MOG et BOG : deux syndromes de prolifération microbienne

Dermatite à Malassezia.

© Emmanuel Bensignor

Emmanuel BENSIGNOR

Spécialiste en dermatologie

Consultant à Cesson-Sévigné (35510), Paris (75003) et Nantes (44000)

Dermatologie

Les bactéries ou levures commensales de la peau peuvent, sous l'effet de certains facteurs, se multiplier anormalement et être à l'origine de dermatoses. Ces maladies se soignent plutôt bien, à l'aide de traitements topiques et systémiques, à condition qu'elles soient correctement identifiées.

Malassezia overgrowth syndrome

Les levures Malassezia sont connues depuis longtemps en mycologie médicale et vétérinaire. La plupart des vertébrés homéothermes semble pouvoir héberger ces levures épisaprobies à l'état normal.

Leur rôle pathogène est établi depuis plus d'un siècle chez l'Homme, Malassezia furfur étant l'agent du pityriasis versicolor et jouant probablement un rôle majeur dans la dermatite séborrhéique.

En dermatologie vétérinaire, Malassezia a été longtemps considérée comme un agent opportuniste, composant normal de la microflore cutanée et dénué de tout pouvoir pathogène.

Il est désormais établi que, sous l'effet de facteurs prédisposants et/ou déclenchants, les levures peuvent se multiplier et être à l'origine du Malassezia overgrowth syndrome (MOG) : une dermatose prurigineuse, érythématosquameuse, localisée ou généralisée (photo n° 1) ainsi que d'otites externe et moyenne (photo n° 2).

Le simple isolement de levures sur la peau n'est cependant pas synonyme de dermatite à Malassezia. En effet, ces composants de la microflore cutanée normale sont retrouvés chez 30 à 100 % des chiens sains.

Le diagnostic de dermatite à Malassezia doit donc être basé sur la conjonction d'éléments anamnestiques et cliniques, sur la mise en évidence d'une population anormalement élevée de levures au niveau des lésions cutanées par examen direct (photo n° 3) et/ou par culture fongique et sur la bonne réponse au traitement antifongique.

Le traitement est topique et/ou systémique. Une revue basée sur les preuves a permis de recommander, avec un bon niveau de preuve, un shampooing contenant une association de chlorhexidine et de miconazole, au rythme de deux applications par semaine, et par voie orale, avec un niveau satisfaisant de preuve, les azolés (kétoconazole et itraconazole).

Bacterial overgrowth syndrome

L'entité bacterial overgrowth syndrome (BOG en abrégé) est de description récente.

Il a été proposé dans cette dermatose que les bactéries présentes à la surface de la peau se multiplieraient activement et/ou seraient trop adhérentes aux cornéocytes mais sans pénétrer dans les couches vivantes de l'épiderme.

L'apparition des lésions cutanées est encore mal comprise, peut-être liée à la synthèse d'exotoxines par les staphylocoques ? Les chiens atopiques pourraient être prédisposés.

Les lésions sont localisées initialement au niveau des zones humides et facilement macérées (plis du cou, ars, zone axillaire) puis ont tendance à la généralisation au niveau ventral (thorax, abdomen) (photo n° 4).

On observe initialement une alopécie érythémateuse mais rapidement un épaississement cutané, une hyperpigmentation, un état kérato-séborrhéique et, dans les cas chroniques, un enduit nauséabond peuvent être constatés.

Le diagnostic est principalement clinique. Le diagnostic différentiel inclut surtout une dermatite à Malassezia, une dermatite allergique en présence d'un prurit important et, éventuellement, une acanthose pigmentaire.

L'observation microscopique de calques cutanés permet de mettre en évidence une flore bactérienne de surface extrêmement abondante, composée majoritairement de cocci adhérents aux cornéocytes (photo n° 5). Il n'existe malheureusement à l'heure actuelle aucune norme quantitative signant cette prolifération anormale.

L'examen histopathologique montre une dermatite périvasculaire, associée à de nombreux cocci présents à la surface de la peau et/ou qui obstruent les follicules pileux. Un alignement sous épidermique de mastocytes est possible.

La thérapeutique n'est pas codifiée mais l'utilisation de topiques antiseptiques est nécessaire, le plus souvent en association avec une antibiothérapie par voie orale, administrée pendant plusieurs semaines.

L'affection est le plus souvent facilement contrôlée, si elle est correctement et précocement identifiée et traitée.

L'extension des lésions et la généralisation de l'infection peuvent cependant survenir si le diagnostic est tardif.

Il est indispensable de rechercher une cause sous-jacente expliquant l'apparition des lésions. Une dermatite atopique est fréquemment responsable. 

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1513

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