Maladie valvulaire dégénérative du chien : recherche et nutrition progressent

La maladie valvulaire dégénérative mitrale est une cardiopathie sérotoninergique.

Aurore HAMELIN

Cardiologie

Le Purina Institute et l'université vétérinaire de cardiologie se sont réunis pour faire part des récentes connaissances sur la maladie valvulaire dégénérative du chien lors d'une webconférence, le 14 décembre. La maladie, les axes de recherche médicale et les nouvelles propositions nutritionnelles au stade précoce ont été présentés.

Présentées par notre consoeur Helena Heracek (chef de produit, Nestlé Purina), nos consoeurs Valérie Chetboul (professeur de cardiologie, école vétérinaire d'Alfort) et Clémentine Jean-Philippe (responsable de la communication scientifique, Nestlé Purina) sont intervenues sur la maladie valvulaire dégénérative du chien (MVD), les axes de recherche médicale et les nouvelles propositions nutritionnelles au stade précoce.

Un sondage concomitant des vétérinaires inscrits et présents à la webconférence organisée par le Purina Institute et l'université vétérinaire de cardiologie, le 14 décembre, montre que si 35 % d'entre eux examinent entre 4 et 6 cas de MVD par semaine, 34 % en voient entre 1 et 3 cas et 16 %, plus de 10 cas.

Seul un tiers prescrit une alimentation adaptée à l'issue de ces consultations de cardiologie pour MVD.

Cavalier king Charles et MVDM

Le Pr Valérie Chetboul (cardiologie, école vétérinaire d'Alfort) a fait un point sur le stade B de la maladie (lire DV n° 1580) : « La MVD touche, chez le chien, surtout la valve mitrale. Cependant la valve tricuspide peut être concernée dans jusqu'à 30 % des cas ».

La spécialiste n'a abordé que la maladie valvulaire dégénérative mitrale (MVDM), qui affecte entre 10 à 15 % de la population canine. Elle se caractérise par un excès de tissu valvulaire lié à une atteinte des feuillets de la valvule mitrale.

L'histologie montre un épaississement de la spongiosa (couche située au milieu des feuillets) avec une augmentation des glycosaminoglycanes (GAG) et une dégénérescence de la fibrosa avec une désorganisation des molécules de collagène.

« La race cavalier king Charles (CKC) est très touchée par cette affection cardiaque. En 2004, un chiot sur cinq était atteint. Le dépistage des reproducteurs a permis d'enrayer cette affection que l'on ne voit plus exprimée chez les chiots CKC. L'âge médian du diagnostic est désormais de 10 ans pour cette race comme pour les autres races de chien touchées », a souligné notre consoeur.

Le rôle des plaquettes sanguines

La MVDM est une cardiopathie sérotoninergique. La sérotonine ou 5-hydroxytryptamine (5-HT) est une hormone stockée pour 90 % dans les plaquettes circulantes, les 10 % restants servent de neurotransmetteurs. Les CKC possèdent des plaquettes de plus grande taille que la norme et possiblement une plus forte capacité de stockage de sérotonine.

Une hypothèse de travail actuelle des spécialistes en cardiologie peut être simplifiée de la sorte : les lésions valvulaires sont liées à des agrégations de plaquettes riches en sérotonine. La prolifération cellulaire induite par cette hormone conduit à un remodelage par accumulation de collagène et de GAG. « C'est pour le moment l'axe sur lequel se focalise la recherche », a précisé Valérie Chetboul.

Les altérations métaboliques cardiaques sont également très étudiées et la métabolomique, science technologique, ouvre la porte vers une compréhension plus poussée de ces maladies.

Altérations du métabolome

« Le coeur est l'organe qui consomme le plus d'énergie par unité de masse avec le cerveau : environ 6 kg d'ATP par jour pour 100 000 battements quotidiens pour un chien de grande taille. Ces réserves énergétiques sont renouvelées toutes les 10 à 20 secondes », a précisé le Pr Chetboul. Les substrats énergétiques les plus performants pour produire cet ATP sont par exemple les acides gras et le glucose.

