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La cytologie : bras droit de la consultation de dermatologie

Photo n° 1 : Faust présente une dermatite de la face.

© Céline Darmon

Céline DARMON

Dip ECVD

CHV Fégis, Synervet, UniLaSalle

Dermatologie

Le vétérinaire dermatologue ne peut se passer de cytologie. Outil indispensable au diagnostic, l'examen cytologique permet, en effet, de confirmer les suspicions cliniques mais surtout, et cet aspect est souvent négligé, d'adapter les traitements au cours des visites de suivis. Voyons comment et pourquoi, à travers un cas clinique « classique ».

Faust est un chien coton de Tuléar de 11 ans, mâle entier, présenté en consultation référée de dermatologie pour prurit s'aggravant malgré les traitements prescrits.

Commémoratifs

Depuis le jeune âge, Faust présente une dermatose prurigineuse récidivante, évoluant par poussées. Le diagnostic de dermatite atopique a été justement posé après un régime d'éviction bien mené il y a des années. Au jour de la consultation, il reçoit différents traitements topiques (émollients en spray, antiseptiques en mousse) et un traitement antiparasitaire mensuel (isoxasoline). Depuis 3 ans, un traitement systémique antiprurigineux (oclacitinib) est administré quotidiennement et sans interruption. Après plusieurs mois d'efficacité complète sur le prurit, l'oclacitinib, prescrit à la dose de 0,5 mg/kg/j, a été progressivement augmenté en raison de rechutes régulières. A ce jour, et depuis plusieurs mois, la dose reçue (1 mg/kg/j en une prise) ne suffit plus à contenir les démangeaisons. L'échelle de prurit est à 7 sur 10.

Examen clinique

A l'examen dermatologique à distance, Faust présente une dermatite de la face (photo n° 1), des lèvres (photo n°2) et de la face ventrale de la queue. A l'examen rapproché, on observe un érythème marqué, une alopécie secondaire aux démangeaisons et de larges squamo-croûtes jaunâtres, surmontant des érosions. En particulier, l'examen des lèvres révèle un épaississement cutané marqué.

Compte tenu des commémoratifs et face à ce tableau clinique, l'hypothèse diagnostique principale est une infection bactérienne et/ou fongique secondaire à une dermatite atopique sous-jacente.

Examen cytologique initial

L'examen cytologique d'un calque cutané sous crustacé réalisé au niveau des lésions faciales révèle la présence de nombreux polynucléaires neutrophiles et des bactéries de type cocci en position libre et intracellulaire en grande quantité (photo n° 3). On observe également de rares macrophages (qui témoignent ici de la chronicité des lésions). Le diagnostic de pyodermite bactérienne superficielle est ainsi effectué et un traitement antibiotique systémique est prescrit pour 1 mois (amoxicilline-acide clavulanique à la dose de 12, 5 mg/kg deux fois par jour). Des lingettes antiseptiques sont ajoutées une à deux fois par jour. Le traitement antiprurigineux est maintenu un mois supplémentaire à la même dose.

Visite de suivi à 1 mois

Après 1 mois de traitement antimicrobien, les propriétaires rapportent une nette amélioration des lésions et du prurit, désormais quotté à 4/10 (photos n° 4 et 5). A ce stade, même si l'évolution clinque est encourageante, il est indispensable de réaliser un examen cytologique de contrôle. Celui-ci révèle des polynucléaires neutrophiles et la présence de bactéries de type cocci en position libre en faible quantité (photo n° 6). Cet examen apporte plusieurs éléments :

- le traitement antibiotique est efficace (nette diminution de la quantité des bactéries observées entre J0 et J30) ;

- la durée du traitement doit être prolongée (la guérison microbienne n'est pas atteinte).

Le traitement antibiotique est donc prolongé 1 mois supplémentaire à la même dose. Cette fois, l'oclacitinib est renouvelé mais à une dose moindre (0,4 mg/kg/j, soit la dose de l'AMM).

Visite de suivi à 2 mois

Après deux mois de traitement antibiotique bien mené (molécule/dose et fréquence d'administration), l'examen dermatologique de Faust est subnormal. Seul persiste un érythème labial modéré (photos n° 7 et 8). Le traitement antibiotique est stoppé. Le traitement antiprurineux est poursuivi à la dose de l'AMM au long cours et associé à des soins antiseptiques plus réguliers et ciblés sur les zones « à risque » (face, lèvres, pli caudal).

Discussion

L'importance de la gestion des poussées infectieuses de la dermatite atopique est bien entrée dans les habitudes des prescriptions en dermatologie. En effet, la peau du chien atopique est particulièrement sensible aux infections (défaut de barrière cutanée aggravé par les excoriations, dysbiose, sécrétions de superantigène par Staphylococcus pseudintermiedius...). Ainsi, face à un animal atopique dont le traitement ne suffit plus à contenir les démangeaisons, une recherche infectieuse est indispensable. La durée du traitement est, quant à elle, déterminée au cours des visites de suivi, par l'examen cytologique.

Un traitement antibiotique d'une pyodermite bactérienne doit être prescrit 1 semaine à 10 jours après guérison clinique. Le turn over épidermique de la peau du chien étant de 21 à 24 jours, un traitement de 3 à 4 semaines est souvent suffisant mais pas toujours.

En effet, l'inflammation chronique et ainsi l'épaississement cutané, mais aussi d'autres facteurs comme l'âge de l'animal ou les traitements concomitants, peuvent ralentir ce turn over épidermique et augmenter la durée du traitement antimicrobien. En outre, les examens cytologiques de contrôle nous permettent également de détecter d'éventuelles dérives de flore, résistances bactériennes...

Conclusion

Ainsi, une pyodermite bactérienne superficielle devra être traitée 1 semaine à 10 jours après guérison clinique et microscopique. L'examen cytologique de contrôle, loin d'être anodin, permet d'éviter les récidives pouvant mener finalement aux résistances bactériennes tant redoutées.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1688

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