Nouvelle voie post-bac d'entrée dans les ENV : « Des étudiants vétérinaires à part entière »

Le Pr Marc Gogny souligne l'excellent niveau scolaire des élèves qui intègrent cette année les ENV par cette nouvelle voie d'accès post-bac.

© D.R.

Propos recueillis par Maud LAFON

Enseignement

Alors que les rentrées des étudiants vétérinaires « classiques » se feront, comme à l'accoutumée, de façon échelonnée tout au long du mois de septembre en fonction des écoles et des années d'étude, de même que la reprise des cliniques dont certaines n'avaient même pas fermé au cours de l'été, la rentrée des premières promotions post-bac est synchronisée et aura lieu le 6 septembre dans les quatre écoles vétérinaires. Le Pr Marc Gogny, chargé de mission Concours vétérinaire post-bac (unité de Pharmacologie et Toxicologie, Oniris) fonde beaucoup d'espoir dans cette nouvelle voie d'accès dont la finalité est de raccourcir la durée des études vétérinaires, « déraisonnablement longue », selon lui par rapport aux autres pays européens, et d'assurer une diversité sociale, territoriale et démographique des étudiants (lire DV n° 1552, 1565, 1566, 1580).

La Dépêche Vétérinaire : Les premières promotions post-bac font leur rentrée ce 6 septembre. Comment va-t-elle se dérouler en pratique ?

Pr Marc Gogny, chargé de mission Concours vétérinaire post-bac (unité de Pharmacologie et Toxicologie, Oniris) : Comme le prévoit le Code rural, cette nouvelle première année (les étudiants qui intègrent par les autres voies entrent désormais dans les écoles en deuxième année qui sera celle où les rejoindront l'an prochain ceux de cette nouvelle première année pour un parcours identique jusqu'à la soutenance de thèse, NDLR) est commune aux quatre écoles nationales vétérinaires (ENV).

Leur rentrée est donc synchronisée et même à double titre puisqu'après avoir été accueillis dans leur ENV respective le 6 septembre au matin, ils seront tous conduits à Limoges pour une première semaine commune combinant enseignement théorique et pratique.

D.V. : Quelle sera la teneur de cette première semaine d'enseignement et pourquoi a-t-elle été décidée ?

Pr M.G. : Cette semaine, qui est une véritable semaine d'enseignement et non une semaine d'intégration, vise un triple objectif.

Tout d'abord, il s'agit de mettre en place des bonnes pratiques communes aux quatre écoles en regroupant les enseignements qui interviendront au cours de cette première année et en la présentant de façon concertée aux quatre promotions. Son objectif est également de créer un sentiment de groupe à la fois intra mais aussi inter-écoles.

Enfin, cet éloignement spatial au cours de la première semaine permet de différer l'accueil dans les écoles, organisé par les étudiants et qui se fera, pour ces élèves comme pour ceux qui intègrent en provenance des autres voies, à la rentrée en deuxième année.

Le site de Limoges a été choisi sur sollicitation du président de la région Nouvelle-Aquitaine qui a affiché sa volonté d'y installer une cinquième école vétérinaire publique.

Le matin, les étudiants feront des visites de terrain par groupes (botanique, biodiversité, bovins laitiers, élevage porcin, écosystème prairie) et l'après-midi sera dévolu aux séances théoriques (méthode de travail, histoire des sciences vétérinaires, diversité des métiers vétérinaires).

D.V. : Quel est le profil des étudiants de cette nouvelle première année et est-il conforme aux attentes qui ont motivé la création de cette nouvelle voie d'entrée dans les ENV ?

Pr M.G. : Le dénominateur commun de ces 160 étudiants est leur excellent niveau scolaire. La moitié d'entre eux est mineure et a donc un an d'avance. Leurs résultats au baccalauréat ont conforté l'excellence de leurs bulletins scolaires.

Outre leur niveau, ils ont tous une très bonne connaissance des métiers de vétérinaire, un critère qui a été évalué dans leur sélection. Ce sont déjà de vrais étudiants vétérinaires et je ne crains pas le même écrémage que celui trop souvent constaté en classes préparatoires.

Les deux objectifs principaux qui ont sous-tendu la création de cette nouvelle voie d'entrée dans les ENV seront atteints : raccourcir la durée des études vétérinaires, déraisonnablement longues par rapport à celles constatées dans les autres pays européens, et assurer une diversification sociale, territoriale et des profils des étudiants. Ce deuxième point est déjà acquis au regard de cette première promotion qui compte 12 % d'élèves boursiers et une majorité d'élèves qui ne sont pas issus des grands lycées prestigieux des métropoles. 

La féminisation élevée (78 %) reste une constante, attendue elle aussi vu l'attractivité des métiers médicaux et le type de sélection.

D.V. : Comment a été conçu le programme d'enseignement et par qui sera-t-il dispensé ?

Pr M.G. : Un binôme d'enseignants, tous professeurs agrégés du secondaire, a été recruté dans chaque école, l'un chargé de l'enseignement de biologie/écologie et l'autre, de physique-chimie.

Outre ces enseignants dédiés, les élèves recevront des cours dispensés par des intervenants extérieurs (en anglais et mathématiques) et des enseignants chercheurs spécialisés (en physiologie, histologie, éthique...).

Le programme de formation est national. Il a été élaboré par des enseignants chercheurs des quatre ENV et validé par le ministère (il est accessible à cette adresse : https://urlz.fr/gkWW et fait également l'objet d'une présentation grand public : https://urlz.fr/gkX1).

Il est conçu à partir du référentiel de compétences vétérinaires publié en 2017 et est donc fortement « vétérinarisé » par rapport au programme des classes préparatoires. Nous ne souhaitons d'ailleurs pas comparer les deux enseignements même si les sciences de base (biologie, physique, chimie, mathématiques) y sont représentées.

Nous avons élagué tout ce qui sera inutile aux études vétérinaires et veillé à ce qu'il n'y ait pas de redondance avec l'enseignement ultérieur.

Les élèves bénéficieront de plusieurs formats d'enseignement : cours, stages, travaux pratiques et dirigés.

L'enseignement fera résolument appel aux nouvelles technologies éducatives et aux méthodes actives. Une période de formation en milieu professionnel est par ailleurs prévue.

D.V. : Quel système d'évaluation est prévu pour les élèves ?

Pr M.G. : Comme les étudiants vétérinaires, ils seront évalués tout au long de l'année et devront valider toutes les matières (10 unités de compétence majoritairement transdisciplinaires) pour passer en deuxième année ou pourront redoubler dans le cas inverse, une seule fois comme le prévoit le règlement des études vétérinaires.

Les examens seront les mêmes pour les quatre écoles et seront corrigés en commun.

En cas d'abandon ou d'échec, que nous ferons tout pour limiter, des crédits ECTS* leur donnent des équivalences à faire valoir à l'université.

* ECTS : European Credit Transfer and Accumulation System.

Encore plus d'infos !

Site Internet dédié à ce nouveau concours : www.concours-veto-postbac.fr

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1582

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