Dans la MVDM, des altérations du métabolome (ensemble des métabolites présents dans l'organisme) seraient à l'origine d'une moindre utilisation des acides gras à longue chaîne et d'une stimulation des voies accessoires avec une augmentation de l'utilisation du glucose ou des corps cétoniques par rapport aux autres substrats énergétiques.

On noterait une chute des transporteurs des acides gras et une élévation du taux des acyl-carnitines dans le sang des chiens touchés par la maladie.

Nouvelles possibilités nutritionnelles

Ces dernières découvertes ont incité le Purina Institute à mettre au point une formulation pouvant influer sur le métabolisme cardiaque. Clémentine Jean-Philippe a présenté de nouvelles possibilités nutritionnelles pour les chiens atteints de MVDM et ce, dès les premiers stades.

Actuellement, selon les recommandations de l'Acvim*, ces changements nutritionnels surviennent dès le stade B2 de la MVDM pour compenser les effets de la maladie (restriction sodique modérée). Le stade B2 inclut les animaux qui présentent une insuffisance mitrale suffisante pour entraîner une dilatation de l'atrium gauche et du ventricule gauche.

Le Purina Institute met en avant la possibilité d'intervenir dès le stade B1 avec une formulation spécifique (lire encadré). Ce stade est lié à une insuffisance mitrale sans dilatation du ventricule gauche, l'atrium gauche étant normal ou dilaté.

Un aliment formulé pour la prévention

Le Purina Institute a ensuite testé l'efficacité de cette combinaison de nutriments. L'étude, prospective randomisée en double aveugle, comprend 36 chiens de taille moyenne dont 19 sont touchés par la MVDM en stade B1 ou B2 et 17 sont sains.

Chaque groupe est divisé en deux avec une partie des chiens nourrie avec l'aliment à tester, les autres avec un aliment témoin. Un suivi échocardiographique est réalisé chez tous les chiens (résultats disponibles aux adresses https://is.gd/GkOwxf et https://is.gd/ZblGMV).

Les chiens témoins ont présenté une augmentation de 10 % de la taille de l'atrium gauche alors qu'on observe sa réduction chez les chiens nourris avec l'aliment spécialement formulé pour prévenir la MVDM.

La recherche progresse, prouvant que la nutrition est un domaine essentiel et bien une partie de la médecine vétérinaire.

* Acvim : American College of Veterinary Internal Medicine.

Gros Plan : Des nutriments cardioprotecteurs testés avec succès

Notre consoeur Clémentine Jean-Philippe (responsable de la communication scientifique, Nestlé Purina) a présenté de nouvelles possibilités nutritionnelles pour les chiens atteints de MVDM lors d'une webconférence, le 14 décembre.

Un aliment formulé avec des nutriments dits cardioprotecteurs a été testé : des triglycérides à chaîne moyenne, des acides aminés essentiels (méthionine, lysine qui sont précurseurs de la carnitine), des acides gras de la série oméga 3 à chaîne longue, de la vitamine E (antioxydant), du magnésium (cofacteur lié à l'ATP) et de la taurine pour renforcer le métabolisme cardiaque.

Acides gras à chaîne moyenne

Les acides gras à chaîne moyenne entrent directement dans les mitochondries sans passer par la navette carnitine comme les acides gras à longue chaîne.

Ces acides gras à chaîne moyenne peuvent être également convertis en corps cétoniques pour entrer dans le cycle de Krebs.

Cette combinaison de nutriments est disponible dans l'aliment Pro Plan Veterinary Diets CC Cardiocare ND de la marque Purina. « Ce produit est modérément restreint en sodium avec un taux de sodium proche de 500 mg/1 000 kcal. Il respecte la limite maximale établie dans la réglementation pour les aliments diététique (régl. UE 354/2020) pour le support cardiaque dans le cadre de l'insuffisance cardiaque pour les stades C et D, où la maximale de la réglementation est de 650 mg/1 000 kcal », a précisé notre consoeur. A.H.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1604

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