examen ou dans les commémoratifs au cours du mois précédent de plusieurs animaux dans l'élevage présentant des signes généraux :

- chez les porcs en croissance : appétit diminué, hyperthermie, regroupements des animaux, apathie, dyspnée, ataxie, augmentation importante de la consommation d'eau (si mesurable),

- chez les animaux reproducteurs : ces mêmes signes cliniques et/ou des avortements et/ou une forte mortalité sous la mère,

- et/ou lésions hémorragiques externes (rougeurs des extrémités et de la partie déclive de l'abdomen, hémorragies (pétéchies) sur les oreilles et sur le reste du corps),

Ou

Enregistrement sur une période de 15 jours d'une mortalité au moins deux fois plus importante que la mortalité moyenne habituellement observée (en excluant les porcelets de moins d'un mois) en prenant en compte la plus petite unité épidémiologique de l'élevage (de la plus petite à la plus grande : salle, bande, atelier).

Ou

Observation de lésions internes caractéristiques de peste porcine sur au moins un porc autopsié*. Les lésions carac­téristiques à prendre en compte sont :

- splénomégalie : rate plus large et/ou de structure modifiée (boueuse, friable), et/ou

- noeuds lymphatiques hypertrophiés congestionnés, hémorragiques, et/ou

- rein hypertrophié avec pétéchies, et/ou

- face interne de la vessie hémorragique.

Et

Absence de diagnostic différentiel (voir tableaux) d'exclusion avéré (identification d'une autre étiologie avec certitude)**.

2. Le cas des élevages familiaux

La présence sur un seul porc de signes évocateurs généraux accompagnés de lésions externes, voire de lésions internes observées suite à une autopsie, doit amener le vétérinaire à poser une suspicion de peste porcine et en informer la Direction départementale en charge de la protection des populations.

3. Diagnostic différentiel (voir tableaux ci-dessous)

* La mise en oeuvre d'autopsies en élevage est encouragée dans la mesure où elles ne retardent pas l'émission d'une suspicion de peste porcine basée sur des critères cliniques ou de mortalité, et sous réserve que les conditions de biosécurité soient réunies pour leur réali­sation (cf. fiche de bonne pratique d'autopsie élaborée par la SNGTV : https://www.plateforme-esa.fr/article/fiche-biosecurite-autopsie-peste-porcine). Les autop­sies peuvent également être réalisées en laboratoire vétérinaire dans la mesure où elles ne retardent pas l'émission d'une suspicion de peste porcine et sous réserve d'un acheminement du/des cadavres répondant aux préconi­sations de biosécurité. Cet examen complémentaire est de nature à apporter des éléments permettant de poser un diagnostic alternatif de certitude, excluant les pestes porcines du diagnostic différentiel (voir tableau), et, le cas échéant, si la suspicion est retenue, à procéder aux prélèvements nécessaires.

** Attention : concernant le 4e critère, il conviendra de ne se baser que sur les informations existantes le jour du signalement par le vétérinaire et de ne pas mettre en oeuvre d'examens complémentaires qui pourraient retarder l'émission de la suspicion. Pour qu'une suspi­cion de peste porcine ne soit pas posée suite à l'observation des deux premiers critères, le diagnostic d'exclusion doit être certain. Cela sous-entend que le tableau clinique est caractéristique d'une autre affection, voire que les examens complémentaires (biologie, autopsie, etc.) disponibles au moment de la découverte du tableau clinique permettent d'établir avec certitude un diagnos­tic alternatif. S'il y a le moindre doute, une suspicion de peste porcine doit être posée.

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