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Néandertal, mon frère 300 000 ans d'histoire de l'homme

Thierry JOURDAN, docteur vétérinaire

En 2013, à l'abri de Mezzana en Vénétie, a été identifié un métis de père sapiens et de mère néandertalienne par une équipe dont Silvana Condemi, paléoanthropologue directrice de recherche au CNRS, fait partie.

Nous savions de manière très récente que Homo néandertalis était présent dans le génome européen : jusqu'à la fin des années 90, les paléoanthropologues pensaient qu'il n' y avait pas de gène néandertal dans le génome sapiens. Pas de traces mitochondriales du moins car l'obtention d'ADN nucléaire n'était pas chose aisée jusqu'à il y a une dizaine d'années. Puis en 2010, l'équipe de Svante Paabo de Leipzig permit d'accéder à 60 % du génome néanderthalien.

L'ancêtre de Néandertal, Homo heidelbergensis, façonnant déjà des bifaces de belle finition, arrive en Europe il y a 600 000 ans au cours d'une période interglaciaire. Son allure encore africaine n'est pas de taille à subir le froid. L'Europe au cours des 700 000 dernières années est soumise à des périodes glaciaires à répétition. Néandertal acquiert ses traits distinctifs entre - 400 000 et - 120 000 : des os moins allongés, des fosses canines plus petite, un bourrelet frontal, des pommettes plus écartées, un nez plus large, de volumineux sinus, des mains larges et puissantes en faisait un baroudeur trapu résistant au froid et apte à chercher nourriture et matières premières pour les outils sur une longue distance. 

Les études génétiques montrent qu'il a peau, yeux et cheveux clairs, qu'il peut subir le jeun et qu'il cicatrise facilement.

Le génome collectif européen dispose encore de 20 % du génome néandertalien et chacun d'entre nous en recèle 1 à 4 %.

Il est certes chasseur mais aussi charognard et à l'occasion cannibale. Ses besoins énergétiques sont énormes, de trois à cinq fois les besoins humains actuels de l'Homo sapiens dansonconfortis. Les paléontologues n'ont eu que tardivement la preuve irréfutable qu'il n'était pas un hypercarnivore au travers du biofilm de son tartre dentaire. Non seulement il mangeait des graminées mais en plus il pratiquait la cuisson (les phytolithes contenus dans le tartre permettent ce degré d'analyse scientifique) : Néandertal est donc un chasseur-cueilleur.

La population néandertalienne ne dépassait pas 70 000 sujets sur l'espace européen en - 100 000, et en conséquence la diversité génétique était faible, séparé régulièrement des autres hominidés par les glaciations. Ils voyageaient énormément afin de rencontrer d'autres groupes tant l'endogamie était importante.

Leur activité culturelle n'a rien à envier à Homo sapiens : langage, outils, parures, activités funéraires, la pensée symbolique est bien présente. Néanmoins sur le temps long il existe une rigidité culturelle.

Si Néandertal a croisé Sapiens au Levant en - 100 000, c'est une vague postérieure en - 70 000 qui colonisera en moins de 40 000 ans le monde et donc l'Europe. Les innovations de Sapiens sont continues et abondantes et les populations sont plus nombreuses que Néandertal. Ce dernier s'éteint vers - 40 000. Il s'éteint pour une raison principale, celle de se dissoudre dans la population sapiens : Il semble que le chromosome Y néandertalien (Sapiens ne possède aucun gène en provenance d'un Y néandertalien) provoque des rejets immunitaires chez la maman Sapiens, alors que l'hybridation décrite plus haut est commune. Vous pouvez donc chanter dans votre camp autour du feu : « il y a quelque chose en nous de Néandertal ».

Article paru dans La Dépêche Technique n° 164

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