Médecines complémentaires en oncologie vétérinaire - Partie 1

L'oncologie intégrative, une approche factuelle et basée sur l'expérience

De David SAYAG

L'auteur de cet article déclare des liens d'intérêt (conférencier et collaboration scientifique) avec le laboratoire OSALIA, qui commercialise un complément alimentaire en mycothérapie.

En oncologie vétérinaire, l'approche intégrative associe dans la stratégie thérapeutique les approches conventionnelles (chirurgie, chimiothérapie, thérapies moléculaires ciblées, radiothérapie, immunothérapie, nutrition, soins de support) et les médecines complémentaires, permettant d'utiliser de manière raisonnée l'ensemble des outils disponibles dans la lutte contre le cancer, tout en veillant au maintien d'une qualité de vie optimale pour l'animal.
En tenant compte des principes de médecine factuelle, les médecines complémentaires peuvent permettre de lutter contre la progression d'un cancer de manière synergique aux traitements conventionnels, mais également de limiter les effets secondaires de ces derniers et d'améliorer la qualité de vie de l'animal, notamment en luttant contre la douleur associée au cancer.
L'intégration des médecines complémentaires dans la stratégie thérapeutique des cancers devrait toujours se faire de manière raisonnée, en fonction des preuves disponibles dans la littérature, en veillant à toujours privilégier l'approche offrant à l'animal les meilleures chances de survie avec une vie de qualité, et en informant de manière honnête et juste les responsables.

DÉFINITION

En médecine, l'approche intégrative se définit comme le recours simultané aux médecines conventionnelles et complémentaires dans la prévention ou le traitement d'une maladie (cf. fig. 1). Elle se distingue des approches « alternatives », qui sont utilisées en lieu et place des traitements conventionnels comme traitements anti-tumoraux et des traitements « complémentaires » qui sont utilisés conjointement aux thérapies conventionnelles afin de pallier les effets indésirables des traitements 1,2.

L'approche intégrative tient une place importante en oncologie et de nombreux Centres de Lutte Contre le Cancer proposent un programme de médecine intégrative dans le cadre du parcours personnalisé de soins 2,3.

Actuellement, près d'un quart des êtres humains souffrant de cancer et jusqu'à 90% des femmes avec un cancer du sein utilisent des médecines complémentaires, principalement la phytothérapie, dans le cadre de leur traitement 1-4. Ces traitements se font souvent en dehors d'une stratégie thérapeutique intégrative, parfois sans information du médecin-oncologue et peuvent être à l'origine d'une augmentation du risque d'effets secondaires, d'une diminution de l'efficacité du traitement, voire d'un abandon du parcours de soins au détriment de leur complémentarité.

En oncologie vétérinaire, l'approche intégrative permet de faire bénéficier l'animal de tous les moyens disponibles pour lutter contre le cancer et de lui permettre de retrouver et de maintenir une qualité de vie optimale, dans le cadre d'un programme adapté de soins.

Ainsi, aux Etats-Unis, où une spécialité dans certaines médecines complémentaires s'est développée depuis plusieurs années, deux responsables d'animaux atteints de cancer sur trois utilisent des médecines complémentaires, principalement la phytothérapie et l'acupuncture.

AU QUOTIDIEN

L'approche intégrative représente un véritable défi au quotidien. Les médecines complémentaires appliquées à l'oncologie vétérinaire sont le plus souvent basées sur l'expérience de praticiens développant un intérêt spécifique sans développement d'une approche globale du cancer. La littérature demeure balbutiante et certaines croyances issues des médecines ethnovétérinaires peuvent flouter les fondements scientifiques d'efficacité, de tolérance et d'amélioration de la qualité de vie. En l'absence de standards thérapeutiques, certaines approches peuvent en effet être perçues comme des « recettes personnelles », parfois assez contradictoires avec les principes scientifiques établis, voire clairement controversées.

D'autre part, des dérives idéologiques sont parfois très proches de certaines « médecines » alternatives, et peuvent hypothéquer de manière inacceptable les chances de guérison de patients en se substituant aux approches conventionnelles scientifiquement établies.

OBJECTIF DES ARTICLES

A travers l'ensemble des articles de cette série, notre objectif est de présenter les principaux éléments des médecines complémentaires pouvant être intégrés à la stratégie thérapeutique de l'animal atteint de cancer 5 (cf. encadré 1).

Une approche basée sur le niveau de preuve a été privilégiée (classement des publications de la littérature internationale en niveau EBM, de 1 à 4, cf. encadré 2), sans négliger les retours d'expérience de chaque auteur qui, cumulés, possèdent un certain niveau de preuve.

Loin d'être exhaustif, ce dossier se veut être en premier lieu une mise au point de base sur la place certaine que les médecines complémentaires peuvent tenir en oncologie vétérinaire. 

Références bibliographiques

[1] Ades T, Alteri R, Gansler T, et al (eds.). (2009). American Cancer Society Complete Guide to Complementary & Alternative Cancer Therapies. (2nd Edition). Georgia: American Cancer Society.

[2] Thomas-Schoemann A., Piketty A-C. Médecines complémentaires et cancers. In Pharmacie clinique pratique en oncologie, 2ed Edition, Elsevier Masson 2020, Chapitre 33 page 341-344

[3] Clairet A-L. Interactions médicaments anticancéreux-médecines complémentaires. In Pharmacie clinique pratique en oncologie, 2ed Edition, Elsevier Masson 2020, Chapitre 32 page 317-321

[4] Karp J-C, Roux F. Traitements de supports homéopathiques en cancérologie. Editions CDEH, 2016, 571 pages.

 [5] Sayag D. Diagnostic et stratégies de traitements en oncologie des animaux de compagnie : une approche adaptée, personnalisée et intégrative. Disponible en ligne : https://www.onconseil.com

Article paru dans La Dépêche Technique n° 183

Envoyer à un ami

Mot de passe oublié

Reçevoir ses identifiants