Le Pr Gilbert Jolivet n'est plus

Barbara DUFOUR

Hommage

Notre confrère Gilbert Jolivet (Alfort 1956) nous a quittés en novembre dernier. Outre sa carrière professionnelle d'exception en tant qu'enseignant et dans l'administration, il s'est distingué par des qualités humaines remarquables.

Le professeur Gilbert Jolivet s'est éteint dans sa 92e année, le 1er novembre dernier, et avec lui nous perdons un ami mais également un homme d'exception. A la fois en raison de sa carrière admirable mais, surtout, peut-être, par ses qualités humaines remarquables.

Gilbert Jolivet est sorti de l'école nationale vétérinaire d'Alfort en 1956 et après un service militaire de 27 mois (dont 15 en Algérie), il s'est engagé dans une carrière d'enseignant en parasitologie à Alfort, ce qui l'a conduit à passer un concours de chef de travaux en 1960, puis à réussir une agrégation de parasitologie en 1965 et à devenir professeur sans chaire en 1968.

En 1975, sur la sollicitation de Jacques Poly, il intègre la direction générale de l'Inra* pour remplacer P. Mornet au poste d'inspecteur général des recherches vétérinaires et, en 1978, devenir directeur scientifique des productions animales.

En 1981, il quitte l'Inra car appelé à de plus hautes fonctions dans l'administration. Il devient alors directeur de la Qualité (DQ) succédant ainsi à E. Mathieu. Poste qu'il occupe jusqu'à la transformation de cette direction en Direction générale de l'alimentation en 1987.

En sortant de sept années de direction d'une administration centrale, il obtient du nouveau ministre de l'Agriculture de pouvoir mener à bien la transformation des laboratoires nationaux du ministère en charge de l'agriculture en un établissement public : le Centre national vétérinaire et alimentaire, Cneva (ancêtre de l'Anses** actuelle), qui est créé en 1989 et dont il assure la présidence jusqu'à son départ en retraite fin 1997.

Pendant cette période, où la présidence du Cneva lui laissait plus de temps que la DQ, il fut également rédacteur de deux rapports profondément novateurs sur l'enseignement vétérinaire, l'un en 1987 et l'autre en collaboration avec Bernard Toma en 1990. Il fut également, à partir de 1991, président du Comité national des produits agro-alimentaires de l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) qu'il avait contribué à refonder pendant sa direction générale.

Lors de son départ en retraite, Il se consacre de manière plus importante à l'Académie d'agriculture de France où, sollicité par des anciens collègues de l'Inra, il a été élu en 1998. Il retrouve également une manière d'exprimer son goût pour l'entomologie, source de sa vocation de vétérinaire, en assumant de 2003 à 2011 la présidence de l'Office pour les insectes et leur environnement (Opie).

Parmi ses nombreuses qualités professionnelles, son intelligence aiguë couplée à sa formation de parasitologue, son goût pour la recherche et une préoccupation permanente de l'avenir lui ont souvent permis d'avoir un regard visionnaire sur le monde scientifique, notamment dans le secteur de l'élevage, de la santé animale et plus spécifiquement dans le monde vétérinaire auquel il était heureux d'appartenir.

Indépendamment de ce parcours professionnel remarquable, tous ceux qui l'ont connu retiendront de lui, outre sa vive intelligence et son côté visionnaire, les exceptionnelles qualités humaines qui le caractérisaient. Profondément bienveillant avec les plus jeunes, homme d'écoute et de dialogue, il a su inspirer, grâce à sa profonde humanité, outre une réelle admiration, une véritable affection à tous ceux qui l'ont approché de près.

Il nous laisse enfin l'exemple d'un amour de la vie dont il a témoigné jusqu'à ses dernières forces. Il a ainsi traversé les épreuves de la vie avec grâce et laissé sa marque là où il est passé.

On peut dire aujourd'hui que Gilbert Jolivet a réussi sa vie ! ■

* Inra : Institut national de la recherche agronomique.

** Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.