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Pénurie de main d'oeuvre : « Les attentes ne sont pas en adéquation avec la réalité du métier »

© Jacques Graf

Exercice

Diversifier les voies d'accès aux écoles vétérinaires, avec la création de la voie post-bac l'an dernier et l'ouverture d'une école vétérinaire privée cette année, sera-t-il suffisant pour résoudre la problématique de recrutement qui touche actuellement les cliniques vétérinaires ? Pour notre confrère Laurent Perrin, président du SNVEL*, en plus de travailler sur le profil des étudiants, il faut surtout oeuvrer pour améliorer l'adéquation entre leurs attentes et la réalité du métier.

La Dépêche Vétérinaire : 768 nouveaux étudiants ont fait leur rentrée dans une école vétérinaire française cette année, dont 100 dans la nouvelle école privée sous contrat avec le ministère. Après la mise en place de la voie post-bac l'an dernier, l'ouverture de cet établissement cette année diversifie encore les voies d'accès à l'enseignement vétérinaire. Que pensez-vous de cette diversification ? Est-elle de nature à résoudre les problèmes de recrutement rencontrés par les structures vétérinaires ?

Laurent Perrin, président du SNVEL* : Vu les tensions actuelles en matière de recrutement, force est de constater que l'historique système de recrutement ne donnait plus satisfaction. Ce n'est pas faute d'avoir alerté en amont de ce constat sur la nécessité de travailler au profil des étudiants et sur la nécessaire amélioration de l'adéquation entre leurs attentes et la réalité du métier.

On ne peut pas préjuger de l'effet de la diversification de ces profils, recherchée en ouvrant cet accès post bac, mais on se doit d'essayer des choses nouvelles pour y parvenir. 

D.V. : Quels sont les facteurs qui interviennent dans cette problématique du recrutement ?

L.P. : Cette problématique est multifactorielle et il est très difficile de tous les lister mais l'homogénéité constatée des origines territoriales et sociales des candidats en est certainement une.

Par ailleurs, l'évolution sociétale et les aspirations différentes des jeunes générations par rapport à celles de leurs aînés dans leur vie professionnelle en sont une autre. Cependant, ce n'est pas vrai que pour les vétérinaires.

D.V. : Au-delà de ces nouvelles modalités d'accès à la formation initiale, voyez-vous d'autres options pour lutter contre cette difficulté croissante à laquelle font face les confrères ?

L.P. : Les travaux que nous avons engagés avec Vetfuturs sur ce que sera notre métier demain et les réformes auxquelles nous travaillons dans la lignée de ces travaux pour améliorer le quotidien des consoeurs et des confrères (délégation des actes, télémédecine, aides accessibles aux projets des vétérinaires de la part des collectivités, réforme du suivi sanitaire permanent, de la rémunération du mandat sanitaire...) sont les pièces du puzzle. Rien n'est en lui seul une solution mais nous espérons que l'ensemble le sera.

D.V. : Cette problématique est couplée à une autre : la désaffection des jeunes vétérinaires sortant de l'école pour la pratique. Comment l'analysez-vous  ?

L.P. : Nous l'avons évoqué tout à l'heure : les attentes ne sont pas en adéquation avec la réalité du métier. Faire évoluer le profil des étudiants permettra, espérons-le, d'éviter les désillusions et améliorer la perception des contraintes, en les rendant acceptables (travail en équipe, meilleure gestion des gardes...).

Favoriser la rencontre entre les étudiants et les praticiens par des interventions dans les écoles et des stages en établissements de soins le plus tôt possible dans le cursus permettrait de donner le goût de la pratique. C'est tout le sens du tutorat que nous avons appelé de nos voeux et qui rencontre un fort succès. Si nous pouvions l'étendre, plus tôt et plus largement, ce serait idéal.

* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1629

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